Linus

Il considère qu’avec AMD, les clients en ont pour leur argent.

Critiquer Intel et encenser AMD est dans l’ère du temps. Beaucoup reprochent à Intel son immobilisme. Que ces critiques soient fondées ou non, l’entreprise doit en tout cas composer avec une concurrence nettement plus offensive, capable de remettre en question sa suprématie dans plusieurs secteurs. La firme perd des parts de marché, et des clients. Parmi eux, Linus Torval, célèbre créateur du système d'exploitation Linux en 1991, qui a quitté les bleus au profit des rouges ; le personnage, fidèle à son franc-parler, nous explique pour quelles raisons.

Un rapport qualité-prix à l’avantage d’AMD

L’homme travaillait pourtant sur des machines munies de processeurs Intel depuis une bonne quinzaine d’années. Cependant, il a maintenant troqué ses processeurs Xeon contre des processeurs Threadripper, en particulier le Threadripper 3970x, un 32 cœurs / 64 threads capable de mouliner à 4,5 GHz.

Linus Torval estime que les produits AMD jouissent d’un bien meilleur rapport qualité-prix. Selon lui, le tarif d’une puce Xeon n’est pas justifiée au regard des performances : « vous obtenez deux fois plus de cœurs, pour un prix cinq fois plus élevé ». La corrélation prix-cœurs serait nettement plus cohérente du côté d’AMD, avec « deux fois plus de cœurs pour un prix deux fois supérieur ». Cela rendrait « la dépense à peu près conforme à ce que vous obtenez ».

La mémoire EEC, un point sensible

En outre, Linus Torval estime qu’AMD n’augmente pas artificiellement la valeur de ses processeurs pour serveurs (gamme EPYC) en bridant ses puces qui appartiennent à d’autres gammes (Ryzen et Threadripper), une accusation résumée en ces termes : « au moins, AMD n'essaie pas de vous entuber en bridant ses produits non destinés aux serveurs ».

L’informaticien donne comme exemple emblématique celui de la prise en charge de la mémoire ECC (Error-Correcting Code memory) par les Ryzen. Ces derniers sont en effet compatibles, officieusement, avec ce type de mémoire vive. La fonctionnalité ECC permet de détecter et corriger la corruption de données : elle s’avère indispensable pour réaliser certains calculs.

Or, Torvalds démonte l’idée selon laquelle la « DRAM moderne est si fiable qu'elle n'a pas besoin d'ECC ». Pour lui, c’est « une histoire à dormir debout ». Il précise : « Nous avons des décennies de kernel oopsies aléatoires qui pourraient ne jamais être expliquées. Elles étaient probablement dues à une mauvaise mémoire ».

Là où les choses se gâtent pour Intel, c’est qu’il estime que la société est en partie responsable de la faible disponibilité de la mémoire EEC : « Intel a porté préjudice à l'ensemble de l'industrie et aux utilisateurs en raison de ses mauvaises politiques [concernant] l'ECC. Sérieusement ».

Les autres, coupables ? Les fabricants de mémoires, accusés – pour faire court et courtois – « de vendre du matériel défectueux aux consommateurs ».

Torvalds concède que la mémoire ECC est sa marotte depuis deux décennies. Il conclut : « Je ne veux pas dire « j'avais raison ». Je veux que ça soit réglé et je veux de l’ECC. [AMD] l'a fait. Intel non ».

Enfin apaisé, l’informaticien confie être maintenant « très heureux avec AMD ». Pourtant, l’idylle avait mal débuté. Il assure qu’il « méprisait les horribles cœurs Bulldozer ». Il estime que les ingénieurs de chez AMD « ont fait un coup de maître avec leur série Ryzen et leur approche de type chiplet ».

Source : Zdnet