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Faut-il continuer à promouvoir les polluants SUV ? C'est la question que s'est posée le New Weather Institute.

Ils sont lourds, encombrants, et ils polluent plus que des véhicules classiques ; pourtant, les SUV, ont envahi nos campagnes et nos villes depuis plusieurs années. Résultat : ils ont sérieusement entaché les gains en matière de diminution des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur automobile. Afin de limiter leur propagation, un think tank britannique avance une idée pour le moins radicale : interdire leurs publicités.

Les SUV, des véhicules à la mode dans le monde entier

Selon un rapport baptisé Smoking out the Climate, élaboré par le think tank New Weather Institute, l’interdiction des publicités pour les SUV serait une mesure indispensable pour permettre au Royaume-Uni d’atteindre ses objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre.

Ce plan incite notamment les constructeurs à réduire de 37,5 % les émissions de CO2/km de leurs véhicules d'ici 2030. Mais Outre-Manche, les conducteurs ont eux-aussi succombé à la mode des SUV, abréviation de Sport Utility Vehicle, le nom politiquement correct, version greenwashing, des 4x4. Et ces véhicules ne sont pas très « écolo », bien au contraire.

Afin d’étayer son rapport, le New Weather Institute se base sur des données issues de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Elles nous apprennent que la forte augmentation du nombre SUV sur le globe est le deuxième facteur de hausse des émissions mondiales depuis 2010.

Ces véhicules, plus lourds et massifs que les berlines traditionnelles, consomment logiquement plus de carburant et émettent donc plus de dioxyde de carbone. Ainsi, selon l'AIE, ces SUV consomment en moyenne un quart d'énergie en plus que les voitures de taille plus modeste.

Comme en témoignent les graphiques ci-dessous, la courbe des émissions moyennes des voitures neuves au Royaume-Uni est repartie à la hausse en 2017. Une hausse corrélée avec l’augmentation de la part des SUV dans les ventes de véhicules neufs.

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Bien sûr, la situation est similaire en France, en Europe et dans le monde. Selon France Culture, citant un rapport de GreenPeace publié en 2019, la part de marché des SUV a plus que quadruplé au cours des dix dernières années en Europe : de 8 % en 2008, elle atteignait 32 % en 2018 et même 38 % l’année dernière. Concrètement, selon des chiffres partagés par France Info, plus de 600 000 SUV sillonnaient les routes de l’Hexagone l’année dernière, contre environ 200 000 en 2010 ; plus de 200 millions d'unités parcourent actuellement la planète.

Ironiquement, cette surenchère de taille, théoriquement au profit de l’habitabilité, n’est même pas justifiée par l’usage : en France, en 1960, le taux de remplissage moyen d’un véhicule était de 2,3 ; désormais, il est de seulement 1,6…

La lutte contre le tabagisme comme exemple

Si l'idée d'interdire les publicités pour les SUV peut vous sembler un peu extrémiste, Andrew Simms, co-directeur du New Weather Institute, donne un argument plutôt pertinent en établissant un parallèle avec la lutte contre le tabagisme : « Nous avons mis fin à la publicité pour le tabac lorsque nous avons compris la menace que le tabagisme faisait peser sur la santé publique. Maintenant que nous connaissons les dommages causés à la santé humaine et au climat par la pollution automobile, il est temps de mettre fin aux publicités qui aggravent le problème. Dans un monde sujet à des pandémies, les gens ont besoin d'air pur et de plus d'espace dans les rues des villes ».

Un avis partagé par Robbie Gillett, un militant de Possible : « Alors que des millions d'entre nous tentent de réduire leur empreinte carbone pour lutter contre la crise climatique, nous avons une industrie de plusieurs milliards de livres qui commercialise agressivement des véhicules très polluants - dont beaucoup sont littéralement trop grands pour les rues du Royaume-Uni. Leurs publicités trompeuses nous promettent la liberté et l'évasion, mais la réalité de l'état des routes urbaines est telle que les embouteillages, la pollution atmosphérique toxique et la spirale des émissions de carbone des transports routiers vont réduire à néant nos objectifs climatiques ».

Le rapport confirme cette assertion, puisqu'il précise que les sommes dépensées par les constructeurs automobiles pour leurs publicités concernent de plus en plus les SUV. L’exemple de Ford est révélateur : en 2016, son budget publicitaire était à peu près équivalent entre les berlines et les SUV ; en 2018, il était alloué à 85 % à la promotion de ces derniers. Par conséquent, interdire les publicités des SUV permettrait également d'orienter ces sommes vers d’autres types de véhicules, plus économes en énergie.

Source : The Guardian