Huawei prêterait 8 millions d'euros sous forme d'obligations convertibles au moteur de recherche français. © Qwant
Huawei prêterait 8 millions d'euros sous forme d'obligations convertibles au moteur de recherche français. © Qwant

Le moteur de recherche français Qwant est à la recherche de fonds pour pallier son déficit et pourrait bien se tourner vers le géant chinois Huawei. Hubble, la branche capital-risque de la firme, serait ainsi sollicitée pour un prêt de 8 millions d'euros.

Le 18 mai 2021, Jean-Claude Ghinozzi, P.-D.G. de Qwant, aurait convaincu ses actionnaires d'accepter cette offre de financement qui se ferait sous forme d'obligations convertibles pour Huawei. Aussi, si elle transforme ces obligations en actions d'ici deux ans, la firme chinoise pourrait devenir actionnaire de l'entreprise française et détenir une part comprise entre 5 % et 7,5 % de Qwant.

Qwant a besoin de fonds pour pérenniser son projet

Fondé en 2011 et lancé officiellement en septembre 2013, le moteur de recherche Qwant, dont l'ambition est d'assurer la confidentialité et la sécurité des données de ses utilisateurs, a connu une rapide ascension dans l'Hexagone. Qualifié de « nouveau Google français en marche » par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron en 2015, il fut également adoubé par l'actuel ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire. En 2018, ce dernier voyait en Qwant « une réponse à tous ceux qui pensent que la France, l'Europe, ne sont pas en mesure de développer des entreprises digitales du même niveau de ce qui se fait aux Etats-Unis ou en Chine ».

Or, les finances de Qwant ralentissent la croissance du moteur de recherche tricolore, et la solution pourrait bien venir d'une firme de l'Empire du Milieu : Huawei. En passant par sa branche capital-risque dénommée Hubble, celle-ci pourrait prêter la somme de 8 millions d'euros à Qwant, sous la forme d'obligations convertibles en actions.

Ainsi, même en cas de faillite de Qwant, Huawei serait sûre de récupérer sa mise. Surtout, dans les deux ans suivant l'accord et après avoir obtenu des « autorisations administratives », la firme chinoise pourrait intégrer le capital du moteur de recherche, dont elle détiendrait entre 5 et 7,5 % des parts. Un pas supplémentaire dans le rapprochement opéré entre ces deux structures depuis 2018.

Un duo gagnant-gagnant

Qwant, qui accuse 47,2 millions d'euros de pertes pour seulement 16,3 millions d'euros de chiffre d'affaires entre 2018 et 2020, a donc trois ans pour rembourser Huawei, avec un taux d'intérêt de 4,5 %. L'investissement pourrait apporter une véritable bouffée d'oxygène au moteur de recherche.

Et face aux doutes concernant la potentielle entrée de la firme chinoise au capital de Qwant, détenu notamment à auteur de 20 % par un organisme public français, la Caisse des Dépôts, un porte-parole précise : « C'est un investissement via une obligation. Ce n'est pas une entrée dans le capital de Qwant. C'est un moyen pour financer notre expansion, et, surtout, avec un acteur mondial essentiel, qui reconnaît la solidité de notre technologie et la réalité de notre projet ».

De son côté, Huawei, qui propose Qwant en tant que moteur de recherche par défaut en France, en Allemagne et en Italie sur sa gamme de smartphones P40, pourrait bénéficier de ce nouveau rapprochement pour gagner en crédibilité. De fait, l'enjeu de la protection des données des utilisateurs est primordial pour la firme chinoise, d'autant plus après les nouvelles accusations d'espionnage dont elle fait l'objet, cette fois aux Pays-Bas.