Dans un communiqué surprise ce 25 juin, l'agence russe Roscosmos a annoncé que deux nouveaux touristes feraient un court voyage au sein de l'ISS en 2023. Mais cette fois, l'un d'entre eux pourra même effectuer une sortie extravéhiculaire.
C'est absolument inédit.
La Terre devant la visière
Elle est parfois vue comme le Graal des expériences spatiales. La sortie extravéhiculaire (ou EVA) en scaphandre, qui permet aux astronautes de sortir de la station spatiale internationale pour évoluer sur ses flancs, installer des expériences et effectuer des réparations, reste un exercice délicat, même 55 ans après la première sortie d'Alexeï Leonov. De nos jours, de nombreux astronautes n'ont jamais réalisé de sorties EVA.
Compte tenu des risques, de la formation nécessaire et de la gestion des combinaisons, on ne sort pas par loisir, pour observer la vue… Du moins, pas jusqu'en 2023.
Payer pour une EVA ?
L'agence russe a en effet annoncé ce 25 juin que la société Space Adventures (la seule qui ait déjà emmené des touristes sur l'ISS entre 2001 et 2009) avait signé un accord avec RKK Energia pour une rotation courte d'un véhicule Soyouz sur l'ISS. Jusque-là, c'est une nouvelle importante, mais pas révolutionnaire. Soyouz a déjà fait le « ferry » dans le passé pour des touristes, pudiquement nommés « spaceflight participants », rôle parfois tenu par des astronautes d'agences non impliquées dans l'ISS. Le dernier était Hazza Al-Mansouri en septembre dernier (via un accord entre les Emirats et Roscosmos directement).
Toutefois, on apprend dans le communiqué que l'un des deux « touristes » pourra faire une sortie extravéhiculaire, accompagné par un cosmonaute russe.
Une riche décision
Cette annonce fait l'effet d'un petit coup de tonnerre : même dans le cas où les deux touristes mentionnés seraient des astronautes d'une nation tierce (comme les Emirats Arabes Unis, ou l'Arabie Saoudite qui prépare son propre programme), réaliser une EVA n'était jusqu'ici pas un service, mais une nécessité.
En en faisant une « option », sans doute monnayée à hauteur du « spectacle », Roscosmos et Space Adventures créent un précédent intéressant et une nouvelle étape dans la privatisation des activités en orbite basse. Reste à savoir l'identité des heureux élus. L'un(e) des deux devra logiquement subir un entrainement approfondi avec un scaphandre russe Orlan en piscine, en plus des classiques formations et stages pour en apprendre un maximum sur le véhicule Soyouz qui les amènera en orbite.
Enfin, il convient peut-être de pondérer cette annonce par l'usage du conditionnel, car la volonté des touristes spatiaux fluctue parfois, malgré leurs investissements dans une préparation et la location d'un « siège » pour l'espace. On se souvient que la chanteuse classique Sarah Brightman, qui devait décoller en septembre 2015 pour un séjour d'une semaine sur la station internationale, s'était désistée à quelques semaines de son lancement au mois de juillet…