Cela pourrait être aussi une mauvaise nouvelle pour Microsoft. La société compte bien sur les Ultrabook pour étendre son futur système d'exploitation, Windows 8, en plus des tablettes et terminaux hybrides qui exploiteront son interface tactile. Selon les prévisions du cabinet IHS iSuppli, il se vendra, en 2012, 10,3 millions d'Ultrabook. C'est une révision drastique des précédentes projections, qui tablaient sur 22 millions de livraisons... Idem en 2013 : le cabinet ramène les prévisions de ventes de 61 à 44 millions, malgré l'arrivée de l'architecture Haswell, très attendue par Intel pour booster le secteur.
Malgré tout, les ventes évoluent, trimestre après trimestre. Effet de saisonnalité, c'est au quatrième trimestre 2012 que les livraisons seront au plus haut, avec environ 5 millions d'Ultrabook, soit la moitié des ventes de l'année. Outre les fêtes de fin d'année, c'est surtout l'arrivée de Windows 8, le 26 octobre, qui est attendue pour faire décoller ces machines. Même si ce lancement ne semble pas encourager significativement les ventes, selon l'étude.
Pourquoi ce manque de succès commercial ? « Jusqu'à présent, l'industrie du PC n'a pas réussi à créer de buzz autour des Ultrabook afin de susciter un engouement chez les consommateurs », indique l'analyste Craig Stice. Pour lui, les marques n'ont pas assuré le coup au niveau du marketing, d'autant plus que les tablettes submergent les médias depuis plusieurs mois, et que leur succès se confirme à chaque trimestre. Apple, qui possède 68,2% du marché des tablettes au second trimestre selon IDC, a vendu sur la période 17 millions d'iPad, soit une hausse de quelque 84% sur un an.
L'autre frein à l'adoption des Ultrabook est à trouver du côté du prix, de l'« ultra-prix », ironise le cabinet. Pour pénétrer le marché grand public, ces machines ont besoin de prix inférieurs à 500 euros, explique IHS iSuppli, « comparé aux 800 euros demandés aujourd'hui ». « Si des Ultrabook équipés de Windows 8 sont vendus à moins de 500 euros, avec en plus des fonctionnalités tactiles, les ventes décolleront en 2013 », commente l'auteur de l'étude.
Selon le cabinet, un autre facteur pourra affecter les ventes l'année prochaine : le fait qu'Intel soit de plus en plus restrictif sur la définition de ce qu'est un Ultrabook. Un problème que nous soulevions en juillet dernier. À la base, le nom Ultrabook a été déposé par Intel en 2007, et désigne, dans les grandes lignes, un ordinateur portable inférieur à 18 mm pour 13,3 pouces et possédant un disque SSD. Depuis, des sociétés comme Asus, Acer ou Dell se sont lancés avec des critères pas toujours respectés. « Certains notebooks ont aussi adopté cette désignation », ajoute le cabinet. Au final, la marque Ultrabook est diluée et perd le consommateur.
Et les contours de ces appareils devraient encore évoluer. À l'occasion de l'Intel Developper Forum 2012, qui s'est déroulé à la mi-septembre à San Francisco, la firme de Santa Clara a vanté les mérites des modèles hybrides, dont l'écran tactile se détache pour devenir une tablette. La société prévoit d'en lancer une quarantaine. Une évolution qui va de pair avec l'adoption de l'interface Modern UI de Windows 8. Selon une étude citée par Intel, quand les utilisateurs ont le choix entre clavier et écran tactile, ils choisissent ce dernier dans 80% des cas. Fort de ce chiffre, on se demande pourquoi Intel ne met pas plus l'accent sur les tablettes.