Adobe tenait hier sa conférence annuelle, à l'occasion de laquelle ont été dévoilées les nouveautés de ses logiciels phares, Photoshop, Illustrator ou encore Premiere Pro. Sans surprise, l’éditeur s'oriente plus encore vers le Cloud computing grâce à l'intelligence artificielle et pour faciliter le travail collaboratif.
La grande messe d'Adobe a démarré hier, en version uniquement virtuelle pour les raisons sanitaires que l'on connaît. L'occasion pour les graphistes, réalisateurs et autres photographes de découvrir les ambitions de l’éditeur et d’assister à des conférences animées par des créatifs de talent. La keynote inaugurale a permis à Adobe de présenter sa vision pour les prochaines années : au programme, le développement accéléré de ses outils en faveur du travail collaboratif, dynamique favorisée par l'expansion du télétravail pendant la crise sanitaire.
Encore plus d’AI sur Photoshop
Adobe a mis les petits plats dans les grands pour son logiciel porte étendard. Après ceux dédiés aux visages (pour l'expression), ce sont cett fois les filtres neuronaux qui s’enrichissent : désormais, l’AI (Sensei) est capable d’effectuer un effet bokeh (le fameux flou de profondeur). La colorisation des photos noir et blanc existaient déjà sur Photoshop 22 mais cette ultime mouture assure un rendu plus réaliste et offre la possibilité d’ajuster une teinte (carnation de la peau, ciel…) de façon plus naturelle.
Le logiciel de retouche photo est désormais capable de réinterpréter une photo en fonction d’un modèle, comme une peinture ou une autre photo par exemple, grâce à la fonction Color Transfer.
Avec le « landscape mixer », Adobe applique la puissance des filtres neuronaux sur les paysages. Photoshop ne se contente plus de changer le ciel, il s'attaque maintenant à la saison d’une photo en intégrant une herbe verte au printemps ou de la neige en hiver. Les personnes incrustées dans la photo sont alors masquées ou harmonisées avec les teintes de la saison souhaitée.
Le travail collaboratif à l'honneur
Face à la multiplication des services Web proposant de la retouche photo en ligne, Adobe a décidé de lancer Photoshop en SaaS (soit deux ans après la version Lightroom CC web). Pour l’heure, les fonctions restent assez basiques, et le logiciel conserve encore sa suprématie. L’application iPad dispose désormais du module Camera Raw pour retoucher l’équivalent des négatifs en numérique. Une fonction attendue depuis longtemps par les photographes en mobilité, et pour cause, l’idée étant de gérer les photos et créations numériques n’importe où, n’importe quand.
Côté desktop, Photoshop est désormais capable de modifier un projet Illustrator. C’était déjà en partie possible grâce aux liens dynamiques mais désormais, un simple copier/coller suffit à ce que Photoshop contrôle tous les calques et tracés. Pour faciliter le travail entre collaborateurs ou avec des clients, Photoshop et Illustrator acceptent aussi les commentaires, et ce, que l’ont soit sur desktop (Mac ou PC), mobile (smartphone et tablette) ou en version Web. Les collaborateurs ou clients peuvent ainsi épingler une zone et même griffonner sur un projet Photoshop ou Illustrator pour partager leurs demandes et idées.
La synergie entre Adobe et Google est elle aussi améliorée pour que Chrome exploite au mieux les webservices de l’éditeur de création numérique. En plus du Creative Cloud contenant les fichiers importés des logiciels, l’éditeur lance Canvas, une sorte de gigantesque Google Drive dédié aux créatifs et accessible depuis un navigateur Web.
Avec Canvas, il est possible de créer des équipes, des projets et de partager les créations de chacun. Tous les membres d’une même équipe peuvent commenter, ajouter et modifier des fichiers (PSD, AI…) mais également des bibliothèques de couleurs ou des liens hypertextes, en temps réel. Il est même possible contacter (en audio ou vidéo) un collaborateur. L'outil se veut ainsi plus proche des attentes des créatifs que les outils collaboratifs classiques comme Slack ou Microsoft Teams.
