Dévoilés en janvier à l'occasion du CES 2022, les nouveaux processeurs mobiles Ryzen 6000 étaient présentés sous toutes les coutures par les ingénieurs d'AMD à l'occasion du Ryzen Mobile Tech Day, organisé la semaine dernière. On fait le point sur les nouveautés proposées par ces nouvelles puces qui motoriseront un nombre toujours croissant de PC portables en 2022.
Comme à son habitude, AMD organisait un Ryzen Mobile Tech Day il y a quelques jours pour présenter à la presse, et cette fois dans le détail, sa nouvelle gamme de processeurs pour ultrabooks et PC portables gaming. Annoncés à Las Vegas en janvier dernier, ces APUs mobiles de nouvelle génération passent un nouveau cap technologique en misant désormais sur la gravure en 6 nm de TSMC (contre 7 nm jusqu'à présent).
Des nouveautés qui s'étendent également à la composition même de ces nouvelles puces, équipées à la fois de cœurs remaniés (Zen 3+) côté CPU, mais aussi d'un iGPU flambant neuf basé sur l'architecture RDNA2 : la même qui motorise les PS5 et Xbox Series X| S. Nous avons assisté à la présentation détaillée (et très technique) de la firme de Lisa Su, voici ce que l'on en retient.
Optimisations en pagaille, AMD bichonne son offre Ryzen
Deux ans après l'introduction des puces Ryzen 4000, qui avaient marqué un tournant pour AMD en termes d'efficacité énergétique et de performances sur laptop, la marque peaufine sa recette pour continuer à grappiller des parts de marché à Intel. Sur les Ryzen 6000, la chose passe en premier lieu par l'utilisation du node N6 (6 nm) de TSMC, sur lequel AMD s'appuie pour améliorer l'efficacité énergétique par rapport à sa précédente génération d'APUs mobiles.
L'occasion pour les ingénieurs d'AMD de remanier en profondeur l'architecture Zen 3. Ils expliquent ainsi parvenir désormais à un contrôle nettement plus subtil de chaque thread et des fréquences appliquées au processeur, le tout à l'échelle de la milliseconde. Ce contrôle accru permet aux puces Ryzen 6000 de pomper encore moins d'énergie sur la batterie.
En 15 W, AMD promet ainsi entre 8 et 12 % d'autonomie en plus par rapport aux puces Ryzen 5000 lancées l'année dernière. Une estimation qui monte à +17 % en lecture vidéo selon la marque. Les constructeurs choisissant d'utiliser un TDP de 28 W pour leurs laptops pourront quant à eux compter sur une autonomie équivalente à ce que proposaient les APUs 15 W d'ancienne génération. Pas mal, d'autant que les performances sont elles aussi à la hausse.
Sur ce terrain, et toujours en 15 W, les remaniements apportés par AMD lui permettent d'annoncer une hausse moyenne de 1,17x de la puissance de calcul CPU par rapport à la précédente génération. Une hausse qui passe à 1,3x en 28 W, promet la marque qui est toujours très heureuse de rappeler que ses meilleurs processeurs Zen 3+ disposent de 8 cœurs… contre seulement 6 cœurs hautes performances pour les puces Alder Lake équivalentes chez Intel, en 28 W.
On arguera par contre que ce « désavantage » est assez relatif : les nouveaux processeurs d'Intel restent très compétitifs. Car si la nouvelle génération de processeurs basse consommation d'AMD dépasse bien les APUs Tiger Lake-U d'Intel (le Core i7-1185G7 est assez largement battu dans la plupart des scénarios), elle devrait arriver peu ou prou au niveau des nouvelles puces d'Intel.
Notons d'ailleurs qu'AMD profite de ses APUs Ryzen 6000 pour se mettre à niveau sur les derniers standards. Ils prennent en effet en charge la mémoire vive LPDDR5 / DDR5 et le standard PCIe Gen5. Autre nouveauté importante : la prise en charge de la norme USB 4 avec des débits montant jusqu'à 40 Gbps et une prise en charge de l'affichage en 8K, notamment. Une bonne alternative à la norme Thunderbolt portée par Intel… et dont les puces AMD sont privées.
