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Parts de marché mondiale, dynamique, perspectives, voilà autant de facteurs plutôt (très) positifs concernant les véhicules électriques (VE) en 2021.

La grille de comparaison est d'autant plus impressionnante sur l'espace de la dernière décennie. On relevait 130 000 véhicules électriques vendus sur l'ensemble de l'année 2012, ce qui correspond aux ventes d'un simple week-end en 2022.

Les véhicules électriques représentent 9 % de parts de marché en 2021, l'Europe en bonne posture

Les VE ont la cote dans de nombreux marchés automobiles, et les chiffres dévoilés par l'Agence Internationale de l'Energie (IEA) traduisent cette dynamique. En effet, de 2,5 millions en 2019 à 6,6 millions de véhicules électriques vendus en 2021, la hausse est conséquente, passant de 2,5 % à 9 % de parts de marché au niveau mondial en seulement trois ans.

Pour autant, l'IEA note une baisse de 25 % du nombre de véhicules neufs vendus en 2021 par rapport à 2019 en Europe, dans un contexte où le marché de l'occasion ou encore du leasing bat son plein. Au total, ce sont 16 millions de VE qui seraient en circulation dans le monde selon l'IEA, et ils consommeraient (déjà !), annuellement, autant d'électricité qu'un pays tel que l'Irlande, avec 30 TWh.

Et l'Europe, justement, n'y est pas pour rien, puisque le Vieux-Continent connaît une augmentation de 70 % des ventes de véhicules électriques entre 2020 et 2021, pour un total de 2,3 millions d'unités écoulées. La part des hybrides rechargeables, pourtant décriés, y est par ailleurs remarquable, puisqu'elle représente un modèle sur deux parmi les VE vendus l'année dernière. Néanmoins, la croissance n'est pas homogène, puisque si les véhicules électriques représentent 72 % de parts de marché en Norvège en 2021, ils n'en obtiennent « que » 15 % en France.

La Chine, un marché particulièrement juteux

Particulièrement florissant en 2021, le marché chinois a compté 3,4 millions de véhicules électriques vendus l'année passée, ce qui est plus que l'ensemble des ventes réalisées dans le monde en 2020. La hausse est, en effet, impressionnante rien que sur l'année 2021 puisque le véhicule électrique passe de 7,2 % de parts de marché à près de 20 % entre janvier et décembre de l'année écoulée. Et, selon l'IEA, Pékin souhaite que la part de marché des véhicules électriques atteigne mensuellement les 20 % dès 2025.

Le rebond de l'électrique aux États-Unis, avec 4,5 % de parts de marché en 2021, est également conséquent, porté, selon l'IEA, par des crédits d'impôt pour l'achat de VE autres que Tesla et General Motors, et une diversification des constructeurs sur le marché. Parmi les marchés en pleine croissance également, la Corée du Sud fait bonne figure, avec 8 % de parts de marché pour les VE en 2021.

En revanche, de nombreux pays voient leur progression, au mieux, stagner. C'est notamment le cas sur des marchés émergents tels que le Brésil, l'Inde ou encore l'Indonésie, où les véhicules électriques ne dépassent pas les 2 % de parts de marché. Le Japon, certains constructeurs nationaux comme Toyota abordent la transition électrique avec retenue, n'obtient même pas 1 % de parts de marché pour les VE.

Une croissance du marché soutenable à moyen terme ?

Trois écueils peuvent, néanmoins, mettre en péril l'accélération des ventes de véhicules électriques dans le monde. Le premier, qui a une répercussion négative sur de nombreux secteurs liés à la technologie, concerne la pénurie mondiale persistante de semi-conducteurs. Or, les voitures électriques en ont grandement besoin, jusqu'à deux fois plus que pour un véhicule thermique, et si les constructeurs tentent tant bien que mal de soutenir la demande actuelle, l'enjeu d'un « retour à la normale » sur le marché des semi-conducteurs est toujours plus élevé.

Le deuxième obstacle potentiel est lié à la hausse de la demande en matériaux et minerais qui, en plus de causer une augmentation des prix, génère un risque de pénurie rapide pour certains d'entre eux – d'ici 2025 pour le lithium et le cobalt. Ainsi, selon l'IEA, les prix de l'acier, de l'aluminium et du cuivre ont respectivement augmenté jusqu'à 100 %, 70 % et 33 % en 2021, tandis que les tarifs du carbonate de lithium, du nickel et du graphite se sont, eux, élevés de 150 % (!), 25 % et 15 % en un an.

Les répercussions, notamment sur les prix des batteries pour véhicules électriques employant ces matériaux, sont encore limitées selon l'IEA. Ce constat est dû notamment à l'utilisation d'autres matériaux, aux évolutions technologiques favorisant une réduction progressive du coût de fabrication, et au temps nécessaire pour que la chaîne de valeur soit plus fortement impactée par la hausse des prix des matières premières.

Enfin, un dernier obstacle pourrait impliquer les aides publiques actuellement proposées par différents gouvernements, dont le niveau actuel ne va pas être maintenu éternellement. Ainsi, rien qu'en Chine, le montant de ces aides publiques devrait décliner de 40 % en fin 2022 par rapport au début de l'année 2021. Or, si le gouvernement chinois a prolongé ces aides deux années d'affilée du fait de la pandémie de Covid-19, rien ne dit que de nouvelles subventions seront proposées par Pékin dans les années à venir. Les ventes massives de la Wuling Hongguang Mini EV, un VE pourtant non éligible à l'obtention d'une subvention, semblent cependant prouver la maturation du marché chinois. Qui sera bientôt suivi partout ailleurs dans le monde ?