Sur le segment des SUV hybrides rechargeables (PHEV ou Plug-in hybrid) qui compte des canons de beauté tels que la MINI Countryman Cooper SE ou la Volvo XC60, l’Outlander PHEV de Mitsubishi ne paye a priori pas de mine. Mieux vaut toutefois ne pas se fier aux apparences, car malgré son look un peu pataud, ce gros bébé caracole en tête des ventes des véhicules de sa catégorie partout dans le monde ! Une fois au volant, on comprend vite que ce succès ne doit rien au hasard…
Commercialisé depuis 2014 en France, l’Outlander PHEV n’est pas un nouveau venu. Bien que peu connu en France, c’est le véhicule hybride rechargeable tous segments confondus le plus vendu dans le monde avec plus de 250 000 exemplaires écoulés au total. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il figure également en tête des ventes dans l’hexagone avec 3 179 unités écoulées en 2019. Reste à savoir si Mitsubishi parviendra à réitérer cet exploit cette année avec le nouveau millésime 2020 de l'Outlander PHEV très légèrement restylé. Celui-ci s’enrichit notamment d’un système multimédia un peu plus grand et d’un système de gonflage pour les lombaires sur le siège conducteur. Ce n’est sans doute pas le dernier restylage qu’il subira, car les deux nouveaux modèles de SUV annoncés par Mitsubishi pour remplacer son best-seller d’ici fin 2020 ne seront finalement pas commercialisés en Europe.
Trois finitions d’entrée, de milieu et de haut de gamme de l’Outlander PHEV sont disponibles : Twin Motor 4WD Business (39 490 €), Twin Motor 4WD Intense (43 990 €) et Twin Motor 4WD Instyle de notre test commercialisé à 47 990 €. Contrairement aux constructeurs allemands ou français, Mitsubishi propose très peu d’équipements en option. Ceux-ci varient en revanche du simple au triple en fonction de la finition choisie. Pour l’heure, le positionnement tarifaire du millésime 2020 de l’Outlander continue de défier toute concurrence.
Subventions et autres avantages du PHEV
À condition d’être éligible aux différentes subventions de l’État pour les véhicules hybrides rechargeables, il est possible dans le meilleur des cas de déduire jusqu’à 14 000 euros sur l’Outlander. L’ensemble des primes se compose de 4 000 € de remise constructeur, 3 000 € d’aide à la reprise (qui s’ajoute à la valeur du véhicule aux conditions de l’Argus), 2 000 € de bonus écologique, et enfin 5 000 € de prime à la conversion sous condition de reprise d’une diesel immatriculée avant 2011 ou d’une essence avant 2006 et d’un revenu fiscal inférieur à 18 000 € par an. Comme le déplorent de nombreux garagistes, arriver à remplir tous ces critères relève souvent de l’exploit…
En tant que véhicule hybride rechargeable, l’Outlander donne droit à des frais d’immatriculation réduits ainsi qu’à des avantages pour le stationnement. Grâce au nouveau disque vert (ou bleu selon les villes), le SUV peut être garé gratuitement durant 2 heures par jour sur les stationnements payants extérieurs dans plus d’une trentaine de villes françaises. Dans la capitale, où les places sont aussi rares que chères, il peut stationner à l’œil durant 6 heures. Les professionnels bénéficient quant à eux d’importantes réductions sur la TVS (taxes sur les véhicules de société). Au-delà des avantages fiscaux, c’est surtout en termes de consommation de carburant que l’Outlander peut faire faire d’importantes économies. Le SUV japonais constitue en effet l’un des très rares « plug-in hybrids » à pouvoir fonctionner tout le temps en mode 100 % électrique. En route !
À bord de l’Outlander Instyle
Malgré son gabarit XXL de 4,7 m de long pour 1,8 m de large et 1,7 m de hauteur, l’Outlander affiche un look discret et passe partout. Un véritable OVNI sur ce segment de marché où les constructeurs comme Audi, BMW, Land Rover, Peugeot ou Volvo favorisent au contraire un design premium audacieux. À l’heure où les gros 4 x 4 ne sont plus les bienvenus en ville, la neutralité stylistique et l’absence de signes ostentatoires de l’Outlander constituent pour certains des atouts plutôt que des défauts. Plébiscité par les familles, le SUV peut accueillir sans problèmes jusqu’à 5 grands gabarits. La batterie étant placée sous le plancher, l’habitacle est très spacieux à l’avant comme à l’arrière avec une belle hauteur sous plafond et beaucoup d’espace pour les jambes.
