Mark Zuckerberg, Fondateur et P.-D.G. de Facebook, lors de son audition au Congrès américain. © Congress
Mark Zuckerberg, Fondateur et P.-D.G. de Facebook, lors de son audition au Congrès américain. © Congress

Prioriser les intérêts de l'entreprise plutôt que ceux des usagers de son service, tel est le reproche fait par une ancienne cheffe de produit à son ex-employeur : Facebook. Le réseau social, déjà dans la tourmente depuis de longues semaines, fait ainsi l'objet d'une polémique supplémentaire.

Une déferlante partie d'articles publiés par le Wall Street Journal et provenant de documents internes à Facebook partagés, au moins pour partie, par Frances Haugen, qui a quitté la firme en mai dernier. L'ancienne salariée de Facebook s'est exprimée sur CBS durant un quart d'heure ce 3 octobre pour justifier sa position.

Certains choix de Zuckerberg causeraient des dommages

Frances Haugen ne travaille plus chez Facebook, mais elle est pour autant décidée à ce que les choses changent au sein du réseau social fondé en 2004 par Mark Zuckerberg. L'ancienne cheffe de produit accuse Facebook de « perpétuer un mal, notamment en ne traitant pas correctement la haine sur la plateforme, mais aussi en contribuant aux troubles de l'alimentation connus, aux pensées suicidaires et en prenant des décisions dans son propre intérêt plutôt que celui de ses utilisateurs ».

L'écho de son interview est d'autant plus fort que Frances Haugen n'a pas choisi n'importe quelle émission pour s'exprimer. 60 Minutes est une institution de CBS aux Etats-Unis depuis plus de cinquante ans, et la vidéo publiée sur YouTube cumule déjà près de 420 000 vues en seulement treize heures sur la chaîne officielle de l'émission.

Frances Haugen est cependant claire : elle n'accuse pas Mark Zuckerberg d'avoir « créé une plateforme haineuse » et déclare « avoir beaucoup d'empathie pour lui ». Néanmoins, ce dernier « a permis de faire des choix entraînant une plus grande visibilité et un portée plus importante pour le contenu haineux et polarisant », selon son ancienne employée.

Facebook conteste la vision de Haugen

L'interview de Frances Haugen avec le journaliste de CBS Scott Pelley est à retrouver en vidéo YouTube ci-dessous. Et, dans une certaine logique, ses propos ont été suivis par un démenti de la part de la directrice des politiques de communication de Facebook, Lena Pietsch. Celle-ci a déclaré que « chaque jour, les équipes [de Facebook, ndlr.] doivent concilier la protection de la capacité de milliards de personnes à s'exprimer ouvertement, et la nécessité de faire de la plateforme un endroit sûr et positif. Nous continuons à apporter des améliorations significatives pour lutter contre la propagation de fausses informations et de contenu préjudiciable ».

De son côté, Frances Haugen a déjà transmis plusieurs documents internes au Wall Street Journal qui ont permis au média américain de sortir une série d'articles suscitant la controverse, portant notamment sur la perception qu'a Facebook de l'utilisation qui est faite d'Instagram par les plus jeunes.

Frances Haugen a également prévu d'aller témoigner cette semaine devant le Congrès américain pour encourager les autorités américaines à réguler le réseau social. En septembre, ses avocats ont déposé plusieurs plaintes auprès de la Securities and Exchange Commission : en effet les données internes de Facebook contrediraient les déclarations publiques faites par la firme. Une affaire loin d'être close en somme.