Une bouffée de méthane à haute concentration détectée au-dessus de puits de pétrole/gaz au Nouveau-Mexique © NASA / JPL-Caltech
Une bouffée de méthane à haute concentration détectée au-dessus de puits de pétrole/gaz au Nouveau-Mexique © NASA / JPL-Caltech

Un instrument scientifique destiné à mesurer les concentrations de poussières et opérant depuis l'ISS a pu détecter des sources d'émissions de méthane autour du monde. Les mesures sont sans surprises, mais viennent en complément des instruments terrestres… alors que plusieurs satellites sont aussi sur la brèche.

Néanmoins, il s'agit pour l'instant des sources les plus importantes.

EMIT surveille les émissions

L'installation externe de l'instrument EMIT (Earth Surface Mineral Dust Source Investigation) n'a pas vraiment fait de grand bruit médiatique cette année. Cet instrument de la NASA, destiné à la recherche environnementale, est conçu pour cartographier et suivre les minéraux contenus dans les poussières des grands courants atmosphériques, comme ceux qui font traverser l'Atlantique au sable saharien.

Pour ce faire, EMIT mesure les signatures spectrales des composés des poussières. Et il se trouve que celle qui correspond au méthane n'est pas si éloignée, il est donc tout à fait possible d'utiliser EMIT pour détecter de larges émissions atmosphériques de cet important gaz à effet de serre. Ces « bouffées » intéressent beaucoup les chercheurs, non seulement pour les capacités de leur instrument, mais aussi pour pouvoir à court et moyen terme agir sur ces émissions.

Une grosse bouffée de méthane

Certaines étaient déjà cartographiées, notamment parce qu'il existe sur une large partie des sites pétroliers et gaziers des capteurs dédiés. Mais un véritable nuage de méthane de pratiquement 3 km de long a pu être identifié sur un champ pétrolier au Nouveau-Mexique (bassin du Permien) grâce à EMIT. Des dizaines d'autres sont sur l'inventaire, et plusieurs n'avaient encore jamais été détectés jusqu'ici (ou mal cartographiés).

Les infrastructures pétrolières et gazières du Turkménistan ont notamment été pointées du doigt, avec des bouffées-nuages à haute concentration de méthane. Longs de pratiquement 20 km, ils équivalent à une fuite d'une cinquantaine de tonnes de méthane pur par heure. Et il ne s'agit encore que d'un début. La NASA souhaite à la fois améliorer ses capacités d'observation et réduire les temps entre la mesure et la disponibilité des résultats.

Installation de l'instrument EMIT grâce au bras robotisé Canadarm2 © NASA
Installation de l'instrument EMIT grâce au bras robotisé Canadarm2 © NASA

Sous surveillance internationale ?

D'autres satellites, notamment européens, s'intéressent à la mesure des concentrations de méthane atmosphérique. C'est le cas du petit opérateur GHGSat qui opère plusieurs satellites au format CubeSat autour de la Terre aujourd'hui.

L'ESA et l'Union européenne travaillent de leur côté à une plateforme orbitale consacrée à la mesure fine des concentrations dans le cadre du programme Copernicus, déjà très bien positionné sur les polluants atmosphériques. Le satellite Sentinel-5p étudie déjà depuis plusieurs années les concentrations de dioxyde de souffre, de dioxyde d'azote et de la couche d'ozone, tandis que le futur Sentinel-7 sera dédié à l'observation du CO2.