13 000 tonnes de CO2 : c'est ce qu'auraient émis les trottinettes électriques en free floating dans Paris sur l'ensemble de l'année 2019, selon des travaux menés par les chercheuses Anne de Bortoli et Zoi Christorofou. Soit l'équivalent des émissions annuelles en dioxyde de carbone de 16 000 Français.
Parmi les causes expliquant un bilan carbone pas si positif, se trouvent le faible remplacement des trajets en voiture par la trottinette électrique et les très faibles émissions de transports en commun parisiens tels que le métro et le RER. Par ailleurs, la maintenance, la fabrication et la recharge des batteries alimentant les trottinettes sont autant de facteurs ne plaidant pas pour elle.
De l'eau apportée au moulin des opposants à ce véhicule électrique
Deux chercheuses associées à l'université de Patras (Grèce), Anne de Bortoli et Zoi Christorofou, ont rendu une étude sur l'impact environnemental des trottinettes électriques dans la ville de Paris au cours de l'année 2019. Celle-ci a été publiée dans le Journal of Cleaner Production, une revue scientifique spécialisée dans les problématiques liant écologie et industrie. La flotte de trottinettes électriques, sans cesse en croissance dans la capitale française et, plus largement, dans l'Hexagone, ne permettrait pas d'améliorer son bilan carbone. Déjà décriée pour son coût, sa vitesse et la manière dont les traitent certains usagers, au point de les jeter dans la Seine, la trottinette électrique ne fait pas que des émules.
Dans le cas précis de cette étude, les chercheuses ont simulé le bilan carbone annuel de ces véhicules en free floating. À partir d'un échantillon de 500 utilisateurs durant l'été 2019, les données ont été extrapolées « à 1 million d'usagers à Paris, avant de calculer ce que cela représenterait pour une année » a détaillé Anne de Bortoli au Figaro. Avec pour résultat un bilan plutôt lourd chiffré à 13 000 tonnes de CO2 de plus, soit les émissions annuelles moyennes de 16 000 Français. Et encore, les chercheuses auraient vu large en accordant une espérance de vie moyenne d'un an à chaque trottinette et 3 750 km parcourus.
Dans le cas de Paris, les trottinettes électriques ne sont pas si vertes
Plusieurs facteurs expliquent ce bilan mitigé. Tout d'abord, on peut citer les moyens de transports que remplace la trottinette, qui seraient en réalité plus durables qu'elle. Selon l'étude, 60 % des personnes sondées utiliseraient la trottinette électrique à la place du métro et 22 % pour remplacer le RER. Deux moyens de locomotion à très faible bilan carbone, comme le précise Anne de Bortoli au Figaro : « Une trottinette émet 109 g de CO2 au km, la voiture 200 g (pour un passager), quand le métro et le RER en émettent entre 8 et 10 g, et le vélo, 15 g. »
De plus, la maintenance des trottinettes électriques, de même que leur fabrication, entre l'aluminium pour le cadre et le lithium pour la batterie, seraient plus voraces en énergie que les solutions ferroviaires. Si la chercheuse admet que l'impact de la trottinette électrique serait bien plus positif dans des villes où la voiture est prédominante, Paris voit son bilan carbone finalement alourdi par ce type de véhicule. Serait-ce suffisant pour retourner dans les transports en commun francilien ?
Sources : Le Figaro, Journal of Cleaner Production, FranceInfo