Les prédictions du fondateur de Wikipédia Jimmy Wales sont déjà en train de se réaliser : selon la BBC, Google a déjà reçu plusieurs demandes de suppressions de résultats au sein de son moteur de recherche, pour des motifs discutables. Ainsi, le média explique que parmi les demandeurs, on trouve « un ex-politicien qui cherche à se faire réélire et qui a demandé la suppression de liens mettant en cause son comportement », « un médecin qui veut que des commentaires négatifs de patients soient retirés des résultats » et « un homme reconnu coupable de possession de clichés pédophiles qui veut faire disparaître les évocations de sa condamnation ».
De telles demandes mettent en avant la délicate tâche qui attend Google en matière d'arbitrage : comment réellement définir les demandes qui sont justifiées et celles qui ne le sont pas ? La décision de la CJUE estime que la suppression est justifiée lorsque « les droits fondamentaux de la vie privée et de la protection des données à caractère personnel » sont mis en péril. Mais entre la violation de la vie privée et le droit à l'information, la frontière risque d'être mince dans de nombreux cas.
Une procédure en ligne dès fin mai
« Il s'agit d'une collision entre le droit à l'oubli et le droit de savoir. Du point de vue de Google, il y a un équilibre. Nous estimons, après avoir examiné cette décision, que l'équilibre est rompu » déclarait en milieu de semaine Eric Schmidt, tandis que Jimmy Wales, commentant la situation, estimait que Google allait avoir beaucoup de travail pour gérer les suites de cette décision de justice. Selon le New York Times, l'entreprise serait actuellement en train de concevoir un dispositif qui permettra aux internautes de demander la suppression de liens les concernant. Google ne cache pas que la mis en place d'une telle procédure est compliquée : « Dès que nous aurons concrètement déterminé son fonctionnement, ce qui peut prendre plusieurs semaines, nous en informerons nos utilisateurs » a déclaré un porte-parole à la presse. On imagine qu'un arbitrage sera effectué par l'entreprise pour déterminer si oui, ou non, la demande de suppression est justifiée.