Le rejet de l'injonction d'Elon Musk contre OpenAI dissimule un tournant potentiellement favorable au milliardaire. La juge fédérale a planifié un procès accéléré pour l'automne 2025, offrant une nouvelle chance au co-fondateur de bloquer la transformation controversée de l'organisation en entreprise à but lucratif.

La suite (et fin) du feuilleton cet automne ? © AFP
La suite (et fin) du feuilleton cet automne ? © AFP

La confrontation entre Musk et OpenAI s'intensifie après plusieurs mois d'escarmouches juridiques et médiatiques. Après une tentative de rachat à 97,4 milliards de dollars rejetée par Sam Altman, le dirigeant de Tesla poursuit sa croisade contre l'entreprise qu'il accuse d'avoir trahi sa mission originelle. La récente décision judiciaire, bien que rejetant sa demande immédiate, ouvre paradoxalement la voie à un affrontement plus déterminant.

Première manche perdue pour Musk, mais une bataille loin d'être terminée

La semaine dernière, un juge fédéral californien a rejeté la demande d'injonction préliminaire déposée par Elon Musk, visant à stopper immédiatement le changement de statut juridique d'OpenAI. Cette décision représente un revers important pour Musk, qui accuse l'entreprise d'avoir trahi sa mission initiale en privilégiant désormais les profits au détriment du bien commun.

Pour autant, cette défaite judiciaire n'est pas synonyme de fin de partie pour le fondateur de Tesla et patron de xAI. En effet, le juge Yvonne Gonzalez Rogers a exprimé des préoccupations sur la légitimité du passage d'une structure associative à une société lucrative. Elle a ainsi proposé un procès accéléré dès l'automne prochain afin d'examiner plus en profondeur les arguments des deux parties.

Elon Musk © Shutterstock
Elon Musk © Shutterstock

Les enjeux sont considérables : OpenAI prévoit une transition vers une « public benefit corporation » (PBC), une forme juridique hybride permettant à l'entreprise de poursuivre des objectifs sociaux tout en générant des bénéfices. Cette évolution lui ouvrirait la porte à des investissements massifs nécessaires au développement coûteux des grands modèles d'intelligence artificielle comme GPT-5.

Une bataille aux multiples facettes

Pour Elon Musk, cette affaire dépasse largement le cadre juridique : c'est aussi une question de principe. Le milliardaire avait participé au financement initial d'OpenAI en 2015 avec l'ambition affichée que les recherches en intelligence artificielle restent ouvertes et bénéfiques pour tous. Depuis son départ en 2018 pour se concentrer sur Tesla et SpaceX, il critique régulièrement les orientations prises par OpenAI.

Son opposition s'est intensifiée ces derniers mois avec le lancement de sa propre entreprise concurrente, xAI. Musk estime qu'OpenAI s'éloigne dangereusement de ses engagements éthiques initiaux et craint que cette transition vers le profit ne compromette la sécurité et la transparence nécessaires au développement responsable de ces technologies.

Des arguments juridiques complexes

Le juge californien Yvonne Gonzalez Rogers a justifié son refus d'accorder l'injonction par l'insuffisance des preuves apportées par Musk concernant un éventuel préjudice irréparable. Toutefois, elle a exprimé certaines préoccupations sur le fond : selon elle, convertir une organisation financée par des dons publics vers un modèle lucratif pourrait causer « un préjudice significatif et irréparable » aux intérêts publics.

Cette remarque pourrait peser lourd lors du procès prévu cet automne. Les avocats représentant Musk y voient un signe encourageant pour leur stratégie future. De leur côté, les représentants d'OpenAI restent confiants quant à la légalité et à la nécessité économique de leur démarche. Ils soulignent notamment que ce changement permettra à OpenAI d'attirer davantage d'investissements indispensables au financement coûteux des infrastructures IA modernes.

En parallèle, plusieurs procureurs généraux américains mènent déjà leurs propres enquêtes sur cette transition controversée. Leur attention pourrait s'intensifier suite aux réserves exprimées par le juge Rogers concernant les engagements initiaux pris par les dirigeants actuels d'OpenAI quant à leur enrichissement personnel.

Source : Tech Crunch