Le ministre français estime que les États-Unis cherchent volontairement à bloquer les négociations visant à déboucher sur une taxation mondiale des géants du numérique.
Les États-Unis mettraient-ils tout en oeuvre pour tenter d'échapper à la taxe GAFA mondiale que porte Bruno Le Maire ? Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance n'est en tout cas pas loin de le croire. Selon lui, Washington ne voudrait pas d'un accord à l'OCDE sur la taxation des géants du numérique. De quoi relancer le débat autour d'une taxation nationale voire européenne, et des sanctions économiques potentielles en retour.
« Les États-Unis [….] nous empêchent de parvenir à un accord »
La France et Bruno Le Maire misent beaucoup sur l'accord recherché au sein de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Mais sans la participation ni l'aval du pays le plus concerné par la taxe GAFA, il sera difficile de faire aboutir les négociations.
« C'est très clair, les États-Unis ne veulent pas d'une taxe numérique à l'OCDE », a déclaré le ministre mercredi. « Ils créent donc des obstacles qui nous empêchent de parvenir à un accord même si le travail technique est fait ».
Car effectivement un accord était attendu pour le mois prochain au sein de l'OCDE, renforcé par des négociations menées entre 140 pays depuis de longs mois. Mais le retrait progressif du jeu des USA, qui avaient quitté la table des négociations au mois de juin, change la donne et il semble désormais peu probable qu'un accord puisse être entériné entre toutes les parties avant la fin de l'année.
Et si la taxation internationale espérée devenait européenne ?
Malgré les déconvenues, la motivation de Bruno Le Maire reste intacte. Celui qui a la confiance d'Emmanuel Macron depuis son élection en 2017 ne désespère pas à l'idée de trouver un accord. Quitte à transformer la potentielle taxe internationale en une taxe européenne faisable.
« Si le blocage américain est confirmé d'ici la fin de l'année, nous comptons sur l'Union européenne pour faire une proposition formelle de taxation des activités numériques au premier trimestre 2021 » prévient le ministre, en faisant au passage pression sur son homologue irlandais, Paschal Donohue, président de l'Eurogroupe qui a promis de soutenir la taxe malgré les réticences de Dublin.
On ignore en revanche si la France maintiendra la suspension de sa taxe GAFA nationale au-delà de 2020. En théorie, elle est censée être suspendue jusqu'à la fin de l'année. Mais la menace des sanctions économiques américaines a sans doute refroidi les ardeurs de l'État qui préfère miser sur un accord pluri-étatique, l'union faisant la force.
Source : France 24