Tous recensés sur une carte, ils témoignent d’une planète tout sauf inactive.
Voisine de la Terre et astre le plus visible dans le ciel nocturne après la Lune, Vénus est scrutée par les êtres humains depuis plusieurs milliers d’années. Grâce aux technologies actuelles, les scientifiques font régulièrement de nouvelles découvertes. La dernière en date : l’identification de 37 structures volcaniques récemment actives sur la planète.
Un enfer désormais pavé de volcans
De quoi parfaire le tableau d’une surface planétaire qualifiée par la NASA « d’enfer ». Imaginez : une atmosphère principalement composée de dioxyde de carbone (plus de 96 %), une pression moyenne environ 92 fois supérieure à celle de la Terre, équivalent à ce que vous pourriez ressentir si vous étiez immergé à 900 mètres de profondeur dans l’océan, une température moyenne à l’ombre qui avoisine les 465 °C ; le tout, régulièrement saupoudré de pluies d’acide sulfurique dont les gouttes, par chance, s’évaporent avant d’avoir atteint le sol en raison de la chaleur extrême. Une carte postale idyllique à laquelle vous pouvez donc maintenant rajouter une grosse trentaine de volcans actifs.
En effet, cette étude, dirigée par des chercheurs de l'Université du Maryland et de l'Institut de géophysique de l'ETH Zurich et publié dans la revue Nature Geoscience le 20 juillet 2020, désavoue l’hypothèse selon laquelle Vénus serait géologiquement inactive.
Cette supposition se basait sur l’absence de tectonique des plaques sur la planète. En outre, les scientifiques savent depuis longtemps que la surface de Vénus est plus jeune que celle de Mars ou Mercure. Toutefois, beaucoup estimaient jusqu’ici que l’activité volcanique de Vénus appartenait au passé faute d’observations de coulées de lave.
Une planète bouillonnante d’activité
Comme le précise Anna Gülcher, de l'École polytechnique fédérale de Zurich (Suisse), « certaines personnes avaient déjà suggéré que Vénus est volcaniquement active. Ce que nous avons apporté de nouveau, c'est la cartographie de ces régions que nous avons corrélées à des sites spécifiques ». Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des modèles numériques de l'activité thermo-mécanique sous la surface de Vénus à la recherche de « structures annulaires connues sous le nom de coronae, qui se forment lorsque des panaches de matière chaude, au plus profond de la planète, s'élèvent à travers la couche du manteau et de la croûte ».
Ce phénomène est similaire à celui qui, sur Terre, a donné naissance aux îles volcaniques hawaïennes. Les scientifiques ont comparé les résultats de leurs simulations informatiques à ceux recueillis au cours des missions Venus Express de l’Agence spatiale européenne (2005-2014) et Magellan de la NASA (1990-1994). En tout, 37 sites correspondent, indiqués dans la carte ci-dessous (disponible en version complète et animée ici)
Laurent Montési, professeur de géologie à l’UMD, explique : « C'est la première fois que nous sommes en mesure de montrer des structures spécifiques et de dire "regardez, ce n'est pas un ancien volcan mais un volcan actif aujourd'hui, en sommeil peut-être, mais pas mort". Cette étude change de manière significative la vision de Vénus, qui passe d'une planète essentiellement inactive à une planète dont l'intérieur est toujours en activité et peut alimenter de nombreux volcans actifs ».
Bien entendu, il reste de nombreux mystères. Les chercheurs ignorent par exemple à quand remonte la dernière période d’activité de ces coronae. D’après Laurent Montési, celle-ci pourrait être actuelle ou remonter à quelques millions d’années. En revanche, ils savent que ces coronae sont massifs, avec un diamètre moyen de 300 km.
Pour en apprendre davantage, d’autres missions seront nécessaires. Plusieurs sont au programme : notamment le projet EnVision de l’Agence spatiale européenne, prévu pour 2032. Du côté américain, la NASA a deux projets ciblant Vénus : DAVINCI (Deep Atmosphere Venus Investigation of Noble gases, Chemistry, and Imaging) et VERITAS (Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography, and Spectroscopy).
Sources : phys.org, newscientist, nature.com