Les trois satellites CSO sont parfaitement identiques. CSO-2 orbite cependant plus bas, lui offrant une meilleure résolution, mais un champ de vision plus étroit. Image CNES / Ministère des Armées
Les trois satellites CSO sont parfaitement identiques. CSO-2 orbite cependant plus bas, lui offrant une meilleure résolution, mais un champ de vision plus étroit. Image CNES / Ministère des Armées

En fin d’après-midi, le satellite d’observation militaire CSO-2 devrait décoller de Kourou, en Guyane, à bord d’une fusée Soyouz. Il s’agit du deuxième d’une série de trois satellites destinés à renouveler les capacités du nouveau commandement de l’espace français.

Volant plus bas que ces congénères, CSO-2 disposera d’une « Extrêmement Haute Résolution » (EHR) permettant d’identifier une arme à bord d’un pick-up !

Des yeux dans l’espace

Depuis le milieu des années 1990, la France dispose pour la première fois, avec ses deux Helios-1, de ses propres satellites d’observation militaires, parfois qualifiés de satellites espions par le grand public. Dans les années 2000, ces satellites de première génération ont été remplacés par deux Helios-2, mais ces derniers, toujours opérationnels, disposent d’une résolution et surtout d’une capacité de stockage des images limitées par rapport aux standards actuels.

Dans les années 2010, la décision est prise de remplacer les deux Helios-2 par trois nouveaux satellites. Regroupés sous la désignation de Composante Spatiale Optique (CSO), ces satellites doivent être capables de fournir des images de haute résolution, en couleurs, grâce à des capteurs fonctionnant à la fois dans les bandes visibles et infrarouges, dans une bande spectrale considérablement étendue. Là où Helios-1 disposait d’une résolution de 1 ou 2 mètres à partir d’une altitude de 678 km, CSO-1 offre une résolution d’au moins 35cm depuis une altitude de 800 km. Mais les CSO vont véritablement changer la donne grâce à leur capacité de stockage et de communication, qui permettra de transférer vers les stations au sol au moins quatre fois plus d’images chaque jour que les précédents Helios-2.

De plus, avec trois satellites au lieu de deux, le nouveau commandement de l’espace, créé l’année dernière, peut se permettre d’en exploiter un à plus basse altitude. C’est pour cela que CSO-2, qui devrait décoller de Kourou à 17h42 heure de Paris (si la météo le permet) viendra orbiter à 480 km d’altitude, contre environ 800km pour le CSO-1 lancé en 2018 et le CSO-3 devant décoller en 2021. Ainsi, son télescope de grande dimension devrait fournir des images d’extrêmement haute résolution, là où les autres CSO sont limités à de la très haute résolution.

Concrètement, CSO-2 sera à même d’identifier une arme positionnée à l’arrière d’un pick-up, mais permettra aussi de faciliter le suivi et l’identification d’individus recherchés. Il améliorera aussi les capacités d’observation en milieu urbain, sans pour autant remplacer les moyens de renseignement humains ou les drones de surveillances, qui restent complémentaires.

Lancement à bord d’une fusée russe

Comme pour CSO-1 en 2018, CSO-2 embarque à bord d’une fusée Soyuz de conception russe. Si le lancement reste confié à Arianespace, qui exploite des lanceurs Soyuz depuis le spatioport français de Kourou, ce choix rappel que la France (et l’Europe) ne dispose pas encore totalement d’un accès indépendant et souverain à l’espace.

Cette situation est principalement due aux retards prix sur le programme Ariane 6, et à l’arrêt prématuré de la chaîne de fabrication d’Ariane 5. Si CSO-3 était prévu pour embarquer à bord d’une Ariane 62 en 2021, les nouveaux décalages du programme Ariane 6 risquent d’imposer, encore une fois, une mise en orbite via une fusée Soyuz.