Le principe : brider voire couper le moteur des vélos électriques dans certaines zones, afin de réduire le nombre d’accidents.
Si les vélos électriques ont permis à bon nombre de gens d’abandonner leur voiture au profit de ce mode de transport plus écologique, le surplus de puissance offert par ces montures accroît les risques d’accidents graves. Une réalité d’autant plus exacerbée dans une ville comme Amsterdam, capitale de la petite reine, dont plus de la moitié des habitants enfourchent une bicyclette chaque jour. Le gouvernement travaille sur une mesure radicale : couper le moteur des vélos électriques dans certaines zones urbaines.
Un nombre de victimes en forte hausse
Le principe est simple : un système numérique abaisse automatiquement la puissance des vélos électriques dans certaines zones, principalement résidentielles. Ce système a été testé avec succès sur un tronçon de 4 km à l’aéroport de Schiphol. Le projet est financé à hauteur de 1,3 million d'euros par le ministère néerlandais des Infrastructures, l’aéroport de Schiphol contribue à la même hauteur.
Vous l’imaginez, l’objectif d’une telle mesure n’est pas de forcer les cyclistes à appuyer plus fort sur les pédales, mais plutôt de réduire le nombre de décès imputables à des vitesses excessives. Si la plupart des vélos électriques offrent une vitesse d’environ 20 km/h, certains permettent de frôler les 45 km/h.
En 2019, 65 personnes sont mortes au guidon d’un vélo électrique, contre 57 en 2018. La majorité des victimes étaient de sexe masculin et avaient plus de 65 ans.
Le gouvernement et les citoyens au cœur du projet
La technologie a été conçue en partenariat avec le Townmaking Institute, une organisation à but non lucratif, ainsi qu’avec les fabricants de vélos électriques.
Lors des discussions préliminaires avec ces derniers, ils ont d’abord proposé des solutions basées sur l’intelligence artificielle, installées dans leurs montures et affranchies d’un système pensé à l’échelle de la ville.
Un choix inadapté selon Indranil Bhattacharya, membre de l'Institut, pour qui « la destination des véhicules et leur vitesse ne dépendent pas d'un particulier, d'une entreprise. Dans une démocratie qui fonctionne, c'est le travail des citoyens et du gouvernement ».
De plus, l’objectif est de concevoir un système global, flexible et évolutif : « Supposons que le temps soit vraiment mauvais, qu'il y ait un vent de face de 40 km/h et que les cyclistes soient à l'arrêt, alors couper le courant serait contre-intuitif » précise M. Bhattacharya. Or, cette décision reviendrait logiquement à un responsable politique, lui seul ayant le pouvoir de dire « nous changeons la réglementation. Nous ne coupons pas le courant parce que le temps est mauvais ».
Indranil Bhattacharya ajoute : « Le but est de sortir les individus d'un mode autocentré. Vous avez traversé une zone vide à vélo et vous pensez surtout à vous-même et à votre expérience, mais maintenant que vous arrivez dans une zone bâtie, il s'agit du bien collectif. En réduisant la vitesse, nous la rendons plus sûre pour tout le monde ».
Enfin, à la manière d’un GPS communautaire, le système pourrait également informer le conducteur d’obstacles ou de dangers à venir via une légère vibration du guidon.
À Amsterdam, l’objectif est de déployer cette solution à grande échelle d’ici 2022. Les provinces de Gelderland et de Hollande du Nord s’intéresseraient également au projet.
Source : The Guardian