Vue d'artiste d'une exoplanète. Crédits NASA
Vue d'artiste d'une exoplanète. Crédits NASA

Deux nouvelles études font beaucoup parler d'elles pour leurs estimations du nombre de planètes habitables dans notre galaxie (jusqu'à 6 milliards !) et du nombre de civilisations extraterrestres observables (environ 36 !).

Toutefois, il s'agit là de projections statistiques.

Restons calmes

Il eut été facile d'aguicher le lecteur en mettant en avant ces chiffres qui attirent l'œil. Pensez-donc, 6 milliards de planètes habitables… Qu'attend-on pour prendre notre sac à dos d'explorateurs ?

Mais la réalité est malheureusement plus cruelle, puisqu'il s'agit en fait de projections statistiques, et ce dans les deux articles. Le premier est basé sur le nombre et le type d'exoplanètes trouvées par le télescope Kepler sur une petite zone du ciel, et le second sur le développement de… Notre propre civilisation, à défaut de pouvoir en observer une autre.

Or, affirmer qu'il y a 36 civilisations extraterrestres dans notre galaxie en se basant sur l'article, même en citant les écarts-types, ne rend pas plus justice au travail des chercheurs qui produisent ces publications. Ces dernières, de vulgarisations en traduction, finissent parfois par perdre leur sens initial.

Vue d'artiste de Kepler 20e, qui vue comme ça, ne sera jamais une jumelle de la Terre. ©Nasa/JPL-Caltech/AFP/Archives
Vue d'artiste de Kepler 20e, qui vue comme ça, ne sera jamais une jumelle de la Terre. ©Nasa/JPL-Caltech/AFP/Archives

De l'intérêt des statistiques

Alors pourquoi ces études ont-elles été publiées ? Pour comprendre cela, il faut se prêter au jeu d'un petit exercice mental, ne pas partir du résultat, mais plutôt se reposer les questions qui ont mené à ces recherches.

Avec 400 milliards d'étoiles environ dans notre seule galaxie, combien pourrait-il y avoir de planètes habitables ? Si l'on se base uniquement sur nos observations, on sait qu'il y en a une (la nôtre), mais aussi plusieurs autres que nous avons pu identifier comme placées dans des « zones habitables » de leurs étoiles. Malheureusement, on en sait peu sur elles : ont-elles une atmosphère, de l'eau, une orbite acceptable, un taux de radiation qui n'a pas tout stérilisé ou une ceinture d'astéroïdes qu'elles traversent tous les ans ?

L'observation, en 2020, a ses limites, donc on utilise des outils statistiques. Reste à savoir lesquels ! C'est là que les deux articles prennent tout leur sens.

Qui veut une jumelle de la Terre ?

Dans la première publication, la démarche de recherche des deux astronomes basés en Colombie Britannique (Canada) est partie d'un constat : pour les 28 milliards d'étoiles du même type que la nôtre dans la Voie Lactée, différentes méthodes de calcul des zones habitables révèlent une chance d'avoir une planète en zone habitable qui varie entre 0,02 et 1.

C'est cette partie du calcul qu'ils ont tenté de raffiner, en prenant en compte le catalogue final des détections du télescope Kepler, et en établissant de nouvelles contraintes de températures, de période orbitale et de taille de planète. La valeur « finale » obtenue est ainsi de 18 % de probabilité par étoile comparable au Soleil, soit un maximum compris entre 5 et 6 milliards de planètes en zone habitable dans la voie Lactée. Cela ne veut pas dire que cette valeur est juste : elle tente seulement d'affiner les probabilités.

Il est d'ailleurs tout à fait possible qu'une autre méthode de calcul propose demain qu'il n'y ait que deux milliards de planètes potentiellement habitables, ce qui serait pertinent en fonction des arguments scientifiques développés dans l'article.

Les posters du "travel bureau" de la NASA font toujours rêver. Mais la réalité va au-delà des statistiques. Crédits NASA

Alien, résurection

Dans la seconde étude, l'estimation du nombre de civilisations capables de communiquer à travers notre galaxie à l'instant N, produite par des chercheurs britanniques, est du même acabit.

C'est une étude qui tente d'apporter une autre version de l'équation de Drake, établie en 1963, et qui fait autant figure de référence que sujet de débats… Ce qui est logique, puisque après des décennies d'écoutes et de recherches, la seule civilisation (plus ou moins) intelligente que l'on connait reste la nôtre.

L'idée cette fois est de ne prendre que des étoiles qui ont plus de 4,5 milliards d'années (et jusqu'à 5), puisque c'est le temps qu'a mis notre planète pour disposer de conditions favorables à l'éclosion d'une civilisation telle qu'on la définit. Une autre variable prise en compte est le temps qu'une civilisation passe à émettre des signaux détectables par nos moyens terrestres actuels (les chercheurs ont estimé ce temps à 100 ans puisque cela fait un siècle environ que l'on émet des signaux radio, mais cette durée peut varier).

Selon les différents paramètres - et chacun comprendra que les incertitudes sur les chiffres tiennent parfois du « doigt mouillé » - l'étude arrive à un résultat de 36 civilisations extra-terrestres probables… Avec une variance qui amène le résultat final plutôt entre 201 et 4 ! Encore une fois, cela ne veut pas dire que ces civilisations existent et sont désespérées de ne pas avoir entendu parler de Clubic.

Reste qu'il s'agit à nouveau d'une méthode de calcul intéressante à disséquer et tenter d'affiner pour apporter un élément de réponse à l'éternelle question : y a-t-il, statistiquement, « quelqu'un » d'autre ?

Eh bien statistiquement, oui. Mais en théorie, on peut se tromper.