© Veolia Library
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La multinationale française a annoncé avoir remis au groupe énergétique Engie, dimanche, une offre ayant pour but de s'emparer de la totalité ou presque de ses parts dans Suez, son concurrent et autre géant national.

C'est une discussion entre « grands » qui devrait avoir lieu après que Veolia a annoncé, le 30 août, avoir déposé une offre en vue du rachat des parts détenues par Engie dans Suez. L'ambition du leader mondial des services à l'environnement est claire : il veut créer « le grand champion mondial français de la transformation écologique ». Cette fois, le groupe a bien l'intention d'aller au bout de son offre. Il doit tout de même se rappeler au bon souvenir de la fusion avortée avec Suez, il y a déjà huit ans.

Suez prend acte et annonce la réunion prochaine de son conseil d'administration

Avant le dépôt officiel de l'offre, celle-ci avait, en amont, été acceptée par tous les membres du conseil d'administration de Veolia. Elle vise à éjecter Engie, qui détient 32% du capital de Suez, et à s'emparer de 29,9% de ses parts, pour à son tour entrer au capital. L'invective prendra la forme d'une offre publique d'acquisition (OPA) du solde des actions de Suez. Une opération, hors dette, que l'on estime à environ 10 milliards d'euros.

« Ce projet nous permettra de compléter les solutions que nous fournissons aux acteurs publics et privés afin de leur donner les moyens de réduire durablement leur impact environnemental », a déclaré le président-directeur général de Veolia Environnement, Antoine Frérot, dont le mandat court jusqu'en 2022. Et le dirigeant d'ajouter que « cette opportunité historique permettra de construire le grand champion mondial français de la transformation écologique, tout en accélérant le développement international et en renforçant la capacité d’innovation du nouvel ensemble ».

Si pour Veolia, il s'agit d'une OPA amicale, le groupe confirmant partager les mêmes métiers, culture et valeurs que Suez, ce dernier a répondu, dimanche dans la foulée, avoir « pris acte » du communiqué de son concurrent Veolia, en précisant, et c'est important, que l'offre n'avait fait l'objet « d'aucune discussion avec Suez », qui réunira son conseil d'administration au plus vite, pour « étudier l'opération et ses impacts envisagés ». Au mois d'octobre dernier, Suez avait dévoilé un plan visant à s'emparer de la place de numéro un de Veolia.

L'État se montre et prévient qu'il sera « vigilant »

Cette acquisition des parts d'Engie détenues dans Suez sera évidemment scrutée par l'État et l'Autorité de la concurrence. Ce lundi, le gouvernement dit son intention d'être « vigilant aux engagements que prendra Veolia en termes de maintien de l'emploi en France, et de conservation des actifs stratégiques pour la France ». Rappelons que l'État reste actionnaire de référence d'Engie, qui détient près de 24% de son capital. Si l'offre aboutit, Veolia a l'intention de déposer une offre publique d'achat portant sur les actions restantes. L'opération devrait, au minimum, prendre entre 12 et 18 mois, le temps de satisfaire à diverses exigences, réglementaires notamment. Le conseil d'Engie, lui, a jusqu'à la fin du mois de septembre pour réagir.

Veolia et Suez, ça pèse

À eux deux, les groupes Veolia et Suez font état d'un chiffre d'affaires cumulé de quelque 45 milliards d'euros pour la seule année 2019, et emploient 260 000 personnes dans le monde.

Veolia pose plusieurs arguments sur la table pour motiver sa volonté de créer « le groupe pour le monde d'après ». Outre l'urgence écologique, conjuguée au Green Deal européen face aux plans de relance de différents pays, le groupe rappelle que Veolia et Suez sont complémentaires s'agissant du traitement et de la distribution de l'eau, de la collecte et de la valorisation des déchets. « La combinaison des talents et des compétences de recherche accélérerait le développement de ces solutions d’avenir et permettrait un meilleur amortissement des investissements nécessaires », précise également Veolia. Un accord entre les deux géants faciliterait aussi le financement de solutions et d'installations communes, aidant notamment au recyclage, de matières recyclables aujourd'hui et d'autres pas encore, ou encore à la capture du carbone.

Renforcer le poids des deux marques sur le plan international, sans menacer l'emploi

En se rapprochant, Veolia et Suez pourraient à la fois renforcer leur position là où les groupes sont tous les deux implantés, et parfaitement se compléter là où seul l'un d'entre eux est présent. L'entreprise Veolia est par exemple bien implantée au Royaume-Uni et en Europe centrale et orientale. Suez l'est davantage en Espagne et en Europe du Nord. En Amérique du Sud et en Australie, Veolia doublerait sa taille et pourrait être plus puissant en Amérique du Nord et en Asie. Faisant davantage peser encore les deux marques sur le plan international, un élément indispensable à leur développement et à leur rayonnement.

Veolia doit aussi trouver un acquéreur pour les activités de Suez Eau France, acteur qui aurait été trouvé. Il s'agirait d'une entreprise française de gestion d'infrastructures, Meridiam, qui indique s'être engagée à cette acquisition. C'est l'une des craintes de l'État, mais Veolia l'assure : « l'opération serait réalisée sans effet négatif sur l'emploi en France ».

Veolia (ex-Générale des eaux) et Suez (ex-Lyonnaise des eaux) devront donc composer avec le troisième acteur, Engie, qui promet d'étudier la proposition dans les prochaines semaines. Le groupe énergétique choisira « la solution la plus attractive pour ses actionnaires ».

Source : communiqué de presse, Suez