Grâce au microphone installé sur l'instrument SuperCam du rover Perseverance, les scientifiques peuvent écouter Mars au jour le jour. Et ce n'est pas qu'une grande histoire de silence ! Mesure des vents, dispersion des sons, pression atmosphérique, état du rover, les sons sur Mars aident sur une variété de sujets.
Mais c'est vrai, le cratère Jezero est un site au calme !
Pas (trop) de surprises
Après avoir fortement participé à sa conception, puis à son intégration au sein de la suite instrumentale SuperCam, les scientifiques français (dans une équipe internationale) ont publié dans le dernier numéro de Nature une étude des sons enregistrés via un microphone sur le rover Perseverance.
Une quinzaine de laboratoires français participent à l'aventure, qui reste une première : sur les missions précédentes envoyées sur Mars, seule InSight était équipée, mais elle n'enregistrait que les infrasons… Convertissant en réalité les vibrations des panneaux solaires générées par les faibles vents martiens. Leur première conclusion était attendue, les vents sont doux, très doux : à plusieurs reprises, les scientifiques ont cru possible que le microphone soit en panne !
Tic, tic, tic, tic fait le laser
Grâce aux sons mécaniques de la mission Perseverance (notamment ceux de ses roues, de sa foreuse et des impacts de son laser à plusieurs mètres), l'équipe scientifique a pu caractériser très finement les propriétés de l'atmosphère martienne pour propager les sons. Résultat, la vitesse du son sur Mars change selon les fréquences près de la surface : 240 m/s pour des fréquences basses sous les 240 Hz, et 250 m/s au-dessus !
Si tant est qu'elles puissent inspirer un bon coup pour se parler, deux personnes auraient du mal à s'entendre à 5 mètres l'une de l'autre… Néanmoins, les sons graves peuvent s'entendre de loin avec précision. Au cours des 5 h d'enregistrements étudiés, les équipes ont pu distinctement reconnaître les sons liés au vol de l'hélicoptère Ingenuity, pourtant à grande distance.
Écouter aux portes
Enfin, il faut signaler aussi qu'en plus de caractériser Mars et ses variations très fines de densité atmosphérique, de températures et de turbulences (vents, tourbillons), le microphone, comme prévu, permet d'en savoir beaucoup sur le fonctionnement de Perseverance lui-même !
Un « stéthoscope » de la mission ? Pour l'instant, ses multiples caméras font très bien le travail, mais pour d'éventuels soucis de propulsion, de pompes ou d'instruments, un micro n'est pas de trop… Pour les scientifiques ayant étudié les sons de Perseverance, il serait étonnant que de futures missions se passent d'un outil aussi petit qui peut malgré tout fournir une ample gamme de données.
Source : CNES