Les versions thermiques de l’Outlander peuvent intégrer une troisième rangée de sièges à l’arrière pour accueillir jusqu’à 7 passagers. A noter que option n’est toutefois pas disponible sur le PHEV. Celle-ci n’empiète toutefois pas sur le volume du coffre de 463 litres, qui peut passer à 886 litres avec les sièges rabattus complètement à plat. Original, le véhicule intègre deux prises 230 V d’une puissance de 1 500 W (une à l’arrière et une dans le coffre) pouvant alimenter un ordinateur portable ou un petit frigo, par exemple. La finition Instyle bénéficie d’une très belle sellerie en cuir recouverte de surpiqûres en formes de losanges. Idem pour le volant en cuir multifonctions qui offre une excellente préhension.
On est moins fan de la planche de bord avec ses gros boutons de commandes semblant dater d’une autre époque et pas toujours bien placés. Autour du levier de sélection façon joystick par exemple (la voiture n’a pas de boîte de vitesses), le constructeur n’a rien trouvé de mieux que d’aller placer le bouton « P » servant à bloquer les roues lors du stationnement en bas à l'arrière du manche ! Il n’y a pas d’autre choix que de se contorsionner la main et les doigts pour pouvoir activer l’une des commandes les plus utilisées de la voiture. Idem pour les commandes de chauffage des sièges avant, placées bizarrement sous l’accoudoir central. Les multiples commutateurs de sécurité (freinage d’urgence, franchissement de ligne, anti-collision …) en bas à gauche du volant ne sont pas plus faciles d’accès.
L’instrumentation, qui se compose de deux compteurs analogiques et d’un écran numérique central, est quant à elle très bien faite. Celle-ci permet de visualiser d’un coup d’œil les informations essentielles concernant la consommation, la vitesse, le mode de conduite sélectionné, la limitation de vitesse, la puissance fournie par le moteur thermique lorsqu’il est enclenché, ou encore les différentes alertes des dispositifs de sécurité. On ne peut pas en dire autant du nouveau système multimédia de ce millésime 2020. Outre une interface graphique digne des années 80, son écran tactile qui est passé de 7 à 8 pouces manque cruellement de réactivité. C’est assez gênant à l’usage, d’autant qu’il n’y aucun bouton de commande physique pour faciliter la navigation dans le système. Un poste de conduite dépassé qui dénote avec les technologies de motorisation ultras sophistiquées de la voiture.
Un PHEV pas comme les autres
Les véhicules hybrides rechargeables que nous avons pu essayer jusqu’ici laissent souvent peu de liberté au conducteur pour gérer ou désactiver certaines assistances de conduite ou choisir par exemple quelle motorisation il veut utiliser (thermique ou électrique). Dans certains cas, ce n’est pas le conducteur, mais la voiture qui commande ! Avec l’Outlander, c’est tout le contraire. Il est possible d’activer ou désactiver absolument toutes les technologies embarquées essentielles ou non via les fameux commutateurs disgracieux, mais ô combien pratiques, du tableau de bord : contrôle de stabilité actif (ASC), système d’alerte sonore de véhicule en approche (détection piétons), système d’alerte de franchissement de ligne (LDW), système de réduction de vitesse avant collision (FCM), etc. A noter que ce n’est pas une bonne idée de désactiver ce système anti-collision qui se révèle très efficace — mais Mitsubishi offre quand même cette possibilité.
Ce n’est pas tout, et c’est une première : la commande « EV » du sélecteur de modes de conduite (situé à côté du levier de sélection) permet de forcer le véhicule à ne rouler qu’en mode électrique, et cela même si l'on effectue de grosses accélérations. À l’inverse, lorsqu’on veut économiser de la batterie, le mode « SAVE » démarre automatiquement le moteur thermique afin de la préserver. Autre possibilité encore plus exotique avec le mode « CHARGE » qui permet quant à lui de recharger la batterie à l’aide du moteur thermique. Autant dire que la consommation de carburant grimpe en flèche dans ce mode et que ce n’est pas vraiment le but recherché avec ce type de véhicule, mais il a le mérite d’exister pour ceux qui en auraient besoin pour une raison ou une autre.
Soulignons également la présence d’un mode « SPORT » qui durcit le volant, raffermit le siège conducteur et l’accélérateur pour donner un peu plus de peps au véhicule. L' Outlander constitue enfin l'un des rares modèles hybrides rechargeables capables de tracter une remorque ou une caravane de 1 500 kg. Une caractéristique qui lui vaut une énorme popularité aux Pays-Bas, qui compte de très nombreux adeptes du camping.
