C’est une triste réalité : Amazon n’a toujours pas trouvé comment gagner de l’argent lorsqu’un utilisateur demande à Alexa le temps qu’il fait.
La situation financière d’Amazon n’est pas au beau fixe ces derniers mois. Depuis le début de l’année, le cours de l’action a chuté de plus de 47 %. Pour tenter de corriger le tir, les dirigeants de la firme vont licencier environ 10 000 employés. Mais selon les informations de Business Insider, les salariés pourraient ne pas être la seule variable d’ajustement : l’entreprise réduirait aussi la voilure budgétaire pour son assistant vocal Amazon Alexa et les produits qui y sont rattachés.
Trois milliards de pertes au premier trimestre 2022, dix sur l’année
La première version d’Alexa date de novembre 2014, également année et mois de lancement de l’enceinte connectée Echo. Malgré les années, cette entité, intégrée au sein de la division Worldwide Digital, qui comprend aussi Amazon Prime Video, serait loin d’être rentable : la division accuserait 3 milliards de dollars de déficit rien qu’au premier trimestre 2022, une dizaine de milliards sur l’année. L’écrasante majorité de ses pertes serait imputable à Amazon Alexa.
Les journalistes de Business Insider ont pu interroger une douzaine d’employés, dont certains toujours en poste, impliqués dans ce projet. Selon eux, la crise serait profonde. L’un juge Alexa comme une « opportunité gâchée » et blâme le manque d’imagination autour de son écosystème. Il souligne que depuis fin 2019, la division a gelé toute embauche, et que Jeff Bezos se désintéresserait ouvertement du projet depuis cette période. Son successeur, Andy Jassy, n’y porterait pas non plus un grand intérêt.
Le principal problème d’Alexa serait la difficulté à monétiser le service. Si les enceintes Echo comptent parmi les articles les plus vendus sur Amazon, elles seraient proposées à prix coûtant, à en croire un document interne. Une note détaillerait d’ailleurs le modèle économique en ces termes : « Nous voulons faire de l'argent quand les gens utilisent nos appareils, pas quand ils les achètent ». Un modèle un peu inspiré de celui des jeux as a service, en somme.
Des interactions très basiques la plupart du temps
Pour l’instant, Amazon n’a pas trouvé la recette miracle pour générer de l’argent lors de l’utilisation de son assistant. Au départ, l’idée générale était d’inciter les gens à effectuer des achats sur le site. Malheureusement pour Amazon, pousser un joueur à acquérir un costume ou un skin semble bien plus aisé qu'orienter un utilisateur d'Alexa sur le site pour y faire des emplettes.
La société a ensuite intégré les skills et envisagé des partenariats directs avec des entreprises tierces. Mais dans les faits, l’écrasante majorité des interactions se bornent à des échanges triviaux portant sur la météo du jour ou le lancement d’une chanson ; pas de quoi engranger de précieux dollars.
Actée en septembre, l’intégration de publicités aux réponses les plus courantes apportera peut-être un peu de sursis à l’assistant vocal d’Amazon, mais sûrement pas son salut. Andy Jassy n’a pas affiché fermement son souhait d’y mettre un terme, mais n’envisage pas non plus de relancer la machine à coups de milliards.
L’avenir nous dira où cet entre-deux mène Alexa, à l’évidence moins plébiscitée que ses concurrents. En effet, l’assistant d’Amazon compterait 71,6 millions d’utilisateurs, contre 77,6 millions pour Siri (Apple) et 81,5 millions pour l’Assistant Google, toujours selon les données de Business Insider.
Source : Business Insider