Le 10 octobre 1967, le traité de l'espace, réalisé par l'Organisation des Nations Unies, entrait en vigueur. Le texte a posé les bases d'une réglementation en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace, notamment par l'interdiction des armes nucléaires.
Un petit peu plus de 54 ans plus tard, l'ONU pourrait travailler à nouveau sur d'importantes mesures de régulation spatiale. Ce lundi, un groupe de diplomates au Royaume-Uni a effectivement proposé à l'ONU que la célèbre organisation lance une nouvelle initiative dans ce sens. Une suggestion adoptée en première instance.
L'espace change. Et sa réglementation ?
Cette suggestion est d'abord une réponse aux inquiétudes créées par la démultiplication des réseaux de satellites. Nous avons beaucoup parlé dans nos lignes du réseau Starlink. Mais les États déploient eux aussi des satellites à vocation militaire, chose observée en France avec le projet AsterX, ainsi que des armes contre les satellites d'autres nations.
La crainte des diplomates : que la multiplication des satellites n'accroisse du même coup les risques de collision et que des crises diplomatiques, voire la guerre, n'en découlent. Le réseau Starlink et ses satellites placés en orbite basse représentent un problème majeur sur ce point. À l'heure actuelle, l'orbite de la Terre est déjà le théâtre d'une pollution réelle en débris spatiaux.
L'espace manque de régulation, il n'a fait l'objet d'aucune mesure significative depuis le traité de l'espace en 1967. Mais, pour Victoria Samson, directrice du think tank Secure World Foundation, « pendant ce temps, celui-ci devient plus complexe ». David Edmonson, le directeur de la politique britannique en matière de sécurité spatiale, ajoute : « Si nous ne faisons pas les choses correctement, nous détruirons l'environnement spatial. Nous risquons d'entrer en conflit, car les gens n'ont pas de règles de conduite à l'heure actuelle. C'est ce que nous voulons créer, mais cela prend du temps. »
Une proposition acceptée à une large majorité, mais la Chine et la Russie émettent des réserves
Ce lundi, la Première Commission, la Grande Commission de l'ONU consacrée aux questions de désarmement et de sécurité internationale, a adopté la suggestion à une écrasante majorité : 163 voix pour, 8 contre et 9 abstentions. Elle passera désormais devant l'assemblée générale des Nations Unies le mois prochain.
David Edmonson s'attend à ce qu'elle soit, à nouveau, adoptée à une grande majorité par l'assemblée. Il en résulterait la création d'un groupe de travail qui se réunirait deux fois par an en 2022 et 2023. Avant la fin de cette échéance, le groupe devra définir de nouvelles normes et règles de conduite et, si besoin, déterminer quels domaines nécessitent davantage de réflexion et de moyens.
À noter que parmi les votes « non », on trouve deux nations de premier plan dans la conquête spatiale : la Russie et la Chine. Plutôt qu'un code de conduite ou des normes, les deux pays, en pourparlers depuis longtemps avec l'ONU sur la question de la régulation de l'espace, avaient déjà déclaré préférer de nouveaux traités, ceux-ci étant a priori plus faciles à appliquer. Mais, pour l'heure, ce n'est pas la direction que prend l'organisme.
Source : Wired