Avec ses statistiques de vol catastrophiques, Astra n'a pu fiabiliser son petit lanceur Rocket 3. La technique de la réussite par l'erreur a ses limites : il faut de l'argent dans les caisses. Alors, la firme stoppe les vols en 2022 et va tenter d'amener une nouvelle génération sur le marché.
Ce n'est pas un échec, ça n'a pas marché.
Aller en orbite reste compliqué
Au fil du temps, les décollages du petit lanceur Rocket 3 d'Astra étaient devenus un divertissement proche du malsain. En effet, le spectateur était pratiquement assuré d'avoir du « spectacle » compte tenu de la longue litanie d'échecs de l'entreprise, que ce soit dans les premières secondes du vol ou à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude.
Un show aux dépens des efforts des équipes d'Astra, qui pourtant entre chaque vol donnent leur meilleur pour fiabiliser le matériel, travaillent à assurer à la fois des performances à cette fusée capable d'emporter quelques dizaines de kilogrammes en orbite, tout en gardant des coûts plancher.
Basée à Alameda (Californie) dans d'anciens locaux de l'US Air Force, Astra a beaucoup progressé depuis sa première tentative de lancement orbital, en mars 2020. Mais même si l'entreprise emploie la technique de la « réussite par l'erreur » et assume les premiers échecs, ces deux dernières années ont coûté cher : cinq ratés en sept tentatives de vol, sans compter le premier lanceur détruit lors d'un incendie sur le site de lancement.
Astra en danger ?
Malgré ses progrès, Astra est une entreprise cotée en Bourse, qui a besoin de beaucoup d'argent pour s'établir dans un marché des petits lanceurs qui reste très concurrentiel. D'autant plus que Chris Kemp, le fondateur d'Astra, prévoyait à l'origine de faire décoller ses fusées « plusieurs fois par semaine », car les tirs ne sont facturés que quelques millions de dollars aux clients. Clients qui se font très rares étant donné le taux d'échec…
La NASA elle-même (connue pour encourager les entreprises nationales, même en cas d'erreurs) enquête toujours sur le dernier raté, le lancement de deux satellites d'observation météorologiques TROPICS. Dans ce contexte, Astra a « consommé » 48 millions de dollars au deuxième trimestre 2022… et il ne reste plus que 200 millions dans les caisses. Il faut donc un changement radical pour assurer que l'entreprise reste à flot.
Plus de pièces détachées et moins de fusées
L'entreprise a donc décidé de cesser les lancements de Rocket 3 et de ne pas s'engager à de nouveaux décollages d'ici la fin 2022. En guise de promesse, Astra travaille plutôt sur la mise en place de sa prochaine génération (la très inspirée « Rocket 4 »), qui pourra de son côté transporter jusqu'à 600 kg de charge utile en orbite basse pour un prix qui, conformément à l'historique d'Astra, défiera toute concurrence.
Les débuts du nouveau lanceur en 2023 seront suivis avec attention, même si l'entreprise l'affirme déjà : elle attend la majorité des revenus de l'an prochain de la vente de petits moteurs électriques grâce au rachat de la start-up Apollo Fusion. Une piste intéressante, quand le business des petits lanceurs est plus complexe que jamais…
Source : Space News