Des iGPU RDNA2 pour jouer confortablement sur notebook ?
D'après nous, l'arrivée (très attendue) de l'architecture graphique RDNA2 sur l'iGPU des Ryzen 6000 mobiles est l'une des annonces les plus gratifiantes pour cette nouvelle génération. Ce design vient en effet prendre la relève de l'architecture Vega (vieillissante) qu'AMD exploitait jusqu'à présent pour la partie graphique intégrée à ses APUs.
En l'état, cet ajout devrait permettre aux puces Ryzen 6000 d'approcher les performances graphiques de certaines (petites) cartes graphiques dédiées GeForce GTX de NVIDIA.
Concrètement, la Radeon 680M intégrée au Ryzen 7 6800U embarque 12 unités de calcul cadencées à 2,4 GHz. Cet iGPU dispose par ailleurs d'une bande passante mémoire 1,5x plus importante que par le passé et de caches L2 deux fois plus grands, entre autres. De quoi lui permettre d'assez belles choses en jeu, y compris sur certains AAA, en 1080p. En 28 W, l'iGPU d'AMD écrase ainsi l'iGPU Iris Xe du Core i7-1185G7 en se montrant par exemple capable d'animer Metro Exodus, Assassins's Creed Valhalla ou encore Death Stranding à environ 50 FPS en 1080p / low. Pas mal pour la partie graphique d'un processeur que l'on trouvera surtout sur des ultraportables.
De manière un peu moins marquante, la GTX 1650 Max-Q de NVIDIA est presque égalée sur toute une tripotée de jeux exigeants… et se montre même dépassée par l'iGPU d'AMD lorsque les technologies FidelityFX / Radeon Super Resolution sont activées. Pour jouer ponctuellement sur son PC bureautique, les puces d'AMD devraient donc tirer leur épingle du jeu plus que jamais auparavant.
AMD veut rester concurrentiel sur laptop gaming
Cela dit, c'est peut-être sur la question des processeurs « H » à hautes performances, pour PC portables gaming et PC portables création, que les enjeux sont les plus importants pour AMD. Il faut dire que cette année, Intel revient en force avec toute une flopée de puces profitant de sa nouvelle architecture hybride Alder Lake, pouvant monter à plus de 100 W de TDP sur laptop.
Un chemin qu'AMD ne semble toutefois pas vouloir emprunter, du moins pas à ce point. L'argumentaire de la firme étant plutôt d'essayer d'être compétitive, mais avec une architecture plus traditionnelle et un TDP moindre. Pour autant, AMD compare surtout son nouveau Ryzen 9 6900HX à l'ancien Core i9-11980HK. Dans ces conditions, la puce rouge surclasse sa rivale bleue sans difficulté particulière en création de contenus et en 45 W (contre 65 W en face).
En jeu, AMD semble pour l'instant un peu plus discret. Dans les documents qu'il nous a fournis, les confrontations directes avec la dernière génération de puces d'Intel ne sont pas encore d'actualité (probablement plus une question de timing, les puces d'Intel étant encore toutes récentes). AMD évoque par contre des performances par Watts bien supérieures pour son petit Ryzen 9 6900HS (35 W) face au gros Core i9-12900HK (110 W). Rien de très surprenant ici.
L'impression générale que nous avons est la suivante : avec ses puces « H » AMD pourrait bien être légèrement en retrait sur les performances brutes, mais nous ne serions pas surpris que la marque tire son épingle du jeu sur la question de l'efficacité énergétique face aux processeurs Alder Lake. Il faudra naturellement s'assurer de tout cela en testant, au cours des prochaines semaines, les Ryzen 9 6980HX et Core i9-12900HK. Une confrontation qui risque fort de se révéler épique.
Sources : briefing AMD Ryzen Mobile Tech Day / documentation AMD