Un agrément de conduite étonnant
L’Outlander, qui est un 4 X 4 permanent (mais pas un vrai franchisseur), embarque un moteur 4 cylindres essence de 2,4 L développant 135 chevaux. Celui-ci est combiné à deux moteurs électriques placés sur chaque essieu (82 ch à l’avant et 95 ch à l’arrière) et qui sont alimentés par une batterie en lithium-ion d’une capacité de 13,8 kW. D’une puissance totale cumulée de 230 ch, il peut rouler en tout électrique durant une quarantaine de km au maximum (45 km selon le cycle WLTP). Le véhicule peut rouler jusqu’à 135 km/h en mode électrique, tandis que la vitesse maximale est bridée à 170 km/h. Pied au plancher, le SUV familial passe de 0 à 100 km/h en 10,5 secondes. S’il n’a rien d’une sportive, il est capable d’accélérer au besoin pour les dépassements sans souffrir à l’excès du fameux effet « mobylette » comme certaines de ses concurrentes (Toyota RAV4, Lexus NX…).
Mistubishi Outlander PHEV : l'avis de David
Vous le savez, la rédaction de Clubic compte sur ses nombreux journalistes pour vous faire partager de nombreuses informations et analyses. Aussi, pour compléter l’essai de ce Mitsubishi Outlander PHEV, nous avons décidé de partager une vidéo de découverte du modèle réalisée par un autre de nos journalistes automobiles réguliers, David Nogueira, à l’occasion de journées spéciales organisées pour la presse à la fin du confinement. Découvrez l'avis et le retour d’expérience de David, qui a pu essayer le SUV sur une cinquantaine de kilomètres !
Que l’on soit en ville ou sur une voie rapide, l’agrément de conduite à bord de l’Outlander est tout bonnement exceptionnel. Associé aux différents modes de conduite, le système de contrôle intégral Super All Wheel Control (S-AWC) développé par Mitsubishi n’y est pas étranger. Selon les conditions routières et notamment d’adhérence, le système régule instantanément la distribution du couple sur les quatre roues afin de permettre de stabiliser et maîtriser le véhicule dans n’importe quelles situations. Confortable, silencieux, très simple à conduire, c’est l’hybride rechargeable dont le comportement routier se rapproche le plus d’une voiture 100% électrique. Comme la Nissan Leaf ou la Kia e-Soul et bien d’autres, elle dispose de palettes au volant permettant de diminuer ou augmenter l’intensité du système de recharge sur 5 niveaux durant les phases de décélération. Après un temps d’adaptation, il est possible de conduire une grande partie du temps sans avoir à toucher la pédale de frein.
Consommation et recharge
A condition d’avoir accès facilement à une borne de recharge (ou une prise électrique), il est possible d’utiliser l’Outlander sans dépenser une goutte de carburant. L’autonomie électrique « réelle » de 40 km peut être pour beaucoup largement suffisante pour se rendre au travail et faire quelques sorties le week-end. L’avantage des PHEV réside bien entendu dans le fait de pouvoir assurer les trajets quotidiens en tout électrique et les longs trajets grâce à leur motorisation hybride. L’Outlander se montre très efficace en termes de consommation lorsqu’on utilise le cycle combiné, c’est-à-dire quand il y a suffisamment de batterie pour que les blocs électriques et thermiques puissent fonctionner de concert. En cycle mixte, le constructeur annonce une consommation très faible de 1,8 L/100 km, soit l’équivalent de 40 g de CO2/km.
Une fois la batterie épuisée, la consommation thermique moyenne comprise entre 6 et 7,5 L/100 km est loin d'être la plus basse du marché. Même s'il est toujours possible de récupérer de l'énergie et recharger la batterie au freinage, le véhicule consomme trop pour les gros rouleurs. Le SUV japonais s'avère surtout intéressant en termes de consommation pour ceux qui ont l’habitude de faire des trajets de courte et de moyenne distance. Pour recharger la batterie, le véhicule est fourni avec un câble pour le domicile et il intègre une prise CHAdeMO (le câble se trouve dans les bornes compatibles). Le temps de recharge de la batterie varie d’une trentaine de minutes sur une borne de recharge rapide à environ 6 heures sur une prise de courant classique à domicile ou au bureau.
