Au cœur d'un imbroglio entre les gouvernement américain et chinois, Intel ne semble plus savoir sur quel pied danser.
La situation de la population ouïgoure est à l'origine d'une recrudescence des tensions entre la Chine et les États-Unis. Mi-décembre, ces derniers ont adopté une loi interdisant purement et simplement l'importation de tous les produits fabriqués au Xinjiang.
La question des Ouïgours
L'objectif de cette loi est de faire pression sur le gouvernement de Pékin alors que la question des Ouïgours fait plus que jamais débat. Province du nord-ouest de la Chine, le Xinjiang est peuplé d'à près 50 % de Ouïgours. Une large partie de cette population serait toutefois soumise à d'importantes discriminations depuis bientôt vingt ans.
À en croire certaines ONG, plus d'un million de Ouïgours seraient même placés dans des camps d'internement. Bien que démenti par Pékin, le travail forcé des Ouïgours y serait très largement développé, et c'est officiellement pour manifester sa désapprobation que le Parlement américain a voté cette loi.
Nouvelles lois américaines
En toute logique, plusieurs sociétés américaines ont été contraintes de revoir leurs approvisionnements. Dans le cas d'Intel, il est question d'un courrier envoyé à ses principaux partenaires, de sorte que « sa chaîne d'approvisionnement n'utilise pas de main-d'œuvre ou ne s'approvisionne pas en biens ou services dans la région du Xinjiang ».
La décision de l'entreprise américaine n'a pas manqué de faire réagir en Chine. The Guardian relaie notamment la publication du Global Times, un tabloid tenu par le Parti communiste qui qualifie « d'absurde » la décision d'Intel, en soulignant que l'Américain ne faisait que « mordre la main qui le nourrit » alors qu'il a réalisé 26 % de ses revenus en Chine en 2020.
Sur les réseaux sociaux, et notamment Weibo, de multiples commentaires sont venus critiquer le courrier d'Intel, et le chanteur Karry Wang a fait savoir qu'il abandonnait son rôle d'ambassadeur pour la marque en Chine. Il a ajouté un message patriotique à sa décision : « Les intérêts nationaux surpassent tout. »
Un bannissement qui se poursuit ?
Intel a rapidement réagi à cette pression et a présenté ses excuses pour avoir appliqué cette directive. L'entreprise américaine a souligné que son seul objectif était de se mettre en conformité avec les lois américaines. Elle précise aussi que le bannissement des produits du Xinjiang ne représente pas le point de vue de la société.
« Nous présentons nos excuses pour le désarroi causé à nos estimés clients chinois, nos partenaires et le grand public », a publié Intel dans un communiqué largement diffusé. Ce communiqué ne conclut cependant pas sur le devenir du bannissement mis en place par Intel.
Au travers d'une autre déclaration qui a été transmise à l'AFP, Intel a effectivement assuré qu'il entendait respecter les lois américaines : « Nous continuerons de veiller à ce que notre approvisionnement mondial soit conforme aux lois et réglementations applicables aux États-Unis et dans les autres juridictions où nous avons des activités. » Affaire à suivre…
Sources : The Guardian, TechPowerUp