L'image est très claire, mais les échantillons sont en réalité d'un noir profond. © Crédits JAXA
L'image est très claire, mais les échantillons sont en réalité d'un noir profond. © Crédits JAXA

Les équipes japonaises n'ont pas perdu une minute depuis l'atterrissage de la capsule, ce 6 décembre. Revenus au Japon, elles ont ouvert le boîtier contenant des échantillons, identifié du gaz et validé les prélèvements de la surface de Ryugu. Les retours scientifiques confirment un immense succès.

Chaque grain minuscule contient sa « carte d'identité » sur un passé de milliards d'années…

Quand l'astéroïde a des gaz

De bonne surprise en bonne surprise. L'équipe de récupération de la capsule, lors de son arrivée à Woomera en Australie, avait amené cette dernière dans un petit laboratoire provisoire avant de prendre l'avion pour retourner au Japon. Il s'agissait avant tout de savoir si l'intégrité de la capsule était assurée, qu'elle n'était pas fissurée ou fragilisée. Il faut savoir que les échantillons prélevés sont stockés dans trois cylindres isolés, eux-mêmes placés dans un système de collecte métallique scellé, qui était placé dans la capsule de retour.

C'est donc « juste » l'ouverture de la capsule qui a eu lieu en Australie, dans un caisson à atmosphère contrôlée. Une idée très pertinente, puisque lorsque l'opercule a été retiré, du gaz s'est échappé de l'intérieur de la capsule (le système de collecte restant, lui, scellé). Prélevé, ce gaz a livré son verdict : c'est bel et bien un prélèvement directement lié à l'astéroïde Ryugu ! Certes, il n'y a pas d'atmosphère sur place, mais les particules et poussières dans la capsule, en chauffant à leur entrée dans l'atmosphère, ont libéré du gaz.

Poudre noire

Pour confirmer que ce gaz était bien issu de Ryugu, l'équipe scientifique a dû attendre l'ouverture du système de collecte principal dans le laboratoire à Sagamihara au Japon. Cette action a pris une semaine supplémentaire parce que le dispositif a été placé dans un caisson sous vide et, à l'ouverture, rebelote, un gaz s'est échappé du cylindre.

Heureusement, les compositions sont identiques : c'est donc bien un « vent de Ryugu » que l'équipe de Hayabusa2 a pu collecter ! Une première mondiale. Qui s'est immédiatement accompagnée d'une bonne surprise… Puisque même sans accéder aux cylindres contenant les échantillons, il y avait déjà de la poussière d'astéroïde un peu partout à l'intérieur du système scellé. Avant même de découvrir les résultats des collectes, les équipes avaient déjà infiniment plus de matière que ce qu'avait ramené la mission Hayabusa en 2010 !

Dans le boîtier scellé mais à l'extérieur des cylindres contenant les échantillons, la récolte est déjà prometteuse. © Crédits JAXA
Dans le boîtier scellé mais à l'extérieur des cylindres contenant les échantillons, la récolte est déjà prometteuse. © Crédits JAXA

Dépoussiérer nos connaissances

Cela s'est confirmé ce lundi 14 septembre à l'ouverture du cylindre d'échantillonnage A, contenant les poussières et grains d'astéroïde collectés à la surface le 21 février 2019. Si l'on ignore toujours la masse prélevée sur Ryugu à cette heure, plus de doute, tout a bien fonctionné. En effet, impossible de passer à côté du petit « tas » de poussière et de petits blocs visible sur la photo partagée par l'équipe. C'est bien plus qu'il n'en fallait pour que la mission soit un succès, et tous les intervenants présents et futurs (de nombreux laboratoires autour du monde attendent de mettre la main sur des « grains » de Ryugu) se réjouissent.

Il reste encore les cylindres B et C à ouvrir, après quoi il faudra les isoler, en sortir tous les échantillons, les classer, les regrouper, les documenter puis commencer à en analyser quelques-uns. Les morceaux d'astéroïde vont avoir une longue carrière devant eux !

Source :

JAXA