On voit ici les fragments d'échantillons qui bloquent l'entrée du carrousel de Perseverance : impossible pour le moment d'y mettre un tube. © NASA/JPL-Caltech
On voit ici les fragments d'échantillons qui bloquent l'entrée du carrousel de Perseverance : impossible pour le moment d'y mettre un tube. © NASA/JPL-Caltech

À la surface de la planète rouge, l'année ne démarre pas tout à fait comme prévu. Le système pour collecter les échantillons du rover Perseverance est bloqué par des sédiments… De plus, une tempête régionale empêche les équipes d'InSight de relever les derniers « tremblements de Mars ».

Rien n'est simple à près de 300 millions de kilomètres du bureau !

Il va falloir persévérer….

Le 29 décembre, le grand rover Perseverance devait terminer son année par le forage et la capture d'un nouvel échantillon sur le site « Issole ». Il s'agissait du 7e, déjà, après des débuts mitigés en août (le premier tube avait été scellé… vide) et cinq collectes réussies sur des types de sol bien différents en bordure du banc de sable Seitah, tout au fond du cratère Jezero. Le forage, en réalité, s'est très bien passé, mais un problème est survenu à l'étape suivante, qui consiste à transférer l'échantillon collecté dans son tube, depuis le système de collecte jusqu'au système de stockage au centre du rover.

Le rover avait réalisé un double forage avant d'avoir son problème de tube © NASA/JPL-Caltech
Le rover avait réalisé un double forage avant d'avoir son problème de tube © NASA/JPL-Caltech

Les tubes sont conservés au centre du rover Perseverance, et pour recevoir leurs quelques grammes de roche, ils sont déplacés jusqu'à la foreuse du rover par un « carrousel ». Ce dernier permet également, une fois le tube rempli, de le ramener avec les autres échantillons. Un petit bras robotisé situé sous le rover gère ensuite les tubes et peut les déposer sur le sol le moment venu. Un système élégant et normalement fiable…

Mais ici, lors du transfert du tube dans le carrousel, il y a eu un problème. Plus ennuyeux, un examen photographique a montré qu'il y avait des fragments de roche sur le bord du carrousel, ce qui bloque pour l'instant tout transfert.

Des photos et des tests

Bien sûr, il a fallu du temps pour comprendre pourquoi le tube ne pouvait descendre dans le carrousel, puis délicatement retirer le bras robotisé, et enfin prendre plusieurs dizaines de clichés pour étudier la situation. D'un point de vue extérieur, on pourrait se dire que cela fait deux semaines que Perseverance est bloqué sur cet obstacle technique. En réalité il vaut mieux prendre le temps et tenter de répéter la situation sur Terre (avec le jumeau du rover situé au laboratoire JPL à Pasadena) plutôt que d'aller trop vite. Perseverance en profite pour prendre les alentours en photo, étudier les roches au laser et vérifier l'état de ses autres équipements. Selon le communiqué de la NASA, l'équipe responsable du carrousel est assez confiante pour affirmer que les sédiments pourront être dégagés sans poser de problème à moyen ou long terme.

Les autres éléments de Perseverance, en particulier ses roues, vieillissent très bien pour l'instant, malgré un terrain peu accueillant © NASA/JPL-Caltech

En attendant que les nuages passent…

À plus de 3 000 kilomètres de là, un autre robot fait face à un problème en ce début d'année, dans les grandes étendues d'Elysium Planitia. C'est l'atterrisseur InSight, qui étudie la météorologie martienne et tente d'enregistrer un maximum de « Marsquakes », les tremblements de terre martiens. Le 7 janvier, la plateforme a envoyé un message au centre de contrôle indiquant qu'elle se plaçait d'elle-même dans un mode de sauvegarde, afin de préserver au maximum ses batteries. En effet, une tempête régionale affecte la zone, et l'effet principal de ce type d'événement est d'envoyer de la poussière à haute altitude, ce qui finit par affecter les conditions de luminosité, et donc l'énergie que peuvent fournir les panneaux solaires de la mission. Un coup dur pour InSight, qui lutte depuis l'année dernière pour poursuivre ses mesures malgré des panneaux déjà dégradés par le sable (la mission a dépassé son espérance de vie)…

Pour les contrôleurs de la mission, même si ce passage en mode de sauvegarde n'est pas pris à la légère, l'état des batteries n'est pas préoccupant pour l'instant. L'atterrisseur pourrait survivre plusieurs semaines, en sachant qu'il n'a besoin que d'un minimum d'électricité, puisque ses expériences sont éteintes lorsqu'il économise ainsi son énergie. Reste que la situation de ses panneaux est un peu « quitte ou double ». La tempête pourrait avoir deux effets bien différents : soit ajouter une nouvelle couche de poussière qui réduirait d'autant l'espérance de vie de la mission, soit balayer grâce au vent une partie des sables fins présents sur les grands dispositifs.

Ce "selfie" de l'atterrisseur InSight en 2019 montrait déjà l'ensablement progressif des panneaux solaires © NASA/JPL-caltech

Supervision orbitale

Les tempêtes de Mars sont des événements assez bien documentés, aussi il n'y a pas trop d'inquiétude à avoir, car plusieurs caméras à haute résolution suivent la situation depuis l'orbite, en particulier celles de Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). Heureusement, cet aléa climatique ne semble pas prendre le chemin de la longue tempête qui avait fini à l'été 2018 par englober pratiquement toute la planète Mars… et qui avait coûté à la NASA la fin de la mission Opportunity.

Sources : NASA (1), NASA (2)