La plus productive des constellations d'observation scientifique de la Terre va prendre encore plus d'ampleur dans la décennie à venir. En attendant le feu vert de l'Union Européenne, l'ESA attribue les contrats de développement de Copernicus.
Les grands industriels se frottent les mains… Sauf en Angleterre.
Copernicus devant les autres
En moins de dix ans, la constellation Copernicus et ses satellites Sentinel est devenue une référence mondiale. Avec sept satellites en orbite aujourd'hui et plusieurs missions presque prêtes pour leur déploiement (comme Sentinel-6A, qui devrait décoller en novembre), elle fait autorité pour les données scientifiques concernant l'état de notre planète, mais aussi pour l'accessibilité en cas de catastrophe naturelle.
D'utilité publique, l'accès aux données de Copernicus est ouvert, bien que parfois complexe. Pour aller plus loin, l'Union Européenne et l'ESA ont une feuille de route commune : remplacer et améliorer les unités existantes quand il le faudra, et étendre la constellation avec de nouveaux moyens d'observation.
C'est l'ESA qui prend à sa charge le développement de ces charges utiles scientifiques très précises, des capteurs à la pointe du progrès, véritables pièces d'horlogerie. Lors du conseil ministériel de Séville (fin 2019) les états membres sont tombés d'accord sur un investissement important. L'agence spatiale européenne vient donc de débloquer un peu plus de 2,5 milliards d'euros.
La famille Sentinel s'agrandit
Les grands consortiums industriels européens Airbus, OHB et surtout Thales Alenia Space peuvent se frotter les mains : leurs différentes entités ont remporté les contrats de développement (qui devront être signés très prochainement) pour des valeurs de plusieurs centaines de millions d'euros.
- Sentinel 7 : 445 millions d'euros pour OHB (Allemagne) et la recherche appliquée pour produire un capteur spectromètre infrarouge capable de détecter et d'estimer les concentrations de CO2 atmosphérique. La mission se nomme CO2M (Copernicus Anthropogenic Carbon Dioxide Monitoring).
- Sentinel 8 : 375 millions d'euros pour Airbus DS (Espagne) et le développement d'un nouveau capteur infrarouge thermique capable d'observer à très haute résolution l'évolution de la température des sols, pour la mission Copernicus Land Surface Temperature Monitoring (LSTM).
- Sentinel 9 : 300 millions pour Airbus DS (Allemagne) au service de la mission CRISTAL (Copernicus Polar Ice and Snow Topography Altimeter) et de ses instruments principaux, un radar altimètre multifréquence et un radiomètre micro-ondes capables d'estimer l'épaisseur des glaces et la profondeur de la neige en surface.
- Sentinel 10 : 455 millions d'euros pour Thales Alenia Space (France), et le développement d'un capteur hyperspectral spécifique à l'observation des terres cultivées et arables, cœur de la mission CHIME (Copernicus Hyperspectral Imaging Mission).
- Sentinel 11 : 495 millions d'euros pour Thales Alenia Space (Italie) afin de concevoir le radiomètre à micro-ondes et haute résolution de la mission CIMR (Copernicus Imaging Microwave Radiometer) qui observera elle aussi les océans pour déterminer les variations de salinité, de température en surface, et de glace de mer.
- Sentinel 12 : 482 millions d'euros pour Thales Alenia Space (Italie) pour le développement du radar à synthèse d'ouverture en bande L de la mission ROSE-L (Radar Observing System for Europe - L-band SAR). Il donnera d'importantes information sur la végétation et les forêts, mais aussi la qualité des sols, comme leur taux d'humidité.
À présent, l'ESA attend une validation de cette transaction de la part de l'Union Européenne pour commander les satellites de la prochaine génération. Pour ce faire, l'Union doit débloquer une enveloppe budgétaire très attendue, qui couvrira les activités spatiales jusqu'à 2028.
Source : ESA