Une carte Waze sur smartphone © Vlad Ispas / Shutterstock
Une carte Waze sur smartphone © Vlad Ispas / Shutterstock

Les utilisateurs et les maires s'affrontent à distance sur Waze. Pendant que les uns essaient de gagner du temps sur leur itinéraire, les autres redoublent d'imagination pour éloigner le trafic des communes surchargées.

La célèbre application GPS Waze, propriété de Google s'il fallait le rappeler, a facilité la vie de millions d'utilisateurs à travers le monde. Mais l'outil de navigation est aussi devenu l'instrument d'une lutte qui oppose ses utilisateurs toujours plus pressés d'un côté, à ceux qui subissent les conséquences de son expansion de l'autre. En France, les maires sont de plus en plus nombreux à « piéger » leurs routes pour essayer de détourner le trafic de leurs administrés.

L'optimisation des itinéraires de Waze a fait exploser la fréquentation de petites villes

Qui peut douter de l'utilité de Waze ? Bein plus d'une personne, figurez-vous ! On le sait, l'objectif que poursuit l'application est de fournir l'itinéraire le plus rapide possible, en se basant sur son aspect participatif, qui permet aux conducteurs de signaler les conditions de circulation, et ainsi de contribuer à adapter ces fameux itinéraires, le tout en temps réel.

Sauf que voilà, les habitants et les élus de nombreuses communes déplorent la hausse de véhicules, du plus léger au poids lourd, qui traversent leur rue. Partout en France, que ce soit dans l'Oise, en Moselle, en Haute-Garonne, en Seine-Saint-Denis ou encore en Seine-et-Marne, des villages et petites villes se retrouvent transformés en zone de passage pour automobilistes, soucieux d'éviter les axes par exemple bouchés, pour gagner une poignée de minutes sur leur trajet.

Les administrés sont souvent excédés, las du bruit, de la pollution et même des dangers nés de cette sur-fréquentation, qui peut causer des accidents de la route ou menacer la sécurité des riverains et piétons. Et puisqu'aux grands maux les grands remèdes, certaines communes n'hésitent plus à durcir leur réglementation, pour faire fuir les automobilistes.

Les communes se rebiffent pour rallonger le temps de trajet et changer les itinéraires, avec plus ou moins de succès

Aux États-Unis, certaines villes ferment la circulation de rues aux non-résidents de 6 heures à 10 heures, puis de 16 heures à 21 heures, pour éviter le raccourci facile. Et la sanction, une amende de 200 dollars, peut vite tomber si la règle n'est pas respectée. En France aussi, on se remue. Le maire de Lieusaint (14 000 habitants, en Seine-et-Marne) a fait en installer des feux tricolores dans le centre-ville en 2019, auxquels il a ajouté des rues à sens unique et une baisse de la limitation de la vitesse à 30 km/h.

Tout ça pour ralentir les automobilistes. Sans grand succès hélas, puisque les automobilistes continuent de passer par la ville, même si la circulation est légèrement plus fluide. Waze a bien accepté de retirer les itinéraires à proximité immédiate des écoles, pour protéger la sécurité des enfants. Il peut aussi arriver que Waze conclut, comme à Lille, des partenariats qui permettent de limiter le passage sur certains axes stratégiques, ceux où se trouvent des établissements scolaires pour ne citer qu'eux.

Dans d'autres communes, les modifications d'aménagement ont occasionné de meilleurs résultats. À Camphin-en-Carembault, petite commune du Nord de moins de 2 000 habitants, le trafic a baissé de 2 000 voitures par jour. Les ralentissements ont permis de faire apparaître des marqueurs oranges, voire rouges sur l'axe autrefois très emprunté de la localité.

Waze n'est pas si simple à duper

Certains riveraient seraient néanmoins capables de jouer directement sur les recommandations des applications. À Berlin par exemple, un artiste est parvenu à faire passer son tracé du vert au rouge sur certaines d'entre elles, à l'aide d'une centaine de smartphones avec géolocalisation activée, le but étant de faire croire aux applications, avec succès selon lui, à la naissance d'un bouchon, qui pousse alors les automobilistes vers un autre trajet.

À ce sujet, Waze affirme être imperméable. « Le processus de routage prend en compte plusieurs points de données (Nldr : dont on ignore le nombre exact), de sorte que même si les gens soumettent de fausses déclarations, cela n’aura pas d’effet durable sur le routage », explique l'application.

Si une loi du 7 octobre 2016 force les collectivités de plus de 50 agents et 3 500 habitants à publier leurs données de circulation en open data, ce qui empêche Waze d'en revendiquer l'exclusivité, l'outil peut en revanche toujours conserver son avantage dans les plus petites communes, qui ne peuvent, hélas, pas protéger ces informations.

Waze
  • Application colorée et ergonomique
  • Planification de trajet
  • Signalement d'imprévus collaboratif
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Source : Le Monde