Impressionnante photo du décollage de CZ-5B avec le module Wentian. Crédits : CASC
Impressionnante photo du décollage de CZ-5B avec le module Wentian. Crédits : CASC

La Chine a fait décoller ce 24 juillet son lanceur le plus puissant, Longue Marche 5B (CZ-5B), pour transporter le nouveau module Wentian vers sa station spatiale. Amarré dans la même journée, il double pratiquement l’espace disponible pour les astronautes et soutiendra les missions scientifiques de longue durée.

C’est un mastodonte !

Place à Wentian à bord de la station spatiale chinoise

Wentian est un énorme module de station spatiale. Pratiquement 18 mètres de long, 4,2 mètres de diamètre pour sa partie pressurisée, 23,2 tonnes sur la balance… Un champion poids lourd pour que la Chine puisse disposer de nouvelles capacités au sein de sa station spatiale !

Et pour cela, l’agence nationale a eu besoin du lanceur le plus capable de son arsenal : CZ-5B, version particulière dédiée à l’orbite basse, si puissante qu’elle peut embarquer 25 tonnes sous sa grande coiffe. Le décollage, lui, a eu lieu ce 24 juillet à 8 h 22 (Paris), pour un peu plus de 8 minutes de poussée depuis le site de Wenchang, qui accueillait au passage un public nombreux et de plus en plus avide de décollages au profit du programme habité.

Il faut dire que CZ-5B est spectaculaire, avec son étage central (moteurs à Hydrogène-oxygène) et ses quatre puissants boosters (moteurs à Kérosène-oxygène). Et ce « show », diffusé en direct à la télévision chinoise, s’est soldé par une réussite et l’éjection de Wentian en orbite basse.

Le très impressionnant module Wentian. Crédits : NASA/BACC
Le très impressionnant module Wentian. Crédits : NASA/BACC

La station passe au niveau 2

Une fois en orbite, le module Wentian a partiellement étendu ses grands panneaux solaires de 30 mètres de long chacun avant de se propulser à la rencontre de la SSC, puis de s’amarrer après seulement 13 heures de vol. Une prouesse due à la précision de l’injection en orbite, mais aussi des manœuvres pour rejoindre ensuite la station volant à 390 km d’altitude environ et 42° d’inclinaison.

Les trois occupants de la SSC, Chen Dong, Liu Yang et Cai Xuzhe ont ensuite patienté un peu avant d’ouvrir l’écoutille de liaison et de pénétrer pour la première fois dans leur nouveau grand laboratoire. L’espace pressurisé est volumineux, d’autant qu’il manque pour l’instant une part importante des installations scientifiques (plutôt orientées médecine) qui prendront place à l’intérieur : une station immaculée et sans rangements débordants est une station neuve !

On retrouve, en plus des emplacements pour les racks scientifiques, trois nouvelles couchettes pour des astronautes et un sas dédié aux sorties extravéhiculaires à son extrémité. À l’extérieur, l’agence a pour l’instant installé un nouveau bras robotisé, mais aussi de nombreux emplacements pour des expériences sur les flancs de Wentian.

Le Tetris ne fait que commencer

La station spatiale chinoise est à présent constituée de deux modules permanents, Tianhe (module principal) et Wentian, mais aussi d’un cargo Tianzhou 4 et de la capsule habitée Shenzhou-14. D’ici la fin de l’automne, les équipes utiliseront le nouveau bras robotisé pour changer Wentian de place et former un « T » avec l’arrivée d’un deuxième grand module scientifique, le « jumeau » de Wentian dédié à des expériences plus tournées vers la physique, Mengtian.

D’ici là, l’équipage à bord aura fort à faire pour installer et mettre en place tous les systèmes intérieurs, puis extérieurs, pour que la station atteigne rapidement son plein potentiel. Il faudra du temps pour tout mettre en place, et même la prochaine rotation d’équipage chinois, prévue pour novembre prochain, devra mettre du cœur à l’ouvrage.

Chute d’étage à prévoir

Côté terrestre, une nouvelle polémique est à prévoir sur la sécurité des lancements chinois. En effet, comme pour les autres décollages de CZ-5B, le très imposant premier étage (21 tonnes à vide) entrera de manière incontrôlée quelque part sur Terre dans les jours à venir (entre 42° Nord et 42° Sud).

Même si le danger est faible, et que la probabilité qu’il s’abîme dans l’océan est particulièrement forte, il faut donc espérer que ce dernier se consumera le plus loin possible des zones habitées qu’il survolera plusieurs fois d’ici là. Il sera en effet impossible de prédire plus de quelques heures à l’avance la zone du globe qui sera concernée.