Le magnifique assemblage réalisé grâce aux données Junocam (filtre vert) pour ce cliché du raso-mottes sur Ganymède. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS
Le magnifique assemblage réalisé grâce aux données Junocam (filtre vert) pour ce cliché du raso-mottes sur Ganymède. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS

La sonde Juno, en orbite autour de Jupiter depuis 2016, profite d'une opportunité pour survoler les lunes gelées du système jovien. Une aubaine pour les équipes de recherche.

Ce 7 juin, la mission de la NASA est passée à 1 000 kilomètres de la surface de Ganymède, pour la première fois en 21 ans. Et les images sont sublimes !

Ganymède in USA

Ganymède est souvent moins connue du public que sa voisine, Europe. Or, si sa surface n'est pas striée, elle est également une lune de glace, constituée d'une épaisse banquise et d'un gigantesque océan sous-terrain au-dessus de son cœur rocheux et métallique. Plus grande lune du Système solaire (elle domine même Mercure avec ses 5 268 kilomètres de diamètre), elle est dotée d'intéressantes caractéristiques, comme la présence d'une magnétosphère ou ses gigantesques zones de couleur variées à sa surface.

Mais surtout, elle est encore mal connue. Le seul véhicule à l'avoir significativement approchée était la sonde Galileo, qui a effectué six survols de Ganymède entre 1996 et 2000 Le passage de la sonde Juno à environ 1 000 kilomètres de la surface ce 7 juin était donc une aubaine unique, grâce à l'extension de la durée de vie de la mission jusqu'à 2025 et à un ambitieux plan pour modifier son orbite en poursuivant son étude de Jupiter.

Bonne junocam

Les équipes se préparaient au survol de Ganymède depuis le 13 janvier dernier, et la sonde a exécuté à son approche un ballet longuement chorégraphié pour orienter ses instruments, maximiser la prise de données, prendre quelques photos et transmettre rapidement ses données vers la Terre. Un casse-tête intéressant, d'autant que les priorités des uns et des autres ne sont pas toujours les mêmes. Le public attendait logiquement les clichés de la petite caméra Junocam, laquelle ne fait pas partie du bloc scientifique prioritaire. « Juno embarque un ensemble d'instruments capables d'observer Ganymède comme jamais auparavant » justifie Scott Bolton, le responsable scientifique de la mission.

Intéressant cliché de la face cachée de Ganymède capturée grâce à un capteur d'étoiles de Juno reconfiguré. L'éclairage est en fait le reflet du Soleil sur Jupiter. © NASA/JPL-Caltech/SwRI
Intéressant cliché de la face cachée de Ganymède capturée grâce à un capteur d'étoiles de Juno reconfiguré. L'éclairage est en fait le reflet du Soleil sur Jupiter. © NASA/JPL-Caltech/SwRI

Le spectromètre ultraviolet UVS, son cousin le spectromètre infrarouge JIRAM ainsi que le radiomètre MWR ont été activés en priorité. Ce dernier devait même mesurer la calotte glaciaire, avec des données sur sa composition, sa structure et sa température. Les données du champ magnétique ont pu être récoltées, de même qu'une expérience d'occultation en bande X et radio. Mais, comme on a pu le constater ce mardi 8 juin avec l'arrivée des premières mosaïques d'images, les photographies optiques n'ont heureusement pas été laissées de côté. Des clichés plus détaillés et en couleur seront reconstruits dans les jours et les semaines à venir.

Réception de données et perspectives au menu

Juno n'a survolé Ganymède qu'une seule fois. Elle s'approchera l'année prochaine d'Europe, puis devrait frôler la lune-volcan Io deux fois avant la fin de son extension de mission. Par chance, il n'y aura pas besoin d'attendre vingt années de plus pour les observations suivantes, les missions Europa Clipper (NASA) et JUICE (ESA) arriveront sur place à la fin des années 2020. Et la sonde européenne ira jusqu'à entrer en orbite de Ganymède, dont la cartographie proche sera l'un des sujets d'étude. D'ici là, savourons les belles images !

Source :

NASA