Une équipe de scientifiques canadiens a publié ses données relevées sur un large échantillon d'astronautes après des missions de longue durée. Problème récurrent, leurs os ne se régénèrent pas complètement, même après un an de récupération. Et on est encore loin des durées de vol pour Mars…
Il faudra mettre un accent sur les stratégies pour limiter les pertes.
Ne pas tomber sur un os
Les voyages spatiaux de longue durée ne sont pas sans effets sur le corps humain. Après 60 ans de vol habité et plus de 40 années de séjours de plusieurs mois autour de la Terre, la médecine a identifié plusieurs séquelles chez les astronautes revenus sur Terre.
Leurs yeux sont touchés, de même que leur masse musculaire qui diminue en impesanteur. Les chercheurs ont également noté la perte de masse osseuse, que l'on peut associer à une forme d'ostéoporose. Néanmoins, jusqu'ici, les effets sur le squelette étaient considérés comme réversibles. Sauf que…
Une équipe canadienne a montré dans son étude que pour les vols les plus longs (6 à 7 mois et plus), une année complète sur Terre ne suffisait pas à régénérer la masse osseuse. Plus important, il y a des différences structurelles entre les os sains et ceux qui ont récupéré, le renforcement n'étant pas à l'identique. Pour certains astronautes, cela équivaut à un vieillissement osseux d'une décennie.
Gare à la structure
L'un des auteurs de l'étude, Steven K. Boyd, explique :
On pourrait utiliser une métaphore de la tour Eiffel. Les poutres métalliques peuvent être comparées aux structures que l'on observe au sein des os en haute résolution. Durant le vol spatial, certaines de ces poutres sont déconnectées, l'os se résorbe. Lorsque l'astronaute revient sur Terre, il récupère, mais les nouvelles structures osseuses viennent se poser sur la structure existante. Le corps ne peut pas magiquement reconnecter les poutres, le changement est donc permanent, même si la densité globale est partiellement ou totalement récupérée. Imaginez la tour Eiffel avec la même masse métallique, mais moins de poutres.
Cela ne veut pas dire que les os des astronautes se brisent facilement après des vols longs, mais cet effet est à surveiller… Surtout qu'en l'état, il y a assez peu de données pour des missions de très longue durée (un an ou plus), avec la méthode HR-pQCT (High Resolution Peripheral Quantitative Computed Tomography) qui permet une précision nanométrique.
Toute aventure a ses risques !
Les scientifiques espèrent pouvoir quantifier et prédire, selon les données biométriques des futurs astronautes et leur mission, la perte de masse osseuse qui les guette et le temps qu'il leur faudra pour récupérer. Cela va nécessiter des mesures et des études plus poussées (celle-ci était centrée sur 17 astronautes) pour les missions très longues, avant même d'envisager d'éventuels traitements préventifs.
Les grandes agences y seront attentives, alors que, lentement, se profilent de longues missions autour de la Lune, et même la volonté de voyager vers Mars. De très longues missions pourraient avoir de lourdes conséquences pour les participants.
Sources : Universe Today, Nature