Grâce au sismomètre de précision SEIS, une équipe scientifique a pu isoler les vibrations liées à quatre impacts de météorites séparés en 2020 et 2021. C'est la première fois qu'un tel événement est enregistré avec des ondes sismiques et soniques.
La « traduction » sonique est assez étonnante.
Attention, chute de météorites
Sur la grande plaine d'Elysium Planitia (sur Mars), la mission InSight continue d'écouter, quelques heures par jour, les signaux sismiques de la croûte martienne. En plein cœur de l'hiver sur place, l'atterrisseur ne reçoit pratiquement plus d'énergie, et celui qui a déjà doublé sa durée de mission initiale va bientôt s'éteindre définitivement. Mais l'analyse des signaux envoyés vers la Terre, elle, n'est pas terminée, et de loin !
Un article, paru ce lundi dans Nature Geosciences, met en valeur un résultat attendu et pourtant de nature aléatoire : l'enregistrement de plusieurs impacts de météorites grâce au sismomètre de précision SEIS. La plus importante d'entre elles a frappé Mars le 5 septembre 2021, à moins de 290 km de l'atterrisseur. Fracassée en 3 morceaux lors de son entrée dans l'atmosphère, elle s'est ensuite écrasée. Et grâce aux informations du sismomètre, l'orbiteur MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) a même pu photographier le site du crash ! Trois autres impacts ont été retrouvés dans les données le 31 août 2021, le 18 février 2021 et le 27 mai 2020.
Bombardement heureux
« Après trois années à attendre un impact avec InSight, ces cratères sont vraiment superbes ! » explique Ingrid Daubar, co-auteure de cette étude dont l'ADN est résolument français (l'auteur principal, le Dr Raphaël Garcia, est professeur à l'ISAE Supaero). Les roches qui frappent Mars ont le potentiel pour nous en apprendre plus sur la croûte de surface martienne, grâce à l'étude de la propagation des ondes de choc soniques et dans les sédiments du manteau rocheux. Mais cela permet aussi de « remonter dans le temps » pour mieux comprendre la nature de la surface martienne, en particulier en analysant la fréquence des impacts.
Envoyez-en plus !
D'ailleurs, pour l'instant, les données d'InSight interpellent les chercheurs. Ils savent en effet que le sismomètre fonctionne très bien, et ils ont sous la main des dizaines de milliers d'heures de mesure de croûte martienne. Pourtant, n'avoir détecté que quatre impacts est faible, particulièrement faible.
Mars est une planète plus exposée que la Terre aux frappes météoritiques, de par sa position plus proche de la ceinture d'astéroïdes. Il y a donc théoriquement bien plus d'événements que ce qui a été mesuré. Est-ce à cause de bruits parasites, comme le vent, ou la compression des ondes atmosphériques ? Les scientifiques espèrent, en ayant identifié ce premier « lot » d'impacts, pouvoir en isoler d'autres dans les jeux de données passés et présents.
Source : NASA