Le moins que l’on puisse dire, c’est que la troisième version du Monitor se sera fait attendre. Modèle haut de gamme (349,99 euros) du constructeur Marshall Headphones, le Monitor III ANC entend conserver les forces du précédent Monitor II ANC de 2020, tout en remettant la technique au goût du jour.
- Équilibre des basses et des médiums, niveau de détails
- Bonne isolation générale
- Autonomie titanesque
- Léger et confortable
- Connectivité avancée (Fast Pair, Multipoint, LE Audio prévu)
- Construction irréprochable
- Aigus accidentés, son agressif à haut volume
- Mode Transparence peu naturel
En apparence, les choses n’ont que peu évolué. Nous avons affaire à un casque Bluetooth à réduction de bruit au format circum-auriculaire (coussinets entourant les oreilles), arborant le look typique Marshall. Mais ce conservatisme n’est que de façade, puisqu’à peu près tous les éléments internes ont été modifiés, et la forme également retravaillée.
Conception irréprochable
C’est une évidence, les acheteurs Marshall sont avant tout tentés par le design, qui crée un pont évident avec les amplificateurs du constructeur. Sur ce point, le pari est une fois encore réussi, puisque cet appareil adopte le coloris noir, les quelques touches façons laiton, ainsi que les surfaces texturées type Tolex.
Justement, la marque accompagne ce design d’une conception irréprochable. Le Monitor III ANC, sans réellement verser dans une tendance luxueuse, impressionne par son jusqu’au-boutisme. Ce casque Bluetooth bénéficie de branches en métal, ses coques sont denses, et aucun craquement ou claquement de structure n'apparaît.
Tout cela se fait sans faire l’impasse sur la souplesse de l'appareil, bien au contraire. Moins rigide que son prédécesseur, le Marshall adopte une fois encore une structure pliable, le tout avec des coques pivotables à 90° dans les deux directions. Replié, le Monitor III ANC compte parmi les casques à réduction de bruit les plus compacts du genre.
Enfin, notons quelques améliorations par rapport à la version précédente (en plus des branches) : l’arceau est à présent doublé d’un repose-tête rembourré, qui sert également de passe-fil ; les coussinets sont nettement retravaillés, facilement détachables et conçus à partir de deux mousses différentes, ce qui leur confère nettement plus de souplesse.
Ces améliorations vont de pair avec un net allégement de l’ensemble, qui passe de 320 g (Monitor II ANC) à seulement 250 g, ce qui le place face aux Bose et Sony sur ce point. Forcément, le poids très raisonnable, associé aux coussinets très doux et enveloppants et au repose-tête assez bien pensé, apporte un confort de haute volée. Mis à part une sensation d’équilibre légèrement inférieure à celle d’un Bose QC Ultra Headphones, ainsi qu’une tendance à garder la chaleur, rien n’est à jeter. De quoi porter des heures le Monitor III ANC sans ressentir de gêne.
Côté accessoires, Marshall modifie là aussi les habitudes, avec de bonnes et de mauvaises choses. En l’absence d’entrée jack, le constructeur ne livre qu’un assez triste (mais bien pratique) câble jack 3,5 mm vers USB-C, qui tranche assez fortement avec le beau modèle torsadé des anciens modèles de Monitor. À cela s’ajoute évidemment un câble de charge USB-C vers USB-C. Enfin, la marque apporte enfin une housse digne de ce nom, rigide, là encore atypique. Celle-ci, très petite, mais également très épaisse, reprend la texture du casque et affiche une surface interne rouge façon velours.
Contrôles efficaces et application en progrès
Fidèle à sa formule, Marshall reprend l’ergonomie du précédent modèle, ce qui est une très bonne nouvelle. Ici pas de contrôles tactiles, ce qui aurait été difficile au vu de la courbure des coques, mais uniquement une approche physique : un stick multidirectionnel cliquable, et deux boutons presque invisibles placés derrière les branches, réduction de bruit (basculement entre les modes de réduction de bruit) et touche Marshall (touche programmable). Le tout s’accompagne d’une détection de port placée près des coussinets.
En pratique, le joystick est parfaitement adapté au Monitor III ANC, à la fois complet (navigation) et très intuitif. Le contrat est également bien rempli avec les autres boutons, qui permettent finalement de couvrir l’intégralité (ou presque) des possibilités du casque Bluetooth.
Concernant l’application, les choses sont un peu plus nuancées. Un constat s’impose, Marshall ne s’est pas tourné les pouces depuis quatre ans, loin de là. Marshall Bluetooth est assez intuitive, et suffisamment fournie en matière de réglages ergonomiques et ajustements sonores. Nous pouvons notamment citer la présence d’un ajustement pour la réduction de bruit et la Transparence, un égaliseur personnalisable, ainsi que quelques fonctions sortant du lot : préservation des batteries (rapidité de la charge et ajustement de la charge max), bouton Spotify Tap, et même une fonction Soundstage modulable. Ce dernier est une sorte de traitement Spatial Audio à la sauce Marshall, fonctionnant à partir de n’importe quelle source stéréo.