Sécurité, confort et équipements connectés
Dès l’entrée de gamme, l’Outlander est déjà bien équipé de série avec des options comme les feux de jour LED, jantes alliage 18’’, aide au stationnement avant/arrière, caméra de recul, régulateur/limitateur de vitesse, sièges avant chauffants, S-AWC et ses 3 modes de conduite, détection de piéton, alerte franchissement de ligne, système d’ouverture sans clé, surveillance des angles morts, signal de freinage d’urgence, compatibilité Android Auto et Apple CarPlay, etc. Le niveau d’équipement monte encore d’un cran avec la version Instyle la plus haut de gamme. Elle dispose en sus d’une sellerie cuir premium incluant des garnissages secondaires, d’un haillon électrique, d’un toit ouvrant électrique, d'un volant chauffant, d'un siège conducteur électrique, ou encore de 2 prises électriques AC 1500 W.
L’Instyle vient tutoyer les BMW et autres Audi rechargeables avec une armada technologique impressionnante, dont une caméra à 360° (avec repères de gabarit) combinée à des caméras avant et latérales permettant de manœuvrer le véhicule avec une précision incroyable. Elle comprend également des projecteurs bi-LED à réglage automatique, un régulateur de vitesse adaptatif avec commandes au volant, un système d’alerte de circulation transversale, un système audio 510 W avec 8 haut-parleurs, et une application de commande à distance Mitsubishi Remote Control. Les assistances de sécurité sont bien intégrées et jamais intrusives, comme cela peut être le cas sur d’autres véhicules. Le fait de pouvoir les désactiver via un bouton dédié constitue un gros plus.
Dotée d'une connexion Wi-Fi Direct d'un autre âge, l’application mobile
Mitsubishi Remote Control (voir captures ci-dessous) ne peut fonctionner qu'à proximité du véhicule. Un non-sens pour un système de commande à distance. C’est d’autant plus regrettable qu’elle comprend des fonctionnalités plutôt intéressantes comme la programmation de la recharge, la visualisation du niveau de charge de la batterie en temps réel, la programmation de la recharge, le réglage du préchauffage et de la préclimatisation, ou encore l’allumage des phares.
Pour le reste, le véhicule dispose d'un système multimédia assez complet avec notamment la navigation Tomtom et la compatibilité avec Android Auto et Apple CarPlay via un câble USB (uniquement). Malgré les quelques détails qui fâchent, le rapport qualité/prix/équipements de l’Outlander reste pour le moment imbattable.
Fiche technique
- Dimensions L x l x h (en m) : 4,70 x 1,80 x 1,71
- Empattement : 2,67 m
- Volume de coffre arrière : 456 L
- Poids à vide : 1 880 kg
- Nombre de places : 5
- Puissance : 135 ch
- Couple : 211 Nm
- 0 à 100 km/h : 10,5 s
- Vitesse maximale : 170 km/h
- Autonomie WLTP : 75 km
Faut-il craquer pour la Mitsubishi Outlander rechargeable ?
Malgré la crise sanitaire qui fait rage, 1 762 Outlander PHEV ont été immatriculés en France entre le 1er janvier et 31 août 2020. Une belle performance qui pourrait bien lui permettre de conserver encore cette année sa première place sur le podium des modèles PHEV les plus vendus dans l’Hexagone. Jusqu’à présent, l’Outlander a eu peu de concurrents sur le marché, mais la situation commence à évoluer, notamment pour sa version haut de gamme. La finition Instyle (47 990 €) devra désormais faire face au nouveau Toyota RAV4 Hybride Rechargeable Design AWD dont le ticket d’entrée s’affiche à 52 650 €. Le fleuron de Toyota n’a certes pas le même niveau d’équipements, mais il a un atout de poids avec une autonomie électrique annoncée de 75 km (cycle WLTP). Dans la même catégorie, la Citroën DS7 Crossback E-Tense Plug-in hybrid démarre quant à elle à 49 950 € pour sa version de base. Les prix ont ensuite tendance à s’envoler avec des modèles PHEV comme la Volvo XC60 (à partir de 67 350 €) ou la BMW X5 xDrive40e (66 049 €).
Avec un prix de base de 39 490 € (hors bonus) pour la finition Business, l’Outlander a sans doute encore de beaux jours devant lui. Du confort à l’habitabilité en passant par la tenue de route, la fiabilité de la motorisation, la faible consommation (sur courtes et moyennes distances) ou encore le niveau d’équipements, le grand SUV familial nippon ne manque pas d'atouts. Seul son design fait véritablement débat, mais celui-ci ne semble pas pour autant impacter les ventes qui demeurent au beau fixe. Sans oublier que le constructeur offre une solide garantie pièces et main d’œuvre de 5 ans (ou 100 000 km), ainsi qu’une garantie de 8 ans pour la batterie des PHEV (ou 160 000 km). Une valeur sûre…