Le numérique, un "secteur insuffisamment exploité" selon Gilles Babinet

Olivier Robillart
Publié le 26 février 2013 à 15h35
L'Institut Montaigne vient de publier un rapport destiné à dégager des pistes de développement pour le secteur du numérique. Rédigé par Gilles Babinet, entrepreneur et premier président du Conseil national du numérique, le document demande à ce que la filière soit mieux intégrée aux plans de développement de l'Economie et ne soit plus considérée comme un élément autonome.

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Dans un rapport publié par l'Institut Montaigne (.pdf), Gilles Babinet (Eyeka) tient à rappeler que le secteur du numérique « représente 5,2% du PIB et 3,7 % de l'emploi. Les secteurs transformés par le numérique (édition, musique, audiovisuel, finance, publicité) représentent 12 % du PIB ».

Toutefois, l'ex-président du Conseil national du numérique constate que la France risque de se retrouver distancée en matière de nombre de brevets déposés sur 3 territoires différents. En 2005, par exemple, il souligne que le nombre de dépôts de ce type est, en France, inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE.

Il estime ainsi que l'économie numérique doit bénéficier d'investissements plus conséquents et ajoute que le déficit de la France « se situe au niveau des incubateurs d'entreprises et des Business Angels. Ainsi, dans l'analyse la plus favorable, on recense au mieux 4 000 Business Angels au total en France contre 50 000 au Royaume-Uni et plus de 265 000 aux États-Unis ». Selon Gilles Babinet, des mesures fiscales incitatives devraient donc être entreprises tout comme une rationalisation de l'ensemble des aides publiques actuellement disponibles (Oseo, FSI, CDC, BPI...).

En matière de pôles d'excellence, l'Institut préconise de renforcer les moyens alloués à cette stratégie. « Ainsi, le cluster du plateau de Saclay compte moins de dix entreprises quand on en recense huit cent à l'East London Tech City, mille dans le Kista en Suède et plus de deux mille dans la Silicon Wadi en Israël », précise le rapport.

Plusieurs préconisations sont ainsi présentées :

  • Créer un statut d'entreprise de croissance afin d'offrir une fiscalité dérogatoire et simplifiée non seulement aux entrepreneurs mais aussi aux investisseurs et aux salariés.
  • Confier au Conseil national du numérique la mission de constituer un réseau d'entrepreneurs français à l'étranger.
  • Spécialiser deux à quatre pôles de compétitivité sur le numérique et des secteurs sur lesquels la France dispose d'atouts identifiés : aérospatial, biotechnologies, Big Data...
  • Confier à l'Agence pour la création d'entreprises le développement d'un portail d'applications en Saas spécifiquement dédiées aux PME.
  • Développer l'Open Data, c'est-à-dire la politique d'ouverture des données publiques accessibles à tous les citoyens, notamment sur l'éducation et la santé.

Sur ce dernier point, Gilles Babinet a donné un avis personnel auprès du site usinenouvelle. Dans une interview, il livre un réquisitoire à l'encontre de la Cnil, qualifiant l'autorité « d'ennemi de la Nation ». Il recommande ainsi de « soit profondément réformer soit fermer la Cnil. Il y a d'un côté les 'archéo-rétrogrades' qui veulent conserver un État hypercentralisé et dont la CNIL serait le porte-drapeau. De l'autre, une société civile qui veut moderniser le pays. Mais dès que s'ouvre un débat sur le numérique, il y a toujours quelqu'un pour brandir des questions de préservation de la vie privée ou de sauvegarde de l'emploi ».

Des propos durs mais qui risquent de manquer leur cible. La Cnil est en effet chargée de veiller au respect des règles en matière d'utilisation des données personnelles. Elle n'est donc pas garante de la vitalité ou de l'absence de vigueur de l'économie numérique en France.
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