La controverse ne cesse de prendre de l'ampleur aux Etats-Unis après que plusieurs fabricants de terminaux Android (HTC, Samsung) et Blackberry ont reconnu avoir intégré le logiciel Carrier IQ à leur terminaux à la demande des opérateurs locaux. Découvert par Trevor Eckhart, ce client discret et impossible à désinstaller simplement est non seulement soupçonné de recueillir de nombreuses informations sur l'usage qui est fait d'un téléphone (frappe clavier, position, appels, etc.), mais aussi de transmettre ces données aux opérateurs par l'intermédiaire d'un portail Web. Bien que les opérateurs présentent Carrier IQ comme un outil de diagnostic, censé les aider à identifier pannes et dysfonctionnements, d'aucuns y voient une violation délibérée de la vie privée.
Apple restait étranger à la polémique, jusqu'à ce que des hackers décident de regarder de plus près ce qui se passe au sein d'iOS, son système d'exploitation mobile. Chpwn, développeur d'applications iPhone non officielles (distribuées sur Cydia), affirme ainsi avoir découvert des traces du logiciel au sein d'iOS 3 et iOS 4. La somme d'informations collectées se révélerait toutefois moins importante que sur d'autres environnements concurrents. Selon Chpwn, elle se limiterait au numéro de téléphone, à l'opérateur, au pays, aux appels passés et à la localisation géographique si l'utilisateur a activé l'option correspondante : un volume de données suffisant pour faire craindre une atteinte à la vie privée même si dans son implémentation iOS, Carrier IQ n'aurait aucun accès à l'interface utilisateur et donc, à des informations comme le contenu des messages ou l'adresse des sites visités sur le Web.
Apple, sans doute échaudé par le souvenir du scandale « Consolidated.db », n'a pour une fois pas tardé à réagir. Dans une communication adressée aux médias américains, la société affirme avoir d'ores et déjà cessé d'utiliser Carrier IQ au sein d'iOS 5 et promet que le logiciel sera complètement supprimé lors d'une future mise à jour du système. « Pour ce qui est des données de diagnostic envoyées à Apple, les clients doivent expressément accepter de partager ces informations et s'ils le font, les données sont envoyées de façon anonyme et chiffrée, sans inclure la moindre information personnelle », assure-t-elle encore.
Interrogée par ArsTechnica, elle a par ailleurs précisé que parmi les téléphones équipés d'iOS 5, seul l'iPhone 4 faisait encore appel à Carrier IQ, via le service de diagnostic que l'utilisateur a la possibilité d'activer ou de désactiver lors du premier paramétrage du téléphone. Via le menu Réglages du téléphone, on peut vérifier l'état de ce service, le stopper s'il était actif, et consulter la déclaration de confidentialité par l'intermédiaire de laquelle Apple promet qu'aucune information personnelle ne pourra être transmise par ce biais, à l'exception des données de localisation si le service correspondant est actif.
« Il semblerait que si vous soyez vraiment attentif à tout ça, Windows Phone 7 soit le seul système d'exploitation mobile à ne pas avoir (ce logiciel) installé :P », conclut Chpwn. « Quoi qu'il en soit, je pense que ceux qu'il faut blâmer ici sont les opérateurs américains, qui ont à l'évidence demandé ceci : personnellement, je suis d'accord avec le fait que des données soient envoyées (particulièrement si cela peut aider à améliorer le réseau d'AT&T), mais j'aurais vraiment préféré que tout ceci soit plus transparent ». Difficile de ne pas souscrire à la dernière proposition...
- Dans iOS 5, le service de diagnostic est accessible via le menu Réglages, Informations, Diagnostic et Utilisation.