La filiale française du géant de la livraison rapide de courses, Getir, pourrait quitter l'hexagone, évoquant la trop lourde réglementation de l'activité.
Mise à jour du 25 avril 2023, après réception du communiqué de Getir, que nous nous permettons de relayer :
« Après avoir acquis Gorillas et Frichti en France, Getir va déposer une demande de redressement judiciaire, chacune des trois entités étant placée sous le contrôle et la protection du tribunal de commerce de Paris. Une audience aura lieu avant la fin du mois d'avril.
Getir opère dans 9 pays et l'acquisition de Gorillas concernait 5 marchés : Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, États-Unis et France. Les raisons qui ont conduit Getir à prendre cette décision sont spécifiques à la France. L'évolution de la réglementation crée également des complexités supplémentaires pour Getir en France.
Getir a inventé une activité unique et nouvelle. Comme beaucoup d'innovations sur le marché, il faut du temps pour trouver un mode de fonctionnement et de développement durable, en particulier en France.
La décision de Getir d'entamer cette procédure n'affectera pas les clients puisqu'ils pourront continuer à utiliser les services de Getir comme d'habitude. L’objectif de Getir avec cette procédure est de créer un modèle durable à long terme en France ».
Moins de deux ans après son arrivée en France et aujourd'hui présente dans plusieurs grandes villes comme Paris, Lille, Marseille, Lyon ou encore Montpellier, Getir a demandé son placement en redressement judiciaire. La requête, déposée au bureau du tribunal de commerce de Paris, fait suite à l'évolution de la réglementation, que l'entreprise ne semble plus vouloir supporter.
Getir France et ses filiales bientôt à l'arrêt ?
Ses vélos et scooters électriques fourmillent un peu partout dans les grandes agglomérations du pays. Mais bientôt, les bonhommes en jaune et violet pourraient devoir ranger leur machine au garage. Géant turc de la livraison en quelques minutes de produits d'épicerie, Getir France n'est officiellement pas en difficulté financière. Ce sont au contraire les règles imposées aux opérateurs de ce que l'on appelle le « quick commerce » qui poussent aujourd'hui la société à vouloir quitter le territoire.
Cette décision ne concerne pas Getir France uniquement, mais aussi les entreprises Gorillas et Frichti, spécialistes elles aussi de la livraison rapide, qui vont être précipitées dans sa chute. Gorillas (qui possédait Frichti) fut rachetée à la fin de l'année dernière par Getir, pour plus d'un milliard de dollars.
Les trois entités françaises vont donc être placées sous le contrôle et la protection du tribunal de commerce de Paris, comme Getir l'indique dans un communiqué, ce qui amène à se demander quel sort sera réservé aux 900 salariés de Getir, aux 500 employés de Gorillas et aux 400 collaborateurs de Frichti.
Un coup fatal porté par la nouvelle régulation des dark stores
En mars dernier, Getir avait déjà bien senti le vent tourner. Le gouvernement avait, en effet, évoqué la possibilité d'une régulation des dark stores dans les villes, à la discrétion des mairies. Ici, l'exécutif visait les locaux qui stockent des produits à livrer et qui sont utilisés par des entreprises comme Getir.
Ces locaux ne sont, d'un point de vue légal, plus considérés comme des commerces, mais comme des entrepôts, ce qui fait toute la différence. Ils peuvent ainsi être contraints de fermer si le Plan local d'urbanisme (PLU, qui fixe les règles d'aménagement et d'utilisation des sols à l'échelle d'une commune ou d'un groupement de communes) interdit ce type d'activité à leur adresse.
Pour l'instant, les clients français peuvent toujours faire appel à Getir pour leurs commandes. Même si certains entrepôts sont en pause, l'activité de l'entreprise n'est pas censée être interrompue durant la procédure judiciaire.
Source : Le Figaro