L'ancien journaliste Peter Humphrey a accusé LinkedIn d'avoir restreint son compte pour apaiser la Chine.
D'après Bloomberg, c'est suite à des commentaires critiquant le gouvernement et les médias chinois que Peter Humphrey aurait vu son accès au réseau social bloqué par la société américaine fin avril, empêchant l'accès à son compte non seulement en Chine, mais dans le monde entier.
Une censure déjà pratiquée en 2019
LinkedIn est le seul réseau social américain autorisé en Chine et pour ça, il a fallu que Microsoft accepte d'escamoter certains contenus dans le pays. En 2019, Peter Humphrey en avait déjà fait les frais après que son compte a été bloqué pour les utilisateurs chinois suite à ses critiques envers une licence accordée par les autorités britanniques au réseau principal de télévision d'état chinois, la Télévision centrale de Chine. A l'époque, quand Buzzfeed News a contacté LinkedIn à ce sujet, le réseau social avait déclaré que le blocage était une erreur et avait restauré la visibilité du compte en Chine.
Pourtant, fin avril Peter Humphrey affirmait avoir reçu des notifications indiquant que certains de ses commentaires avaient été supprimés de la plateforme. Les textes en question critiquaient explicitement le gouvernement chinois, qualifié de « dictature répressive », et la télévision d'état, « organe de propagande » d'après l'ancien journaliste.
LinkedIn a même fini par suspendre totalement le compte d'Humphrey, indiquant qu'il aurait violé les conditions d'utilisation. Mais comme en 2019, après avoir été contacté par un organe de presse (ici Bloomberg) le réseau social a rétropédalé et restauré le compte ainsi que certains des commentaires, parlant encore une fois d'une erreur.
Une inquiétude grandissante sur la censure hors de Chine
La Chine et ses 1,41 milliard d'habitants représentent un marché juteux pour les GAFAM. Mais même si les entreprises assurent qu'elles n'applique des restrictions qu'à l'intérieur de la Chine, certaines organisations s'inquiètent de voir des conséquences même en-dehors des frontières chinoises. C'est notamment le cas d'Isaac Stone Fish, de Strategy Risks, cité par Bloomberg, qui relaie le cas du compte d'un citoyen anglais qui a été bloqué temporairement dans le monde entier pour un problème qui ne concernait que la Chine.
En mars, le New York Times rapportait que Microsoft avait été réprimandé par les autorités chinoises, qui avaient jugé que l'entreprise n'avait pas fait un assez bon travail de modération des contenus politiques sur son réseau social. Un élément qui permettrait peut-être d'expliquer le zèle dont fait preuve LinkedIn, parfois au détriment des citoyens des autres pays.
Source : Bloomberg