Et le travail en équipe n’est pas réservé aux images fixes d’un Photoshop ou d'un Illustrator. Rappelons qu'Adobe a racheté la plateforme collaborative Frame.io en août 2021, évaluée à 1,3 milliards de dollars. Les modifications et approbations de projets Premiere Pro ou After Effects seront ainsi opérationnelles sur le Cloud.
Travailler plus vite avec Premiere Pro et After Effects
Si les nouveautés sur Premiere Pro sont moins nombreuses, elles n’en sont pas moins utiles. Adobe introduit en effet la fonction remix sur la version beta (et qui n'a rien à voir avec celle de Lightroom Classic). Remix s’appuie sur une technologie déjà utilisée dans Audition, analysant la rythmique de la musique utilisée pour la réarranger en fonction de la longueur de la vidéo. L’étape de mixage est donc accélérée.
Utilisant une timeline complexe contenant plusieurs pistes vidéo et audio, le logiciel de montage est capable de simplifier un projet en supprimant tous les éléments vides, marques et libellés pour l’export ou l’archivage. Un autre monteur aura ainsi plus de facilité pour travailler sur un projet entamé.
La transcription de la voix en texte est aussi de retour sur Premiere, et le sous-titrage généré est complètement paramétrable (police, couleur, fond…). Sur la version beta, il est même possible d'utiliser cette fonction sans connexion Internet (plusieurs centaines de gigaoctets sont tout de même à télécharger au préalable).
Sur After Effects, la nouveauté concerne surtout la vitesse de traitement. Adobe accélère le rendu des animations (quatre fois plus rapide) avec la technologie multi-frames et introduit le rendu automatique des compositions, en tâche de fond. Le motion designer recevra désormais une notification sur son smartphone (ou sa montre connectée) dès que les rendus seront terminés.
Simplifier la 3D
Jusqu'ici, Adobe n’a jamais réussi à percer dans la 3D. Pour se faire une place sur le secteur de la modélisation, l'éditeur mise aujourd'hui sur les logiciels Substance 3D (produits de l’entreprise française Allegorithmic). Avec des centaines d’objets (assets), effets et textures paramétrables, Adobe espère démocratiser l'utilisation de la 3D auprès des PME et agences créatives, comme il a pu le faire avec l’illustration et la photo.
À noter que la collection Substance 3D, comprenant Stager, Painter, Sampler et Designer, n'est pas comprise dans Adobe Creative Cloud. Si le pack est gratuit pour les étudiants et professeurs, il coûtera environ 39 euros par mois aux professionnels.
Les autres logiciels 2D : Lightroom, Illustrator, Fresco, Adobe XD
Dans la logique de la création numérique « anywhere, anytime, anydevice », Adobe déploie cette année Illustrator sur les navigateurs Web, à l’image de Photoshop et Lightroom. Le logiciel autorisait déjà la vectorisation de tracés et formes sur la version desktop, désormais la fonction est présente sur la version iPad. Adobe promet un confort incomparable pour la vectorisation d'une typo ou d'un croquis esquissé à la main.
À l'instar de Photoshop, Lightroom Classic bénéficie aussi de la puissance de l'algorithme Sensei pour la sélection du ciel, d’un objet ou d'un sujet. La volonté d’Adobe est clairement de dynamiser son logiciel de traitement photo. Pour ce faire, l'éditeur met à nouveau le travail collaboratif à l'honneur avec remix. Un abonné Adobe CC peut ainsi modifier une photo déposée par un membre de la communauté, les modifications apportées étant alors indiquées sur la plateforme.
Sur Fresco, Adobe facilite désormais les dessins de formes horizontales, verticales et même circulaires en perspective. Le motion design étant à la mode, il est aussi possible de créer des animations.
Sur Adobe XD, le logiciel de prototypage est capable d’incruster des vidéos dans les mock-up.
Adobe Max 2021 se clôturera le 28 novembre 2021.
Source : Adobe