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L'entreprise française Teleperformance, qui emploie 42 000 personnes en Colombie, ferait travailler les modérateurs de TikTok dans des conditions déplorables sur place. Elle est dans le viseur du gouvernement colombien.

Le sous-traitant de TikTok pour la modération des contenus en Colombie est dans la tourmente. L'entreprise française Teleperformance, connue pour son activité de gestionnaire de centre d'appels, est visée par une enquête du ministère du Travail colombien, qui lui reproche d'avoir violé les droits syndicaux de ses employés tout en leur proposant des conditions de travail jugées traumatisantes. La société, contrainte à un rachat d'actions en catastrophe, a dévissé en Bourse.

Des conditions de travail particulièrement difficiles, qui alertent les autorités colombiennes

Le quotidien américain Time avait révélé, en octobre dernier, la situation particulièrement inquiétante dans laquelle se trouvaient les modérateurs de TikTok travaillant en Colombie. Le média avait alors relayé plusieurs témoignages glaçants de modérateurs traumatisés devant visionner des contenus effroyables comme des violences sexuelles, des abus d'enfants et même des meurtres.

Les modérateurs, employés par Teleperformance, entreprise sous-traitante de TikTok, exercent qui plus est leur activité dans des conditions de travail tout bonnement exécrables, particulièrement dures sur les plans physique et psychologique, sans protection sociale forte, qui ont conduit le ministre colombien du Travail à ouvrir une enquête.

Selon Time, les modérateurs de contenus TikTok gagnaient moins de 10 dollars par jour. Et outre le salaire et les contenus, il fut même rapporté que des tentatives de syndicalisation émanant de certains travailleurs ont été stoppées par l'intimidation et la menace.

Teleperformance, secouée en Bourse, a demandé une brève suspension de sa cotation

« Nous avons décidé d'ouvrir une enquête contre Teleperformance. Nous avons informé l'entreprise et invitons tous les employés et organisations syndicales du pays à nous fournir des preuves de violations présumées des normes de travail », a écrit dans un tweet le vice-ministre colombien en charge des Relations du travail.

Teleperformance est l'un des plus gros employeurs de Colombie, avec 42 000 travailleurs. Les modérateurs embauchés sur place travaillent six jours par semaine, de jour comme de nuit, pour n'être payés que 254 dollars par mois. Les modérateurs de contenus basés aux États-Unis perçoivent un salaire mensuel moyen de 2 900 dollars.

Les investisseurs de Teleperformance, paniqués, ont entraîné une sévère baisse du cours de Bourse de l'entreprise, alors contrainte de mettre en place un plan de rachat d'actions pour un montant de 150 millions d'euros. Pour cela, l'entreprise a demandé une brève suspension de la cotation de son titre. Jeudi en fin de journée, Teleperformance indiquait avoir demandé la reprise de la cotation de ses actions à la Bourse de Paris.

L'entreprise dit aujourd'hui être confiante « sur les résultats du contrôle du ministère, l'équipe de direction de la filiale en Colombie ayant toujours développé la société dans le respect de la loi ». Elle ajoute n'avoir pas encore reçu, à ce jour, de « notification officielle de la part du gouvernement colombien ».