On peut toutefois reprocher au Monitor III ANC de ne pas aller aussi loin qu’un Sony WH-1000Xm5 en matière d’ajustements. Surtout, le bon vieil égaliseur 5 bandes est tout de même un peu limité pour corriger le caractère du casque (nous le verrons).
Connectivité : de grandes possibilités, sous réserve de mise à jour
Sans être catastrophique, la connectivité du Monitor II était un peu en deçà de ce que nous pouvions attendre à l’époque. Marshall a nettement revu sa copie, puisque son Monitor III intègre une puce Bluetooth 5.3 compatible avec le standard LE Audio. Malheureusement, cette compatibilité n’est que théorique, puisqu'elle sera déployée lors d’une future mise à jour. Dommage !
En attendant les avantages de ce standard next-gen, notamment du codec LC3 et de la diffusion Auracast, le casque prend tout de même en charge la plupart des raffinements modernes : connexion multipoint, appairages rapides Google fast Pair (avec Switch Auto) et Microsoft Swift Pair. Pour les codecs, pas de révolution, pas d’AptX et de LDAC donc, mais au moins un passage à l’AAC.
Sans surprise, la stabilité de connexion est excellente, et la portée un peu plus importante que la moyenne. Il faut seulement penser, dans certains cas, à désactiver la fonction Auto Switch (en multipoint) de son téléphone Android, laquelle peut sans prévenir passer sur la deuxième source de façon assez erratique.
En l’absence de prise jack 3,5 mm, et par conséquent d’un fonctionnement en passif (casque éteint), Marshall fait le choix d’un câble jack 3,5 mm vers USB-C, ce qui autorise un fonctionnement filaire.
Plus de silence, mais encore des progrès à faire
On n’attend pas de voir Marshall se battre face à Sony ou Apple dans le domaine de la réduction de bruit active. Assez logiquement, le constructeur ne fait effectivement pas jeu égal, mais montre un résultat plus qu’honnête, voire excellent dans certains registres.
Le Monitor III ANC atténue les bruits extérieurs dès les plus basses fréquences, en parvenant sans trop de mal à atteindre les 20 dB. Nous atteignons même un sommet dans les bas médiums, ce qui protège l’utilisateur de tous les bruits très ronronnants. Sur ce point, pas énormément de différences avec les meilleurs élèves, qui conservent toutefois quelques dB d’avance. Passé ce cap, l'atténuation active est un peu moins performante, ce qui se retrouve sur les voix, atténuées, mais loin d’être annihilées. Les bruits complexes, imprévisibles, sont moins réduits que sur un Airpods Max ou un WH-1000Xm5 par exemple. Au moins le casque ne s’effondre-t-il pas sur ce point, en partie grâce à son atténuation passive franchement réussie.
En effet, les coussinets des Monitor III ANC sont très efficaces face aux aigus, d’où une protection à peu près idéale face aux sons les plus agressifs. Seul bémol, le casque compense mal les fuites (ce qui se ressent dans les mesures), d’où une efficacité amoindrie pour les porteurs de lunettes.
Le mode Transparence est quant à lui correct, car il ne sabre pas trop les aigus. Toutefois, il manque un peu de naturel en pratique, est un peu étouffé, ce qui donne un environnement sonore moyennement cohérent. En progrès, la tenue face au vent reste l’un des talons d’Achille du produit, puisque la moindre brise se répercute assez rapidement dans les microphones.
Un kit mains libres utilisable dans presque toutes les circonstances
À l’instar de la réduction de bruit active, la qualité des microphones en appel est marquée par une réelle amélioration. En milieu calme, la captation est plus que correcte, assez équilibrée quoique légèrement écourtée dans les aigus.
En passant à un milieu bruyant, la voix est certes altérée, mais rarement assez pour devenir inaudible. Le Marshall Monitor III ANC atténue assez bien les bruits de fond, mais sans faire de miracle. Ainsi le casque est-il utilisable dans la majorité des situations, et ne rend les armes que dans les situations extrêmes.
Autonomie des rois
Que cela vienne de sa nouvelle plateforme électronique ou de son haut-parleur revisité, le Monitor III est, sur le papier, l’un des casques les plus endurants du marché. Marshall annonce en effet une autonomie de 70 heures avec ANC, et jusqu’à 100 heures sans.
Dans la pratique, nous avons mesuré plus de 68 heures avec réduction de bruit. Sans avoir les yeux sur le chronomètre, l’autonomie sans réduction de bruit dépasse assez facilement les 85-90 heures. Difficile de ne pas être impressionné par la performance de ce casque Bluetooth, qui rejoint quelques produits d’exception. Enfin, il faut compter sur un peu plus de 2 heures pour une charge complète.
Une personnalité audio clivante
Marshall = rock. Cette idée fait que le constructeur, au lieu de chercher une sorte d'équilibre tonal comme pourrait le dicter ce que l’on appelle la courbe de Harman (sorte de courbe idéale prenant en compte de nombreux auditeurs), préfère accentuer l’énergie et le côté tranchant du son.
Marshall a ici fait le même choix (un peu discutable) que Sony concernant l’architecture audio : le passage d’un haut-parleur de 40 mm à un petit haut-parleur de 32 mm, tout en promettant que cela n'affectera pas le niveau des graves ni leur qualité.
