L'enseigne Gap France indique sur son site internet interrompre momentanément ses activités en ligne. En coulisses se préparerait la déclaration de cessation de paiement. De quoi plonger un peu plus l'empire de Michel Ohayon dans la crise.
« Chères clientes, chers clients, nous sommes momentanément contraints de stopper les commandes e-commerce pour garantir une qualité de service suffisante, veuillez nous en excuser. Nous vous donnons rendez-vous en boutiques. » Ce message, c'est celui que vous pouvez retrouver sur la page d'accueil du site web de Gap France, qui a donc arrêté son activité de e-commerce. Officieusement, l'enseigne est en grande difficulté et pourrait dans les prochains jours se déclarer en cessation de paiement.
Une crise des ventes physiques de plus en plus visible
Les temps sont durs pour les enseignes de prêt-à-porter. Quelques heures à peine après la confirmation par le tribunal de commerce de Marseille de la fin de l'aventure San Marina (163 magasins), ce sont à présent les équipes de Gap France qui sont dans la tourmente, après l'annonce de l'arrêt des ventes en ligne. En attendant pire.
Délégué syndical CFDT de l'enseigne, Brayan Brandao a confié à l'AFP que l'activité de vente en ligne est fermée depuis une semaine. Il a au passage confirmé que l'un des magasins de la marque situé à Paris devrait définitivement baisser le rideau d'ici la fin du mois de mars.
Si la maison mère de Gap France, Hermione People & Brands, n'a pas voulu confirmer ni infirmer cette information, l'enseigne qui emploie aujourd'hui 350 personnes en France a de plus en plus de mal à supporter le coût des loyers de ses magasins physiques. Pour le cas du magasin parisien s'apprêtant à fermer, le propriétaire a réévalué le coût du simple au double, le loyer devenant trop important par rapport au chiffre d'affaires de la boutique.
Le déclin des boutiques physiques, provoqué par les géants de la vente en ligne et profitable pour eux ?
L'arrêt de la vente en ligne couplé aux perspectives de fermeture(s) n'est pas un bon signe pour Gap France. La filiale française appartient à un certain Michel Ohayon qui cumule les crises. Après avoir fait fortune dans l'immobilier, il a racheté différentes enseignes de distribution. Parmi elles, Camaïeu n'existe plus, et Go Sport est en redressement judiciaire et pourrait subir le même sort. Gap France cherche des repreneurs, tout comme l'enseigne sportive d'ailleurs.
En outre, Ohayon possède une trentaine de magasins Galeries Lafayette pour lesquels il vient de demander l'ouverture d'une procédure de sauvegarde. Les entreprises qui font une telle demande ne jouissent plus d'une trésorerie suffisante pour régler leurs dettes. Il s'agit d'une possible étape préalable à une cessation de paiement. Les repreneurs éventuels de Go Sport et Gap France ont jusqu'au 10 mars pour se manifester.
En attendant, la crise des magasins physiques profite, depuis plusieurs années déjà, aux grands acteurs du e-commerce, étrangers ou français, comme Amazon, Cdiscount, Showroomprive.com et d'autres. Ces derniers l'ont un peu provoquée à l'origine et sont en train de bousculer, voire de réinventer l'économie du prêt-à-porter, au détriment des commerces de proximité.