Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France, a expliqué à Clubic comment l'entreprise chinoise veille à la sécurisation de ses équipements et réseaux au quotidien. Interview.

Deux ans et demi après la mise en place d'un embargo qui l'impacte encore aujourd'hui, Huawei n'a pas ménagé ses efforts. La firme de Shenzhen veut convaincre à la fois les autorités et le public de sa transparence en matière de sécurité. Sur le terrain des réseaux, 5G ou Wi-Fi 6 pour ne citer qu'eux, Huawei n'a eu de cesse d'investir en recherche et développement, pour rester performant et garder un certain avantage technologique sur ses concurrents. À l'occasion des Assises de la sécurité à Monaco, Clubic a pu rencontrer Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France.

Minggang Zhang - Huawei (© Alexandre Boero pour Clubic)
Minggang Zhang - Huawei (© Alexandre Boero pour Clubic)

L'interview de Minggang Zhang, Huawei France

Clubic - Il y a des enjeux de sécurité qui sont aujourd'hui importants pour Huawei : on parle évidemment de 5G, mais aussi du Wi-Fi 6 et d'autres.

Minggang Zhang : Absolument. La mise en œuvre des mécanismes de sécurité et de protection des systèmes 5G est importante car en tant que fournisseur, notre responsabilité est déterminante envers nos clients opérateurs s'agissant des infrastructures de réseau. Sur ces points, nous exécutons à la lettre les standards de sécurité imposés. Nous appliquons tout ce qui concerne les certifications sur nos produits pour renforcer leur sécurité et faire barrage aux risques. Nous appliquons aussi les certifications nécessaires à la délivrance d'un produit qui rassure nos clients, et cela vaut aussi pour le Wi-Fi 6.

"Depuis deux ans (l'embargo), nous avons intensifié nos investissements en R&D pour compléter les technologies qu'il nous manquait"

Huawei a mis en place des centres de transparence en matière de cybersécurité et de protection de la vie privée. Que pouvez-vous nous dire sur leur activité ?

Ce centre est un lieu qui permet à nos visiteurs de découvrir nos procédures de sécurité. Ils contribuent à établir un lien de confiance, car la confiance ne se décrète pas : il faut la créer. L'un des centres, situé à Bruxelles, permet de réaliser des tests de certification et de montrer nos procédures de sécurité - de faire « acte de transparence », comme son nom l'indique.

Huawei se sait aussi attendu sur la protection des données personnelles des utilisateurs. Que peut-on dire pour rassurer l'utilisateur sur ce point ?

Avant même l'entrée en vigueur du RGPD en mai 2018, nous travaillions à ces questions, et tout ce que nous faisons respecte scrupuleusement l'ensemble des règles de protection des données privées. Il convient de rappeler que Huawei est un fournisseur de technologies, non seulement avec les téléphones mobiles, mais aussi avec les infrastructures : nous ne gérons pas les réseaux des opérateurs et ne touchons pas les données qui transitent sur les réseaux. On est simplement un gestionnaire d'équipements.

"Quand on est fournisseur de technologies pour les opérateurs, la sécurité des réseaux est primordiale, c'est un gage de qualité"

Deux ans et demi après le fameux embargo américain, alors même que Huawei était dans une phase de forte croissance mondiale, les choses se sont-elles apaisées ? Votre entreprise peut-elle travailler « normalement ou presque » au développement de ses produits et solutions ?

Vous avez utilisé le bon mot : « presque ». Nous sommes sous cet embargo depuis plus de deux ans, et il y a des impacts. Depuis deux ans, nous avons intensifié nos investissements en R&D pour compléter les technologies qu'il nous manquait. Tout cela nous permet effectivement de travailler « presque » normalement. Mais de toute façon nous avons un engagement envers nos clients, que ce soient les opérateurs, les entreprises ou le grand public.

On voit que les réseaux sociaux et certaines grandes plateformes ont été frappés par des fuites de données ou des pannes géantes. Aujourd'hui, lorsqu'on est un géant du numérique, est-il difficile de travailler au quotidien avec cette pression du risque, de la découverte d'une éventuelle faille ou vulnérabilité ?

C'est toujours difficile, et ça ne date pas d'aujourd'hui. Ces sujets-là, aujourd'hui en lumière, sont déjà traités chez Huawei depuis l'origine. Quand on est fournisseur de technologies pour les opérateurs, la sécurité des réseaux est primordiale, c'est un gage de qualité. Nous avons bien travaillé et sommes rassurés, mais cela ne veut pas dire pour autant que l'on peut dormir sur nos deux oreilles. Il y a eu des pressions, et c'est pour cela que l'on se remet toujours en question : on fait en sorte de donner encore plus d'importance à ces sujets de sécurité. Nous profitons de ces systèmes extérieurs pour vérifier si nos produits et solutions comportent des failles de sécurité. Le but, pour nous, est de faire le maximum pour rassurer nos clients. Nous restons très prudents, car dans le domaine de la sécurité il n'y a pas un sujet à part entière : on doit être tout le temps extrêmement vigilant.

Harmony OS : on en est où ?

En juin dernier, à l'occasion de VivaTech à Paris, Huawei nous présentait en grande pompe son OS maison, Harmony. Aujourd'hui, le système d'exploitation de la firme de Shenzhen, qui se destine peut-être à s'ériger en principal concurrent d'Android et iOS, fait encore peu parler de lui. Mais si l'entreprise ne s'exprime pas officiellement sur l'avenir de l'OS, des sources nous affirment que la communication autour d'Harmony devrait être relancée dans les prochains mois.