Un trou noir stellaire à moins de 1000 années lumières ? La nouvelle avait fait l'actualité en 2020, avant d'être remise en cause. Les deux équipes proposant des explications différentes se sont unies autour de nouvelles mesures au VLT. Leur conclusion est définitive : c'était une erreur !
Un bon exemple d'une saine démarche scientifique.
Trou noir ou pas trou noir ?
La nouvelle avait fait le tour des médias en 2020, après la détection d'un trou noir d'une faible masse stellaire dans un système « proche », HR-6819… Le plus proche de nous jamais observé à seulement 1000 années lumières ! Publiée par une équipe d'astronomes dans une revue à comité de lecture (Astronomy & Astrophysics), l'étude chilienne avait cependant été contestée par la suite.
En effet, si la découverte initiale expliquait observer un système complexe avec une étoile majeure orbitant autour d'un trou noir, et une étoile mineure avec une orbite lointaine, une astrophysicienne de l'Université Belge KU Leuven a proposé un scénario alternatif sur la base d'une simulation utilisant les mêmes données. Et cette fois, plus de trou noir, mais un système à deux étoiles, l'une des deux vampirisant l'atmosphère de sa voisine… De quoi débattre !
Discussions autour de HR-6819
« Non seulement ces débats sont normaux, mais ils sont souhaitables, » explique T. Rivinius (auteur principal de la première étude). « Et sur un résultat qui fait la Une, encore plus ». Mais comme le décrit la chercheuse Abigail Frost, pour pouvoir trancher, les deux équipes étaient limitées par les données existantes, collectées par le télescope MPG de l'ESO à La Silla (Chili).
Dans un mouvement scientifique assez rare et concerté, les chercheurs ont donc décidé d'unir leurs efforts, pour proposer une nouvelle campagne d'observation au VLT/VLTI (Very Large Telescope / Interferometer). Avec les instruments MUSE (VLT) et GRAVITY (VLTI), ils ont pu profiter d'un peu de temps de mesure, et en terminer avec le débat : ce fameux trou noir n'existe pas.
Victoire des vampires
HR 6819 est donc un système binaire, avec deux étoiles dont une a « aspiré » l'atmosphère de l'autre, la rendant beaucoup plus brillante. Et l'observation de 2020 serait advenue très peu de temps avant ce vampirisme stellaire, ce qui est assez rare à mesurer… L'équipe nouvellement formée a donc déjà proposé de futures mesures pour mieux comprendre ce duo.
Quant aux trous noirs stellaires, T. Rivinius ne baisse pas les bras « Ils sont très difficiles à détecter de par leur nature, mais les études statistiques suggèrent qu'il y en a des dizaines, ou des centaines de millions, ne serait-ce que dans la Voie Lactée ». Ce n'est donc qu'une question de temps avant que l'un d'entre eux soit détecté dans notre zone « proche ».
Source : ESO