Si vous prenez l'avion régulièrement ou si vous utilisez tout simplement des transports en commun bruyants tels que le train ou le métro, vous savez que la musique et le bruit se marient mal. La première - un acte volontaire - exige de l'attention, de la concentration ; le second - subi - perturbe et distrait l'écoute. Une évidente problématique qu'Amar Gopal Bose, fondateur de la marque, fut l'un des premiers à tenter de résoudre, en 1986, avec un concept de casque à réduction du bruit active breveté. L'idée : annuler les fréquences indésirables - détectées par des micros - en injectant les mêmes fréquences en opposition de phase. Ce procédé s'est amélioré au fil du temps : aujourd'hui tous les grands constructeurs le maîtrisent et l'intègrent dans leurs casques ANC (Active Noise Cancellation).
Le porte-étendard de la réduction de bruit chez Bose, c'était jusqu'à maintenant le QC25, qui était filaire. Bose lui a imaginé un remplaçant Bluetooth, le QC35 que nous testons là.
Présentation du QC35 : design et construction
Sur ce point, nous ne nous étalerons pas spécialement puisque le QC35 est identique au QC25. A savoir qu'il s'agit d'un casque circum-auriculaire (pour petites oreilles, la cavité ne mesurant que 5,8 x 3,5 cm) qui mise gros sur le confort et soigne sa finition. Métal, simili-cuir, fibre de verre, Alcantara (« matériau de revêtement utilisé par des entreprises internationales prestigieuses dans différentes applications comme la fabrication de yachts ou d'automobiles haut de gamme » dixit Bose, il y a un peu d'emballement...) : le QC35 n'a rien d'original dans la forme - il est même plutôt banal - mais il paraît solide et de qualité.Pensant son casque comme un compagnon pour voyageur, Bose a veillé à le rendre pliable. Les écouteurs pivotent à 90° et les branches se referment sur elles-mêmes. Le tout est livré dans une housse semi-rigide en cuir synthétique, avec un câble audio de 114 cm (mini jack 3,5 mm côté source mais 2,5 mm côté casque), un câble USB de 24 cm (pourquoi aussi court ?) et surtout, l'adaptateur avion. La pile AAA amovible a été remplacée par une batterie Lithium rechargeable, inamovible.
L'oreillette gauche loge la prise mini jack (pour un usage filaire ou quand la batterie est en rade) et un des deux micros servant à l'annulation du bruit, celle de droite tout le reste : l'autre micro d'ANC, la prise micro USB (pour recharger la batterie), les commandes (volume plus et moins, bouton multifonction), l'interrupteur d'alimentation (et d'appairage Bluetooth), la puce NFC, les voyants lumineux et les micros dédiés à la voix.
Le QC35 à l'usage : ergonomie et audio
Le QC35 se voit grevé du Bluetooth, des boutons et d'une batterie plus massive par rapport au QC25 : il prend logiquement 40 g (234 g versus 195,6 g). Rassurez-vous, il n'y a pas de quoi détériorer les sensations : le casque reste un modèle de confort... si on ne bouge pas trop. Oui, quand on veut un casque douillet, on peut difficilement mettre trop de pression dans les arceaux : le QC35 est souple à souhait, ultra moelleux, confortable même avec des lunettes, mais secouez la tête et il se fait désarçonner. On ne peut pas être partout...L'appairage en Bluetooth, aidé du NFC ou pas, se fait sans la moindre difficulté ; l'application Bose Connect sur Android ou iOS permet de gérer l'inventaire des produits connectés. Mais elle ne sert à peu près qu'à ça, et à mettre le firmware du casque à jour... Dommage, car comme nous allons le voir, le QC35 a des tares que l'application aurait pu (ou pourrait) rectifier.
Premièrement, si l'annulation active des bruits ambiants est vraiment époustouflante, elle est surtout un peu trop « active »... En effet, dès lors qu'on allume le casque pour se connecter en Bluetooth - ce qui est un peu le but d'un casque sans fil quand même - le traitement du bruit se met forcément en route ! Dans un avion, un métro ou à côté d'un marteau piqueur c'est très bien, mais si on porte le QC35 au bureau, on a un peu l'impression d'être un dimanche à 5 h du mat' dans l'Open Space.
