© Frédéric Dugit / © Jacques Witt
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Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont tous les deux qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle qui se tient dimanche. Si le programme du candidat sortant va dans la continuité de son quinquennat passé, celui de la candidate d'extrême droite se veut ambitieux dans sa lutte contre l'hégémonie des Gafam.

Souveraineté numérique, cybersécurité, Cloud et réseaux sociaux, voici les principales mesures que veulent mettre en place les deux candidats s'ils sont élus.

Les Gafam au cœur des préoccupations

Que ce soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, un seul mot d'ordre revient sur la table : la souveraineté numérique face aux géants mondiaux que sont Amazon, Google, Microsoft ou les géants chinois. Emmanuel Macron veut continuer la construction d'un grand Cloud de l’État et ses politiques mises en place. Les structures publiques peuvent faire héberger des données sur des logiciels américains mais via des structures répondant aux lois européennes (Orange, Thalès etc). Un système de régulation via l'Europe donc, pour les données hébergées dans le Cloud.

Côté Le Pen, être dépendant d'entreprises des États-Unis ou de Chine, c'est être « à la merci de ces États ». Elle propose donc dans son programme que les commandes publiques pour les domaines militaires et de sécurité nationale soient effectuées exclusivement auprès de fournisseurs français. Pour les autres domaines, elle souhaite accorder une priorité aux fournisseurs européens.

Face aux Gafam, Marine Le Pen compte se montrer très offensive et souhaite renforcer le contrôle des rachats d'entreprises françaises ou imposer, si nécessaire, une ouverture contrainte de capital à des sociétés européennes. L'idée de démantèlement d'un géant du numérique si la situation l'exige est partagée par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Une possibilité prévue en dernier recours dans le futur règlement européen Digital Markets Act (DMA).

Cybersécurité et réseaux sociaux

La cybersécurité est LE segment à ne pas oublier pour un État et est qualifiée de « grande menace de notre temps » par Macron qui veut en faire une priorité au niveau du numérique. Marine Le Pen veut renforcer « dans toutes ses dimensions » la cybersécurité nationale en donnant plus de moyens et d'infrastructures notamment à l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi), à la Direction Générale des Renseignements Extérieurs (DGSE) et à l'armée.

Emmanuel Macron souhaite recruter quelque 1500 « cyberpatrouilleurs » et créer un filtre « antiarnaques » qui avertirait les utilisateurs (sans les empêcher d'y accéder) lorsqu'ils entrent sur un site présent sur une liste noire des sites peu fiables et potentiellement piégés.

Les réseaux sociaux ont encore montré leur puissance depuis le début de la crise du COVID-19 et de la montée des idées d'extrême droite avec l'élection de Donald Trump en 2016. Macron souhaite réguler ces réseaux de manière plus intense (sans dire comment) et mettre fin à l'anonymat sur internet « qui ne devrait pas exister dans une société démocratique » selon lui.

Marine Le Pen, entre autres mesures, souhaite interdire aux plates-formes sociales de modérer les contenus autrement qu'en appliquant simplement la loi française. « Seule l'application de la loi nationale, par exemple en matière d'incitation à la haine, de protection des mineurs, peut être le fondement de retrait de contenus ou de fermetures de compte ». Elle ajoute que si les entreprises ne coopèrent pas, elle n'hésitera pas à faire établir et gérer un réseau social public, libre et gratuit.

Source : Le Monde