Nous célébrions hier une date anniversaire particulière. L’iPod, l'un des plus grands succès d’Apple, était présenté par Steve Jobs le 23 octobre 2001, à une foule incrédule. À l’époque, mettre un millier de chansons dans un seul appareil tenait de la science-fiction.
Pour l’occasion, un ingénieur et un créatif ayant travaillé sur le projet ont raconté leurs souvenirs à nos confrères de 20 Minutes.
Passer de 15 à 1 000 chansons : retour vers le futur
Que l’on soit fan ou détracteur de la marque à la Pomme, il faut bien avouer que les présentations de produits d’Apple ont toujours ressemblé à des cérémonies religieuses. En guise de prêcheur, Steve Jobs, éternellement paré de son blue-jean et de son col roulé, dessinait en 2001 les contours du futur de la musique : « Ce petit appareil extraordinaire embarque 1 000 chansons. Et il tient dans ma poche ».
L’offre des baladeurs audiophiles de l’époque peinait à convaincre les adeptes de technologie, qui devaient se contenter de flashcards de 15 Mo qui ne pouvaient contenir qu'une vingtaine de chansons, avec une qualité audio discutable. Même le Mini Disc, projet de Sony, n’a pas atteint le succès commercial escompté, car trop cher pour le grand public.
C’est Jon Rubenstein, ténor d’Apple, qui visite alors les usines Toshiba et tombe sur un disque dur miniature de plus de 5 Go. En faire une sorte de baladeur MP3 de haute capacité, c’est l’idée géniale qui germe dans les bureaux d’Apple au début du millénaire. Avec dix millions de dollars investis, Michael Dhuey, ingénieur mécanique, se retrouve à la tête du projet. Il se remémore des conditions de travail particulières :
« On était dans un building secret loin du campus principal. On travaillait 10 heures par jour, souvent le samedi et le dimanche. On se faisait livrer à manger. Pour des raisons de sécurité, le personnel de nettoyage avait un accès limité. Les poubelles se sont tellement accumulées qu’on a eu des rats dans le bâtiment. »
Un projet d’un an, 400 millions d’exemplaires vendus
Le disque dur miniature de Toshiba est une bonne base, mais il a trop peu d’autonomie. Pour pallier ce problème, il suffit de « pousser » la chanson vers une puce DRAM pour la mettre sur la mémoire vive. Ce procédé ne draine pas la batterie, et le premier prototype d’iPod s’en tire avec 10 heures d’autonomie. Dhuey explique également avoir dû pousser le son au maximum car « Steve Jobs souffrait d’un léger problème d’audition ».
Le nom donné à ce baladeur fait l’objet d’anecdotes savoureuses. Steve Jobs écoute les propositions et les classe en trois catégories : « pire nom que j’aie entendu de ma vie », « pas terrible » et « pas mal ». Finalement, l’équipe se met d’accord sur « iPod », référence subtile au chef d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 : L'Odyssée de l’Espace. Après quelques semaines de réflexion, le patron d'abord récalcitrant finit par approuver.
Lancé fin 2001, le produit s’écoule d’abord à 3 millions d’exemplaires – un échec relatif pour la marque. L’iPod est beau et innovant, mais il ne fonctionne qu’avec les ordinateurs Mac. L’équipe corrige ce problème et permet aux utilisateurs et utilisatrices de PC de pouvoir mettre de la musique sur le baladeur à partir de leur machine. Dès lors, l’iPod obtient le succès démesuré qu'on lui connaît, avec 400 millions d’unités vendues.
Source : 20 Minutes