Appliquer le principe de la réduction active du bruit par émission d'ondes contraires à l'univers de la ventilation PC, il fallait y penser. L'autrichien Noctua planche depuis plus d'un an sur la question, en partenariat avec la société suédoise RotoSub, et présente cette semaine à l'occasion du Computex le premier prototype fonctionnel issu de leurs travaux conjoints. La promesse consiste donc en un ventilateur qui serait capable d'annuler de lui-même une partie des nuisances sonores qu'il génère.
La réduction active du bruit, ou contrôle actif du bruit, est un principe déjà bien maîtrisé dans l'univers des casques audio, qui consiste à capturer à l'aide d'un micro les sons parasites ambiants pour ensuite générer, à l'aide des hauts parleurs, l'onde exactement inverse. En théorie, le bruit est ainsi « annulé », et l'oreille laissée libre pour n'entendre que les sons désirés. En pratique, on ne parlera sans doute pas d'une annulation pure et simple, mais qui a déjà essayé un casque noise cancelling de bonne qualité sait que la méthode est efficace.
Toujours très concerné par la problématique de l'efficacité flux d'air / nuisances sonores, Noctua a donc souhaité transposer ce principe à un ventilateur. La donne s'y révèle toutefois sensiblement plus complexe qu'avec un simple casque. Dans un premier temps, parce que le ventilateur est lui-même, via l'air qu'il fait circuler, la source du bruit que l'on souhaite voir disparaître. Ensuite, parce que les sons que l'on va chercher à annuler ne se propagent pas depuis l'extérieur vers un unique point de réception, mais quittent la source d'émission dans une spirale complexe. Il ne serait donc pas possible de compenser les sons parasites à l'aide d'un haut parleurs statique.
La solution à laquelle en sont arrivés Noctua et RotoSub consiste à utiliser le ventilateur lui-même (à savoir le mouvement de rotation des pales) pour compenser le bruit émis par le flux d'air. Pour ce faire, l'autrichien a imaginé d'intégrer dans le contour de son ventilateur une bobine électrique, capable d'agir sur de petits aimants, eux-mêmes placés à l'intérieur des pales du ventilateur. En faisant varier l'intensité du courant qui traverse la bobine, celle-ci attire ou relâche les pales... à la fréquence requise pour que ce nouveau mouvement génère un son exactement inverse de celui du ventilateur.
En réalité, il n'est pas question d'annuler l'intégralité des sons du ventilateur, mais plutôt de supprimer, sur la courbe des fréquences émises, les crêtes qui se révèlent les plus gênantes pour l'auditeur.
Cette nouvelle ondulation compensatoire doit logiquement être ajustée en temps réel, afin de suivre les variations de la vitesse de rotation du ventilateur, ou tenir compte d'éléments difficilement prévisibles (ventilateur collé à un radiateur, poussière sur les pales...). Le ventilateur est donc associé à un petit boîtier, contenant l'électronique nécessaire aux algorithmes qui se chargeront d'ajuster en temps réel l'action de la bobine, en fonction des informations qui lui seront remontées depuis un micro placé à proximité de la source sonore.
Pour l'instant, le micro est visible, collé avec un bout de scotch à l'arrière du dissipateur qui sert de support à la démonstration mais, à terme, Noctua envisage logiquement une intégration complète. Il sera en revanche difficile de miniaturiser suffisamment la partie électronique pour que celle-ci soit rendue totalement invisible.
En attendant, et Noctua ne fait pas mystère de sa fierté : le prototype fonctionne, et la réduction de bruit est bien sensible dès que le dispositif est enclenché, alors que la vitesse du ventilateur reste constante. Pour autant, le produit final est encore loin... l'inconvénient d'un tel système est que s'il ne fonctionne pas de façon parfaitement ajustée, le mécanisme de compensation générera à son tour des nuisances sonores, participant de fait à l'augmentation du bruit plutôt qu'à sa réduction.
A terme, Noctua estime être en mesure de proposer, avec un NF-F12 modifié, un fonctionnement à 2500 tours par minute, pour un niveau sonore équivalent à celui constaté lorsque le NF-F12 traditionnel tourne à 1500 tours par minute. De quoi proposer un flux d'air 80% supérieur, sans compromis sur le bruit. Reste à savoir s'il atteindra son objectif. L'Autrichien dit avoir bon espoir de boucler le projet dans douze à dix-huit mois.