Bruno Le Maire a confirmé, dimanche, que la suspension de la taxe sur les géants du numérique prendra fin dans les prochaines semaines.
La question de la taxe GAFA était un peu moins soulevée publiquement par le gouvernement ces dernières semaines, du fait notamment des enchères 5G et du plan de relance, qui ont accaparé une partie du « temps tech » des différents ministres et secrétaires d'État. Mais dimanche 18 octobre, Bruno Le Maire a affirmé que le temps n'était plus aux négociations. La taxe sera bien prélevée dès la fin de l'année.
La taxe française n'était que « suspendue »
Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance était l'invité de Francis Letellier, à la tête de l'émission Dimanche en politique, émission durant laquelle il a brièvement été interrogé sur le futur de la taxe GAFA, à savoir si Joe Biden, s'il venait à être élu président des États-Unis, serait contre une telle taxation, comme l'est aujourd'hui Donald Trump.
« La taxation des géants du digital a été décidée souverainement par le peuple français à travers l'Assemblée nationale il y a quelques mois. Nous avions suspendu la perception de la taxe », a rappelé Bruno Le Maire, le gouvernement français n'ayant à aucun moment affirmé laisser définitivement tomber l'idée d'une taxation des grandes entreprises du secteur.
La taxe GAFA version française fut ainsi suspendue « le temps que la négociation à l'OCDE aboutisse », une négociation qui n'a pu aller à son terme, notamment après que les USA eux-mêmes ont quitté la table des discussions il y a plusieurs mois.
Bruno Le Maire tente-t-il un énième « coup de pression » ?
« Nous percevrons donc une taxe sur les géants du digital en décembre prochain, comme nous nous étions engagés », promet Bruno Le Maire. La France fait partie, avec l'Autriche, l'Italie ou l'Espagne, des premiers pays européens à avoir adopté une taxe GAFA, dont les membres « sont les seuls vainqueurs de cette crise économique », a conclu le ministre.
Las d'attendre de trouver un terrain d'entente avec les États-Unis, qui menaçaient la France d'une taxe portant sur 1,3 milliard de dollars de produits français (sacs à main et produits cosmétiques), le gouvernement a tranché. L'impôt doit permettre à l'État de prélever 3% du chiffre d'affaires réalisé en France par une trentaine d'entreprises numériques, parmi lesquelles les géants Apple, Google, Facebook ou Amazon ou le Français Criteo.
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
La France est décidée à aller au bout, quitte à créer un incident économico-diplomatique entre Washington et Paris. Il faut dire que cette fois, il ne lui reste plus beaucoup d'excuses pour proroger la suspension de la taxe, une semaine après l'échec des négociations au sein de l'OCDE, où l'on espère toujours secrètement - mais sans grande conviction - trouver un accord d'ici la fin du premier semestre 2021.
On se dit aussi que la France commence grandement à miser sur une défaite de Donald Trump aux élections, misant ainsi sur un Joe Biden moins catégorique, sans espoir qu'une telle stratégie soit un succès. Alors, Bruno Le Maire, bluff ou pas bluff ?
Source : France 3