Dans le rush dès la rentrée ? Ralentissez le rythme

Olivier Robillart
Publié le 12 septembre 2016 à 11h10
Peur de partir trop tôt malgré le travail terminé, sentiment de s'être mal organisé ? La traditionnelle journée de 8 heures par jour possède de nombreux inconvénients. De quoi tester des journées plus courtes, mais mieux organisées.

Le modèle est classique. Une arrivée relativement matinale en fonction des transports ou de la circulation, pour un départ tardif lorsque les bureaux se dégarnissent. Malgré la charge de travail, les journées peuvent se suivre et, bien souvent, se ressembler. A tel point que chacun peut prendre des habitudes, parfois tenaces.


Poids de l'habitude, peur de rompre avec les conventions de la hiérarchie ? Qu'est ce qui empêche un collaborateur de partir une heure plus tôt chaque jour (et de travailler une heure de moins que ces collègues) ? Plusieurs pays ont mené des expérimentations afin de tester d'autres formes d'organisation du travail.

L'objectif de ces expériences était de comprendre dans quelle mesure il est possible d'augmenter la productivité d'un salarié, sans toutefois le charger d'avantage, ni lui demander de réaliser plus de tâches. Certains métiers ont donc servis de « cobayes » dans des tests menés grandeur nature.

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Travailler 6 heures par jour, pas plus

La Suède a mené plusieurs expérimentations sur des groupes différents de nourrices pendant une année complète. Celles qui étaient « contraintes » de ne travailler que 6 heures au quotidien ont pris moitié moins de congés maladie. Au contraire, elles étaient davantage disposées (en moyenne, 2,8 fois moins que le groupe aux horaires traditionnels) à ne prendre aucune pause pendant des périodes de deux semaines consécutives.

Parmi les autres constats relevés par le site The Independent, les personnes travaillant quantitativement moins se sont révélées plus enthousiastes à l'idée d'accomplir de nouvelles tâches ou de consacrer leur temps libre à d'autres activités, y compris professionnelles. Pour les observateurs, le bilan est donc positif. Réduire le temps de travail peut permettre d'augmenter la productivité du collaborateur.

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Ces tests n'ont certes qu'une valeur relative et cela dépend non seulement du type de travail fourni, mais également des obligations inhérentes à certaines fonctions. Les tâches répétitives ou qui ne demandent peu, voire pas de modification quotidienne pourraient cependant être intéressés par ce type d'organisation du temps de travail.

D'autant qu'ils risquent de se heurter à la barrière de la tradition. Dans de nombreux pays, le fait de partir plus tôt (ou de commencer sa journée plus tardivement) peut être interprété comme un manque d'implication ou de sérieux de la part du collaborateur.

La loi des rendements décroissants

Etablir une relation entre productivité, qualité de vie et travail n'est pas récent. Plusieurs études ont déjà tenté de se saisir de la question en l'interrogeant a contrario. Une expérimentation conduite par l'université américaine Stanford s'est par exemple intéressée à ceux qui travaillent plus de 50 heures par semaine.

L'étude (.pdf) s'attache à démontrer que dans 20% des cas, les sujets en situation de travail extrême font plus d'erreurs que les autres. Ces mêmes personnes peuvent également ressentir de la colère à l'endroit d'autres collaborateurs et s'avèrent davantage stressés.

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Un constat qui se rapproche d'une théorie économique dite « loi des rendements décroissants ». Cette dernière interroge un fait. A partir de quel moment le fait d'ajouter un élément de production (une machine ou un salarié) augmente-t-il la productivité générale ? Pour comprendre, prenons un exemple simple. Par principe, plus on augmente le nombre de travailleurs, plus le nombre de biens produits augmente. Cependant, cette hausse a tendance à décroître à un certain niveau à partir duquel tout ajout de nouveau travailleur ne sera plus aussi efficace. Le rendement induit par l'addition d'un nouveau collaborateur sera alors décroissant.

Appliqué à l'organisation du travail, cette théorie peut trouver une application. Un salarié qui ne définit pas clairement son temps de travail ou qui surévalue sa capacité à réaliser l'ensemble de ses activités pourrait devenir moins rentable. Son intérêt réside donc dans le fait de limiter, voire de réduire son temps d'activité professionnelle.


Toujours est-il que la traditionnelle journée de 8 heures semble avoir vécu. Héritée de la période post-révolution industrielle, elle paraît inadaptée à présent que des outils technologiques permettent à chacun de travailler en situation de mobilité ou même à la maison.

Horaire et organisation du travail

En France, le cadre légal pour un contrat classique propose de réaliser une activité hebdomadaire de 35 heures. Le code du travail régit donc par principe l'organisation traditionnelle. Malgré ce cadre relativement rigide, il est possible d'apporter des aménagements concrets à son agenda quotidien.

L'une des pistes peut être de laisser au travailleur le choix d'établir son propre programme, y compris horaire. Chacun sera ainsi libre de s'organiser en fonction de ses propres habitudes ou contraintes. Toutefois, le modèle à ses limites. Certaines entreprises n'hésiteront pas à rappeler la pression extérieure (concurrentielle, économique...), de même certains employés auront probablement des difficultés à s'imposer eux-mêmes leurs propres limites.

Dans ces deux cas, la démarche doit donc provenir non seulement du collaborateur mais également de son employeur. Ensemble, ils seront plus à même de « cadrer » l'activité de chacun pour réaliser un bilan, dans un objectif commun.

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L'organisation au quotidien n'a en effet rien de simple. Une étude menée aux Etats-Unis par la société Draugiem insiste sur le fait que le temps de travail ne fait pas tout. Le principal est de comprendre comment sont structurées les journées. Les investigations menées sur des salariés conduisent à démontrer que ceux dont la journée de travail s'avère longue ont tendance à être plus distraits par des éléments extérieurs.

En somme, concentrer son temps de travail effectif sur une période restreinte éviterait de consulter Facebook, d'être distrait par des e-mails ou d'autres activités. C'est pourquoi l'étude recommande de travailler 52 minutes à la suite, pour ensuite faire 17 minutes de pause. En respectant ce ratio, les travailleurs sont totalement dédiés à leur tâche, sans penser à autre chose.


Une fois le travail accompli, ils peuvent évacuer en s'intéressant à autre chose, par le biais d'une pause ou d'une autre activité sans réel rapport avec le travail. Le modèle peut s'avérer strict, mais a le mérite de segmenter le travail des séquences de repos.

Faire la sieste au travail pour être plus efficace ?

L'idée peut paraître incongrue mais elle a démontré son efficacité. Pour répondre à des enjeux de santé publique ou d'organisation de la production, certains professionnels ont imaginé introduire des périodes de véritable repos pour les équipes mises sous pression, ou contraintes de réaliser certaines tâches spécifiques.

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L'objectif, bien entendu, n'est pas d'encourager la sieste d'après-déjeuner mais de programmer des plages de « micro-sieste » d'une quinzaine de minutes environ. Des espaces dédiés, loin du bruit ou des sollicitations externes (téléphone, collègues bruyants, open space...) ou même de la lumière excessive.

Là encore, une telle innovation ne peut se réaliser qu'avec l'accord des entreprises. Les services en charge des ressources humaines doivent donc estimer quelles personnes sont les plus à même de profiter de ce type d'expérimentation. L'idée est donc de faire en sorte que les mentalités changent et que chacun puisse livrer son avis par rapport à ce type de pratique. Histoire que les idées reçues puissent être abattues pour le bien de l'entreprise et du collaborateur.

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