Assez logiquement, nous retrouvons en grande partie l’ADN Marshall dans ce casque. Le Monitor III ANC n’est pas une merveille d’équilibre ni de technicité, mais il assure l’essentiel avec une certaine qualité… à condition de connaître ses limites.
Sa signature sonore est relativement équilibrée jusqu’aux hauts médiums, puisque le Monitor III ANC accentue légèrement les graves, mais sans excès ni débordement dans les médiums. Ces gammes de fréquences parviennent toutes les deux à s’exprimer, nous n’avons pas de phénomènes de voix trop rondes ou voilées ni de basses molles.
Les graves, au contraire, sont assez percutants et énergiques, tout en développant un assez bon niveau de détails. Il y a de la nuance dans ce registre, qui n'est pourtant pas parfait. En effet, nous aurions aimé plus d’ampleur, un côté plus enveloppant à la Sony ou à la Apple. Sans être timide, le Marshall Monitor III ANC est assez frontal dans sa projection des basses. La faute à la taille réduite du haut-parleur ?
Sur les médiums, rien à dire, si ce n’est qu’il manque peut-être un peu de richesse dans la reproduction, ou un brin de chaleur. Au moins les nuances sont présentes, ce qui est très appréciable sur les styles vocaux.
Épreuve du feu, la gestion des aigus est, nous nous y attendions, loin d’être un long fleuve tranquille. Marshall accentue ce registre, ce qui fait perdre en linéarité et en polyvalence. Oui, cela rend le Monitor III ANC très efficace à bas volume, mais rend l’écoute vite fatigante en poussant les décibels, du moins sur les musiques déjà agressives. Il y a toutefois pire dans le genre, difficile de ne pas avoir en tête la gestion au moins aussi acide de Bose avec ses casques.
D’une manière générale, la mise en avant des aigus n’est pas déraisonnable, et permet justement de donner ce niveau de détails et cette efficacité à bas volume. Mais, elle apporte également un côté artificiel et pas assez rond à l’écoute. L’option Volume Sonore Adaptatif, présente dans l’égaliseur, permet de partiellement corriger ce défaut (en évitant de trop pousser les aigus au détriment des basses), mais ne fait pas de miracles, pas plus que l’égalisation en général.
D’un point de vue global, la performance reste bonne, puisque portée par une qualité technique plus élevée qu’on ne pourrait le penser, et par une scène sonore suffisamment ample et détaillée. Néanmoins, si amélioration il y a par rapport au précédent Monitor, celle-ci n’est pas assez prononcée pour se rapprocher des champions. En revanche, pour qui recherche cette signature sonore, difficile de conseiller un autre élève.
Certes dispensable, l’option Soundstage se révèle assez bien pensée, car parcimonieuse dans son traitement. Nous sommes loin d’un Spatial Audio façon Apple, mais cette fonction n’est pas de l’ordre du gadget.
Malgré une concurrence féroce, Marshall délivre avec le Monitor III ANC un produit mature, voire impressionnant, cela sur pratiquement tous les points. L’expérience commence par la forme, qui se paye le luxe d’être à la fois atypique et irréprochable. Parfaitement construit, ce casque Bluetooth est également très confortable. Pour le reste, Marshall exploite les bonnes idées mises en place auparavant, comme une ergonomie simple, mais intuitive, mêlant boutons et joystick, le tout épaulé par une application suffisamment riche en fonctionnalités.
Promesse de modernité grâce à la puce compatible LE Audio (mais via une future MAJ), la connectivité du Monitor III n’a rien à envier à celle des meilleurs, excepté sur le plan des codecs. De même, la réduction de bruit active parvient à se rapprocher de l’excellence. Mais c’est surtout par son autonomie titanesque que le casque se détache du lot, en tutoyant les 100 heures (sans ANC).
Le tableau serait idyllique si Marshall avait équilibré davantage la sonorité. En l’état, le constructeur propose un produit plutôt maîtrisé, d’un bon niveau technique si l’on prend en compte son petit transducteur de 32 mm, mais toujours accidenté dans les aigus.
La force du Monitor III ANC vient également de sa tarification, certes élevée, mais loin des excès constatés dans le haut de gamme moderne, qui s'établit à présent autour des 500 euros (Bose, Dyson, Sonos). En somme, Marshall se détache sur le rapport qualité/prix.
- Équilibre des basses et des médiums, niveau de détails
- Bonne isolation générale
- Autonomie titanesque
- Léger et confortable
- Connectivité avancée (Fast Pair, Multipoint, LE Audio prévu)
- Construction irréprochable
- Aigus accidentés, son agressif à haut volume
- Mode Transparence peu naturel
Fiche technique Marshall Monitor III ANC
Marshall Monitor III ANC | Marshall Monitor III ANC | |
---|---|---|
Note | 9 | 9 |
Type de casque | Fermé | Fermé |
Forme | Circum-aural | Circum-aural |
Poids | 250g | 250g |
Sans-Fil | Oui | Oui |
18 décembre 2024 à 14h15