Plusieurs membres du parti conservateur font pression pour que les réseaux de télécommunications de la firme chinoise disparaissent progressivement du pays.
On a tendance à l'oublier, mais il n'y a pas que la partie de ping-pong contre les États-Unis qui inquiète Huawei. La firme de Shenzhen voit aussi son avenir comme équipementier menacé chez le plus fidèle allié des USA : le Royaume-Uni. Plusieurs médias britanniques ont révélé, ce week-end, que le Premier ministre Boris Johnson, poussé par des députés « frontistes », pourrait très sérieusement compliquer le rôle de Huawei dans les infrastructures 5G locales. Voire le réduire à néant.
Boris Johnson, bousculé par une fronde venant de ses propres rangs
Alors qu'il était parvenu à résister à la pression des États-Unis, qui réclament depuis plus d'un an la mise à l'écart de Huawei des réseaux 5G du Royaume-Uni, Boris Johnson ne pouvait plus tenir. Même si le chef du gouvernement détient la majorité chez les députés, plusieurs dizaines de membres de son propre parti, celui des conservateurs, veulent cette fois aller au bout des choses, et complètement bloquer la firme de Ren Zhengfei.
Le nombre de députés rebelles ou « frontistes », tous animés par un sentiment anti-chinois renforcé par le coronavirus et sur fond de suspicion d'espionnage et de surveillance de Pékin, avoisinerait la cinquantaine, ce qui serait suffisant pour renverser le gouvernement sur la question.
Le Premier ministre britannique est donc contraint de demander à son administration de mettre sur pied un projet visant à « réduire à zéro la participation de Huawei » dans les réseaux 5G du Royaume-Uni, et ce « d'ici 2023 ». Autrement dit : rayer complètement Huawei de la carte des équipementiers 5G.
L'accord de limite de la part de marché de Huawei sur le sol britannique parti pour tomber à l'eau
Donald Trump doit évidemment apprécier l'initiative des députés conservateurs britanniques, qui pourraient prochainement exaucer son vœu réitéré un peu plus tôt cette année encore auprès de Boris Johnson. Il faut dire que le président américain a fait preuve d'une certaine insistance dans son entreprise visant à inciter ses alliés à cesser de collaborer avec la Chine pour développer les réseaux 5G. Celui-ci avait menacé le Royaume-Uni de réétudier le partenariat en matière de renseignement qui unit les deux nations.
Du côté de Pékin, la déception devrait être immense. À la fin du mois de janvier, le gouvernement britannique avait en effet bien validé la participation du géant chinois à la mise en place de l'infrastructure 5G du pays, à certaines conditions. Plus clairement, le Royaume-Uni avait prévu de limiter à 35% la part de marché de Huawei en équipements de cinquième génération outre-Manche, et de l'interdire tout simplement au sein des parties les plus sensibles et les plus exposées du réseau du pays.
Si les services de renseignement britanniques avaient estimé pouvoir contenir le risque d'une surveillance de masse de Huawei pour le compte de la Chine, ce retournement de situation devrait tendre un peu plus les relations entre la Chine et l'Occident au sens large.
Source : The Guardian