Époustouflante, c'est bien le meilleur qualificatif pour décrire la réduction active du bruit. À tel point que quand on parle, on n'entend même plus sa propre voix, il ne reste que les vibrations du corps. Sorti du contexte, l'effet « ventouse » est dérangeant (on peut ressentir comme une dépression au niveau des oreilles). Du coup, on bascule vite en filaire, seul moyen pour écouter la musique sans réduction active du bruit.
Dommage que Bose n'ait pas opté pour un bouton ON/OFF a minima, ou carrément plusieurs modes de réduction active du bruit, comme sur Sony MDR-1000X, par exemple. Autant on veut bien se couper du monde dans un avion place 23C à côté d'un réacteur, autant dans la rue il faut pouvoir entendre les voitures et les gens. D'ailleurs, lorsqu'on reçoit un appel, la réduction active du bruit se maintient, mais avec une intensité bien moindre et surtout, elle laisse filtrer les voix. C'est un exemple de réduction adaptative.
Espérons que Bose fera quelque chose sur ce point. Soit via l'application mobile, soit moyennant une combinaison d'appuis sur les touches de l'oreillette droite. Oui parce que la touche multifonction est déjà bien occupée : une pression courte pour lecture/pause/prise d'appel, deux pressions rapides pour passer à la chanson suivante, trois pour revenir en arrière et une pression longue pour activer l'assistant (Siri ou Google Now) ou rejeter un appel.
L'autonomie de 20 h est bonne, mais pas exceptionnelle sur des casques Bluetooth, y compris à réduction active de bruit. Reste un dernier aspect, particulièrement désappointant : la qualité sonore n'est pas au rendez-vous, pour un casque à 380 euros. Attention, nous ne disons pas qu'il y a péril en la demeure, mais simplement qu'un casque à 120 euros, comme le U-Jays, fait mieux le job à notre sens.
Ici, les basses sont présentes, mais très rondes et peu tendues, ce qui fait qu'elles en viennent à empiéter sur le bas médium. Les voix apparaissent à la fois isolées du mix et lointaines, tandis que les instruments - particulièrement froids - ne se détachent pas assez. On ressent une distance au son, comme s'il y avait un effet de spatialisation. Côté aigus, le QC35 brille bien, faisant presque un peu trop ressortir cette partie du spectre.
On ne commentera pas la signature sonore en W, marque de fabrique de Bose qu'on aime ou non. Simplement là, la courbe est un peu trop cabossée à notre goût : la restitution n'est ni linéaire, ni enjouée. En prolongeant l'écoute, on finit par s'habituer - le cerveau reste le meilleur égaliseur - mais quand on alterne entre QC35 et U-Jays, c'est vraiment le jour et la nuit. Il faut dire que le U-Jays est particulièrement vivant, chaleureux et direct comme casque. L'absence de prise en charge du codec apt-X semble finalement secondaire. Bons points en revanche : la scène sonore est large avec un positionnement précis et la puissance en Bluetooth saura combler les oreilles les plus demandeuses.
Conclusion
A notre grande surprise, et alors qu'il était encensé par la presse en général, le QC35 nous a plutôt déçu. Nos griefs peuvent se résumer en disant que le QC35 ne sonne pas assez bien pour un casque à 380 euros. Un problème de rapport qualité/prix mais aussi d'ergonomie. Alors bien sûr, le QC35 ne manque pas d'atouts : Bose est toujours aussi bon sur le confort (véritablement excellent), la finition (irréprochable) et la réduction active du bruit, assurément une des plus efficaces sur le marché.Mais le constructeur se plante sur un point essentiel : l'impossibilité de désactiver l'ANC quand on utilise le casque en Bluetooth. Bose a tellement pensé au profil de l'acheteur toujours dans les airs qu'il semble avoir oublié les autres cas de figure. Une bonne réduction active du bruit doit pouvoir s'adapter aux circonstances, c'est-à-dire être dosée, ou même désactivée. Espérons que Bose trouvera le moyen de régler cela via son application Bose Connect, pour l'heure assez inutile.
Le QC35 n'est pas non plus transcendant sur le plan de l'acoustique. Son casque manque de linéarité et surtout de vie. On ressent une sorte de spatialisation qui met de la distance dans l'écoute. L'instrumentation froide apparaît feutrée, les basses sont bien présentes mais elles manquent de tension, les aigus brillent fort, les voix apparaissent lointaines. Il y a tout de même de la cohérence dans cette signature en W, mais quand on ajoute la froideur à l'isolation extrême, ça en devient un peu triste comme écoute. En tout cas, il y a mieux pour mettre la musique en valeur.