Campus Bell de Montréal (© Bell)
Campus Bell de Montréal (© Bell)

Deux des principaux opérateurs de télécommunications canadiens ont décidé de tourner le dos à la firme de Shenzhen, de plus en plus esseulée dans le monde anglo-saxon.

Au Canada, Bell et Telus ont décidé de définitivement écarter Huawei dans la course aux équipementiers 5G. Les deux opérateurs, parmi les trois plus puissants du pays, préfèrent faire confiance aux Européens Nokia et Ericsson, qui profitent une nouvelle fois des conséquences de l'injonction américaine faite à ses alliés : celle de faire sans l'équipementier chinois pour ses réseaux de cinquième génération.

Bell vante les mérites d'Ericsson

Bell, l'une des deux premières sociétés de télécommunications canadiennes, a annoncé le 2 juin avoir tranché et choisi Ericsson pour devenir son fournisseur d'équipements 5G dans le pays. Justifiant cette décision par le fait que la société suédoise est l'actuel fournisseur de son réseau 4G, Bell essaie de nous faire comprendre que le choix d'Ericsson est celui de la raison, dans le sens où l'entreprise « a conclu, à ce jour, 92 ententes commerciales relatives à la technologie 5G avec des fournisseurs de télécommunications à l'échelle mondiale », et qu'elle est ainsi « la première entreprise à offrir des réseaux 5G commerciaux sur quatre continents ».

Comme Rogers Communications (le premier opérateur télécoms canadien), Bell a donc choisi Ericsson. Un choix logique pour Mirko Bibic, Président du groupe BCE Inc et de Bell Canada, qui a déclaré que « les produits de réseau 5G novateurs de même que l'expérience d'Ericsson à l'échelle internationale seront essentiels à notre déploiement de cette technologie mobile innovante au Canada ».

Écarter Huawei va coûter cher aux opérateurs canadiens

De son côté, Telus, le troisième opérateur national, a opté pour un duo d'équipementiers : Ericsson et Nokia. Si la décision de Bell semblait prévisible, celle de Telus est plus inattendue, tant l'opérateur comptait sur Huawei. Même si le tandem des équipementiers européens viendra « non seulement propulser des applications grand public, comme les jeux mobiles et la réalité virtuelle, mais aussi outiller la vaste chaîne d’approvisionnement de l’industrie canadienne pour qu’elle puisse concurrencer à l’échelle mondiale », il s'agit d'un vrai retournement de situation, à la défaveur de Huawei, encore une fois.

Si officiellement les opérateurs de télécommunications du pays à la feuille d'érable semblent heureux de leur choix, écarter Huawei du marché de la 5G se révélera être une opération coûteuse, et la facture devrait très sérieusement grimper pour ces derniers, qui pensaient au départ pouvoir bénéficier des technologiques du géant chinois et de ses équipements moins onéreux que ceux proposés par les Européens.

Quoi qu'il en soit, le printemps est compliqué pour Huawei sur le terrain de la 5G. Après le renouvellement des sanctions américaines jusqu'à mai 2021 puis le lancement des travaux britanniques visant à écarter Huawei des équipementiers 5G du Royaume-Uni, la firme de l'empire du Milieu doit encaisser une nouvelle désillusion du côté des pays anglo-saxons, ajoutée au refus prononcé la semaine dernière à l'encontre de Meng Wanzhou, Directrice financière de l'entreprise, de ne pas se faire extrader aux États-Unis. Plus longue sera la crise.